Un ensemble monastique de charme en Bas-Poitou :
l'abbaye royale de Nieul-sur-l'Autise.
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Il reste peu de choses d'une première église remontant à la fin du XIe siècle.Une nouvelle a été bâtie dans la première moitié du XIIe siècle. Les bâtiments vont être mis à mal par les Guerres de Religion ; ils seront relevés dans la première moitié du XVIIe siècle avant d'être vendus comme biens nationaux en 1791, mis à part l'église, devenue paroissiale.
L'abbaye vue du jardin des simples.
L'esthétisme de la façade fut malheureusement mis à mal par l'ajout d'un clocher
lors d'une radicale campagne de restauration au XIXe siècle qui vit notamment la reconstruction des trois absides,
des voûtes centrale et latérale nord ainsi que la réparation du transept.
La façade comporte deux niveaux ayant chacun trois arcades.
L'espace entre les deux séries d'arcades est constitué de carrelages.
Une frise à entrelacs court tout au long de la façade séparant le rez-de-chaussée de l'étage.
Le portail central est souligné par des " têtes de chat " aux yeux globuleux et aux arcades saillantes.
Les archivoltes du portail central sont supportées par des chapiteaux représentant les sept péchés capitaux
( beauté de l'ornementation et signification sont associées ). De la gauche vers la droite on trouve :
** L'avarice : un personnage avec des sacs de monnaie qu'il paraît cueillir sur une représentation végétale.
** La paresse évoquée par deux hommes en position semi-allongée s!ur des feuillages.
** La jalousie : Caïn armé d'un bâton tue Abel étendu sur un rameau.
** L'orgueil représenté par des paons.
** Deux personnages armés s'emportent contre un animal : la colère.
** La gourmandise. : le serpent encadré par Adam debout le bras devant lui et Eve à droite cachant son sexe.
** La luxure : une femme, étendue sur un lit, semble attirer par son vêtement un homme une main sur un feuillage.
Sur la seconde face très érodée l'homme tente de s'échapper en abandonnant le vêtement que la femme toujours étendue avait saisi.
L'arc aveugle latéral gauche présente également de beaux chapiteaux.
Des oiseaux affrontés dans une barque (le bateau symbolise la traversée de la vie, le passage d'un état à l'autre : évocation du voyage funéraire de l'âme ).
Des centaures-sagittaires évoquant la bête dans l'homme ( en tirant une flèche vers un animal, c'est la primauté de l'esprit sur la chair qui est sous-entendue).
... et aussi des lions à grande crinière affrontés si fréquemment sculptés en Poitou...
... ainsi que des quadrupèdes fabuleux ailés.
La fenêtre axiale du premier étage possède une belle voussure,
ornée de motifs géométriques, reposant sur des chapiteaux sculptés.
A gauche, des chats affrontés ( évocation de la nuit ? ) et
des bêtes à corps de coq et à la queue de serpent ( basilics représentations du mal ? ).
L'haleine ou le regard du basilic provoque la mort de l'homme qui s'en approche sans l'avoir repéré.
Si on lui tend un miroir, le basilic tourne contre lui son haleine ou son regard ; il est alors maîtrisé.
Entre autres représentations, il évoque la mort qui s'empare par surprise de celui qui ne s'y est pas préparé.
A droite, un personnage tient un oiseau luttant contre un lion ( évocation du combat de l'homme et de la bête ? ) et des hommes chevauchant des quadrupèdes.
Animaux et feuillages ornant un autre chapiteau extérieur droit.
Les piliers nord de l'église ont une inclinaison vers l'extérieur plus accentuée que ceux du sud ;
l'écart séparant le bas et le haut des piles entourant la statue à droite est révélateur.
Ce phénomène, sans doute délibéré pour donner de l'ampleur à la nef, a été amplifié par l'effondrement
de la toiture, suite à l'incendie de 1568.
Le cloître : espace de silence dévolue à la vie communautaire.
Intact et dessinant un carré parfait, ce cloître est l'unique specimen complet entièrement roman du Poitou.
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Le cloître, coeur du monastère ; toutes les salles sont ordonnées autour de cet espace.
Ici, galerie nord adossée à l'église.
Chaque face comporte cinq travées séparées par des colonnes jumelles ; les lignes sont robustes et sobres.
La cour intérieure du cloître avec son puits décentré.
Les contreforts assurent la solidité de l'ouvrage ; sur la droite on remarque un des trois arcs-boutants ajoutés au XVIIe siècle
pour empêcher le déversement du mur sud de l'église.
Arcs brisés du cloître ; les chapiteaux ne sont pas historiés ;
de simples feuilles plates d'où se dégagent de courtes volutes
tiennent lieu d'ornementation.
Rien ne peut détourner le moine de sa méditation des Ecritures.
Jeux d'ombres et de lumières sur le cloître et la salle capitulaire revoûtée en 1646 ( galerie est ).
A l'angle des galeries est et sud et jouxtant la salle capitulaire l'étroit passage aux champs
et la chapelle voûtée des Chabot aménagée à l'emplacement de l'ancien chauffoir,
( seule pièce chauffée commune de l'abbaye à posséder une cheminée ).
Dans la galerie sud le lavabo des moines ( XIIIe siècle ) aménagé dans l'épaisseur du mur
à gauche de la porte conduisant au réfectoire.
Ses chapiteaux sont décorés d'oiseaux et de sagittaires comme ceux de la façade.
Vestiges du mur intérieur nord du réfectoire.