Paroles de l’intérieur de l’institution :
pour une pastorale des commencements et une pédagogie du cheminement
Mgr Claude Dagens
de l’Académie française
« On a parfois trop facilement invoqué l’ouverture au monde comme le seul programme des réformes nécessaires à l’Eglise. Soyons clairs et chrétiens : c’est à l’ouverture de Dieu au monde, à travers le Christ, que nous sommes d’aborFils, ce grand passage qui conduit de ce monde au Père, à travers des détresses, des luttes, des abandons, et aussi des conversions et des renouvellements effectifs. » ( p. 80 )
« Même si elle est pauvre et fragile, l’Eglise existe pour en témoigner. Elle ne peut donc jamais se résigner à survivre, en se lamentant sur ce qui entrave sa mission. Elle est sans cesse appelée à être du côté de ce qui commence et de ce qui chemine, comme dans l’Evangile, comme dans les Actes des apôtres. C’est cet engagement-là qu’il s’agit de mettre en oeuvre plus résolument et plus solidairement, avec la force de l’Esprit-Saint. » (p. 82 )
« Ce dont nous avons besoin, c’est d’une véritable solidarité dans la conscience des défis que nous avona à affronter, de sorte que, quelles que soient les réformes ztructurelles que nous mettions en oeuvre, nous nous sachions portés par un élan commun, ou plutôt par la certitude de vivre le mystère et la mission de l’Eglise sous le signe de ce qui commence et de ce qui chemine, et non pas seulement de ce qui survit ou qui devrait être maintenu à tout prix » ( p. 85 )
« ... si l’Eglise vient de Dieu, il est normal qu’elle vive de ce que Dieu lui donne. Et c’est alors à nous, non pas de renoncer à toute réforme de structure, mais d’accompagner ce travail de réforme d’une attention extrême à ce qui, dans l’organisation de l’Eglise, porte la marque de Dieu et de ses dons.
C’est pour cela que nous avons un besoin urgent d’apmprendre à pratiquer de façon beaucoup plus consciente et solidaire la pastorale des commencements et la pédagogie du cheminement. C e ne sont pas des recettes. Ce sont de véritables conversions à partir desquelles l’Esprit-Saint nous suggérera, s’il le faut et s’il le veut, les réformes de structures nécessaires.» ( p. 86 )
Extrait de Claude Dagens " Méditation sur l’Eglise catholique en France : libre et présente ", Paris, Editions du Cerf, 2008.
L’auteur est conscient que l’Eglise catholique qui est en France n’est plus arrogante et dominatrice, mais servante et pauvre. Il part de l’idée que libre et présente elle peut témoigner, auprès de ceux et celles qui ne partagent pas la foi qu’elle professe, de l’espérance qu’elle porte en elle. C’est dire que l’Eglise ne doit pas se laisser seulement instrumentaliser en se laissant réduire au seul rôle culturel, politique ou social que dans certaines circonstances on pourrait lui demander de jouer. S’il n’est plus en mesure d’afficher sa supériorité ni méconnaître les autres traditions, le catholicisme doit adopter une attitude de proposition à l’égard de la société laïque et plurireligieuse. Pour répondre véritablement à sa vocation chrétienne l’Eglise ne doit pas se limiter aux seules données de la sociologie et de l’histoire, mais elle doit avant tout partir des exigences mêmes du Christ à l’égard de ses disciples. En d’autres termes, c’est une logique d’ouverture de Dieu au monde à travers le Christ qui doit l’animer. Il ne s’agit donc pas seulement de se préoccuper de ce qui survit ou de ce qui devrait être absolument maintenu en pratiquant une pastorale d’accompagnement et d’entretien.Il s’agit aussi de pratiquer une pastorale des commencements et une pédagogie du cheminement ( catéchuménat des adultes, groupes d’enfants et de jeunes en état d’attente, blessés de la vie, oubliés de la société, coeurs en attente de l’Amour de Dieu )...En bref, la vocation de l’Eglise consiste à ouvrir dans le monde les chemins de la rencontre de Dieu. Finalement, « l’Eglise doit accepter d’être, comme le Christ, celle qui n’est pas comprise dans sa vérité profonde, mais qui ne désespère jamais de ceux et celles près desquels elle chemine. Et qui va apprendre aussi à se laisser renouveler par ces hommes et femmes qui attendent des signes de Dieu.» ( p. 102 )