Aventure humaine, ordre des choses
et temps qui passe.


Depuis la nuit des temps une question hante les hommes : qui sommes nous et où allons nous, en bref quel est le sens de la vie ? La société contemporaine ne traverse-t-elle pas une crise du sens ? Certes la plupart des gens prennent l’existence comme elle va ; en d’autres termes, leur modèle de vie leur permet de faire le plus souvent l’économie de l’interrogation existentielle. Toutefois la drogue, le mal être, la violence, la corruption ne sont-ils pas des indices d’un malaise plus profond ? Ne convient-il pas d’y voir les signes d’un appel de sens ?
Notre époque est marquée par le
manque de repères pour baliser le chemin de l’existence : reflux des grandes croyances collectives et la montée de l’individualisme. Après l’affaiblissement des religions révélées, après l’émergence et l’effacement du messianisme de statut terrestre qu’était le marxisme, et compte tenu des avancées de la technoscience, la vieille question du sens de l’existence ne trouve plus véritablement d’espace où s’exposer globalement. Les interrogations premières sur le sens des choses et sur les fins dernières sont de plus en plus réservées à l’intimité de la conscience individuelle.
L’homme marche sur une route incertaine, harcelé par le doute, un halo de mystère entourant sa destination finale et c’est difficilement soutenable.

Mais comment peut-on commencer à réfléchir à une question aussi vaste que la crise contemporaine du sens ? Cela nécessiterait de lourdes investigations dans des spécialités différentes. Faire le point sur la traversée de la vie dans un monde connaissant des bouleversements d’ordre scientifique, technique, économique, social, culturel, religieux suppose l’adoption d’une perspective transdisciplinaire.

Les interrogations sur le sens de la vie menées ici entendent modestement préparer la route en présentant des parcours et des paroles de vie sous forme de morceaux choisis ; il est bien entendu que seule l'étude directe des travaux de ces chercheurs peut en restituer intégralement la saveur. C'est donc tout naturellement que nous déclarons notre dette aux auteurs dont les oeuvres ont été notre guide.
Ce site se veut une humble
médiation entre les voix autorisées, dont nous avons retenu certaines paroles, et l’homme ordinaire. S’il paraît difficile de dégager un sens universel qui s’impose à tous, ce travail, à tout le moins par les balises plurielles que posent les matériaux que sont les extraits des oeuvres rassemblées, espère rendre service aux lecteurs internautes en recherche. A chacune, à chacun de se situer.
Les cheminements venus d’horizons très divers montrent que la question du sens peut se poser de manières bien différentes.




Jadis, lorsqu'un vaisseau s'approchait de côtes inhospitalières pour un atterrissage par médiocre visibilté, ou lorsqu'il progressait dans une passe délicate, un homme d'équipage tentait, à l'aide d'une sonde, de mesurer la hauteur des fonds marins afin de mettre en évidence une voie navigable

** Aubes lointaines, aubes incertaines.
En ce qui concerne les périodes lointaines et la découverte de l'univers les travaux des scientifiques actuels procèdent un peu de la même manière. A défaut d'un film continu, ils font jaillir des rayons de lumière qui nous permettent d'avancer dans la connaissance de l'histoire de l'univers et de l'homme.
Le besoin de comprendre semble être un des ferments de la créativité humaine. On le voit avec les travaux se rapportant à « la plus belle histoire du monde » et à la « plus belle histoire de l’homme.»
Cela est vrai tout autant au niveau littéraire, philosophique ou des sciences de la société en général. Les interrogations fondamentales sur le sens de la vie se manifestent tant au niveau de l'individu singulier qu'au plan d'une réalité plus globale.
** Le temps passe et l’homme avec !
Pour l’homme le propre de la vie est de tendre vers un but, d’accomplir son projet existentiel. Ce qui fait la valeur d’une existence c’est sa tension permanente vers un à-venir, vers un en-avant dont elle reçoit son sens. La vie c’est cela : des gens qui attendent quelque chose de l’existence, d’autres qui se heurtent frontalement à un mur qui bouche, sans espoir d’éclaircie, l’horizon. La vie de l’être humain c’est avant tout le temps qui passe inexorablement, c’est-à-dire des années qui succèdent aux années, obscurcies par la brume de la routine quotidienne, pimentées par les percées lumineuses que sont les rares moments de bonheur. La barque de l’existence demeure soumise aux aléas du temps.
** Le temps passe et le monde se transforme !
Les équilibres se rompent, de nouveaux équilibres s’instaurent qui à leur tour laisseront place à d’autres ? Ainsi, la phase actuelle du capitalisme peut être perçue comme le moment où toutes les sphères de la vie sociale et individuelle ont tendance à être réordonnées suivant les principes de l’ordre consumériste. Les sirènes de la marchandise ont tendance à l’emporter fréquemment sur les considérations culturelles et idéologiques structurelles jusqu’ici prévalentes dans nos modes de vie. Même les territoires du sens n’en sortent pas indemnes. C’est dire que les rapports marchands touchent de nouvelles dimensions de la vie, de même qu’elles gagnent parallèlement de nouvelles régions du monde. La société consumériste globalisée devient de plus en plus l’horizon de nos vies.


Comment situer la période moderne et contemporaine dans l’histoire longue ? Des spécialistes d’horizons différents ont tenté de situer la modernité dans une perspective historique très large. L’époque contemporaine est marquée par la «  déliaison » entre ciel et terre, ordres de réalités traditionnellement conjoints. A la faveur de cette déliaison s’instaure la constitution pratique d’un ordre humain autonome. Mais l’autonomie en tant que telle ne donne pas une entité sociétale directement en possession de son sens ; le sens ne sera que le résultat de la délibération de la société sur elle-même. La question des fins et du sens ultime du monde humain est laissée ouverte par la constitution pratique d’un ordre de l’autonomie humaine.
Alors, pour vivre l'aventure de l'existence, les hommes doivent-ils s'en tenir au seul horizon du monde ?
Oui, répondraient ceux qui font le pari, pour nos temps démocratiques, d'une forme laïque de
spiritualité ancrée dans l'humain et non plus dans un dogmatique et lointain ailleurs.

Mais pour qui ne se reconnaît pas seulement enfant de la nature, la question du sens demeure encore canalisée par la
référence à plus haut que le seul horizon du monde.



d’où les cinq pistes de réflexion balisant le cheminement proposé :

* Parcours lointains : témoignages de Hubert REEVES et d’André LANGANEY
* Routes humaines au XXe siècle, aspects de la modernité
: témoignages de Marcel GAUCHET, Frédéric LENOIR, Gilles LIPOVETSKY
* Le grand passage : témoignages de Jacques SCHLANGER, Jean d’ORMESSON, Michel SERRES, Noëlle CHÂTELET
* Des voies d’avenir : Erik ORSENNA et Jean-Marie ROUART, Albert JACQUART, Jacqus ATTALI, Georges CHARPAK et Roland OMNES, Luc FERRY
*
Itinéraires de foi : Jean-Claude GUILLEBAUD, Oscar Rodriguez MARADIAGA, Godfried DANNEELS, Timothy RADCLIFFE, Paul VALADIER, Jean DELUMEAU, Claude DAGENS