Objets et feuillages
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Le monde des objets et celui des éléments végétaux se rencontrent également sous les corniches...

** Modillons à motifs géométriques.




Billettes.
Eglise de Saint-Léger-lès Melle (
Saint - Léger de la Martinière depuis 1972 ),
Deux-Sèvres, XIIe siècle.



Jeux de lumière et d'ombre obtenus par la juxtaposition de rangées contrariées
de cubes en saillie et en creux.
Eglise Saint - Hilaire,
Melle, Deux-Sèvres, fin XIe - début XIIe siècles.
( Classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO comme étape
des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle).



Billettes et pointes de diamant.
Eglise de Saint-Léger-lès Melle (
Saint - Léger de la Martinière depuis 1972 ), Deux-Sèvres, XII e siècle.



Motifs décoratifs de la corniche du chevet.
Saint - Savinien, église la plus ancienne et la plus petite de
Melle,
Deux-Sèvres, à partir du XI e siècle.



Quelques motifs du feston de modillons variés, aux motifs principalement géométriques ( croix, étoile ),
qui décore la façade de l'abbaye royale de
Nieul-sur-l'Autise, Vendée.



Quelques motifs du feston de modillons variés, aux motifs principalement géométriques
( damiers, billettes alternées ), qui orne la façade de l'abbaye royale de
Nieul-sur-l'Autise, Vendée.



Billettes et ruban torsadé.
Eglise Saint-Gilles, Argenton-Château, Deux-Sèvres, XIIe siècle.



Jeu de torsades.
Eglise de Saint-Léger-lès -Melle ( Saint - Léger de la Martinière depuis 1972 ),
Deux-Sèvres, XII e siècle.



A la différence de la tradition poitevine, une guirlande de modillons à copeaux
borde souvent les différents pans des toitures des édifices romans auvergnats,
comme ici à l'ancienne abbatiale
Saint-Austremoine d'Issoire, Puy-de-Dôme, XII e siècle.
Les bâtisseurs montrent un savoir-faire tenant compte de la nature des pierres à leur disposition.



Modillons à la mode auvergnate.
Les
modillons à copeaux sont ainsi nommés parce que leur facture évoque
les fragments de bois produits par les varlopes et rabots des menuisiers.
Eglise de
Saint-Saturnin, Puy-de-Dôme, XII e siècle.


** Modillons à feuillages et à motifs floraux.



Décors floraux.

Eglise Saint - Hilaire, Melle, Deux-Sèvres, fin XI e - début XII e siècles.
( Classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO comme étape
des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle).



Ornementations florales.
Saint - Savinien, église la plus ancienne et la plus petite de
Melle,
Deux-Sèvres, à partir du XI e siècle.



Feuille, mur extérieur de la nef.
Ancienne abbaye des Fontenelles, fondée en 1210,
près de La Roche-sur-Yon, Vendée



Fleur stylisée.
Ancienne église
Saint-Germain, Poitiers, Vienne, fin XII e siècle.

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Feuillages.
Eglise Saint - Hilaire, Melle, Deux-Sèvres, fin XI e - début XII e siècles.
( Classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO comme étape
des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle).



Composition végétale.
Ancienne abbaye de
Nouaillé-Maupertuis, Vienne, du XI e au XVIII e siècles.



Variation autour d'un thème.
( Les motifs des modillons peuvent apparaître fortement retouchés...)
Saint - Savinien, église la plus ancienne et la plus petite de Melle,
Deux-Sèvres, à partir du XI e siècle.



Variation autour d'un thème.
Eglise Saint - Hilaire,
Melle, Deux-Sèvres, fin XIe - début XIIe siècles.
( Classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO comme étape
des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle).

** Modillons représentant des objets d'usage courant.





Modillon à la cloche ?
Ancienne église priorale Saint-Nicolas de
Civray, Vienne, dernier tiers du XII e siècle.



Pichet.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas de
Civray, Vienne,
dernier tiers du XII e siècle.



Moule et barril.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas de
Civray,
Vienne, dernier tiers du XIIe siècle.



Modillon au barril.
Eglise d'
Orsonnette, Puy-de-Dôme, XIIe siècle.



Tonnelet.
Eglise Notre-Dame de Clussais-la-Pommeraie, Deux-Sèvres, XII et XIIIe siècles.


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Au final, une interrogation peut être formulée : à l'époque romane, les ornements,
par-delà leur valeur décorative, avaient-ils aussi une dimension éducative ?

En ce qui concerne les ornements géométriques, ou les objets d'usage courants,
la réponse est sans doute assez simple : il ne convient pas de leur attribuer de sens caché.

Dans ce foisonnement de motifs sculptés où alternent masques humains, figures animales,
monstres et objets, il est impossible d'établir la dimension symbolique qui unirait l'ensemble
des modillons d'une corniche in situ. On ne peut pas parler de projet symbolique défini.
En revanche, il semble que la présence de certains modillons, considérés séparément,
ne soit pas fortuite. Ils peuvent cacher un message, revêtir une dimension symbolique.
Il en est ainsi, on l'a vu ci-dessus, à propos du pain eucharistique ; il en est de même, en ce qui concerne
les allusions aux péchés capitaux ( le cas de l'avarice, par exemple ), ou pour certaines représentations
monstrueuses ( la passion dévorante ) ou animales ( notamment, les poissons ).

A l'époque romane l'église, havre de paix et de salut, était largement considérée comme environnée
par des forces menaçantes ; il n'est donc pas surprenant qu'au-delà de la truculence et de la dimension
décorative de la plupart des modillons, il y en ait certains qui, à l'instar des chapiteaux,
puissent évoquer directement ou indirectement les thèmes du Péché, du Mal ou du châtiment.


D'une façon générale
la mémoire des pierres exprime comment
une partie de l'humanité s'est un temps définie avec ses problèmes, sa façon
de voir et ses tentatives de se perfectionner elle-même ainsi que le monde dans lequel
elle se situait. Ce qu'elle relate de l'homme, recevable ou critiquable dans un autre contexte
spatio-temporel, reste une manière de dire l'homme à l'homme, en ce sens qu'elle révèle
quelque chose d'itinéraires humains à d'autres hommes. L'art dévoile, par là-même le tréfonds
de l'homme avec ses interrogations et ses réponses dans sa recherche du bonheur, de sa quête de lui-même et du divin.