CHEMINS D’ESPERANCE EN TERRE CHRETIENNE


" Le monde est enchanteur, et il est dérisoire. S'il n'y a rien d'autre que le monde, le monde est absurde et il n'a aucun sens. S'il y a autre chose que le monde, le monde ne peut prêter qu'à pleurer ou à rire. J'imagine que, de là-haut, l'Eternel nous regarde et qu'il nous prend en pitié. Jetons-nous dans la mer, bénissons le Soleil, courons dans la montagne, épuisons notre vie qui nous vient on ne sait d'où et jouons à la balle sur les bords du néant et de l'éternité. "

Extrait de Jean d'Ormesson " Le rapport Gabriel ", Paris, Gallimard, 1999,p. 247.


C’est avec la «  société consommatoire » que s’affirme le passage d’un type de consommation orchestrée par le ménage et les habitudes de classes à un type de consommation ordonnée par l’hédonisme individuel et la distanciation des agents vis-à-vis des normes et référents collectifs jusque-là structurants.
Sur fond d’affaiblissement des capacités organisatrices des institutions religieuses, la tendance de fond est à l’individualisation du croire. Ce n’est pas tant le caractère de vérité absolue de la croyance religieuse traditionnellement considérée qui dans certaines sphères fait la valeur de la religion mais la vertu qui lui est reconnue de pouvoir favoriser le mieux-être personnel, l’harmonie intérieure. Le «  retour »  d’une forme croissante du religieux se trouve marquée par certaines des caractéristiques mêmes de la société de consommation généralisée : fonctionnement de type libre-service, prévalence attribuée au mieux-être subjectif.
La fin du XXe siècle aura été marquée par le reflux des grandes grandes croyances collectives et la montée de l'individualisme.
Les rapports au monde changent ; le champ religieux se transforme dans une société en mouvement. Sur une toile de fond d'indifférence, il arrive que les questions majeures de notre présence au monde - vie, mort - continuent à apparaître comme un appel de sens.
La sortie de la société dite de chrétienté ne signifie pas pour autant la fin du croire contemporain, mais nous assistons à l'affaiblissement de la fonction religieuse régulatrice et organisatrice de l'espace social. L'entrée dans le XXI e siècle signifie un nouvel âge marqué par le pluralisme religieux.
Au total, le christianisme se heurte à notre époque à deux tendances de sens opposés : d'une part, un mouvement fort de sécularisation de la société, de l'autre, une dérégulation des croyances et un foisonnement pluriel du religieux.
Sur un fond d'incroyances massives et face aux formes vagues de religiosité à la mode ou confronté aux autres religions établies, le christianisme n'est plus le seul pôle autour duquel s'effectue en France la recherche spirituelle. Se réclamer du christianisme et emprunter un des chemins menant au Tout Autre résultera moins dorénavant du conformisme social que d’une démarche délibérée personnelle. Encore plus que d’autres institutions sociales et religieuses l’Eglise a des difficultés à s’adapter à la quête individuelle si marquée du temps présent.

Se dire chrétien c’est accepter de bâtir sa vie sur une perspective qui peut paraître étrange à nombre de nos contemporains.