Scènes parodiques
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Composition dite de «  l’âne au lutrin ». En fait, les animaux représentés sont difficilement identifiables. On pourrait peut-être voir un bouc ou un bélier en aube et chasuble chantant devant un missel que lui tient un autre animal ( âne, loup ? ).
Eglise Saint-Pierre, XIIe siècle,
AULNAY-DE-SAINTONGE ( Charente-Maritime ).



Démon au ciboire.
Eglise prieurale Notre-Dame, XIIe siècle,
CUNAULT ( Maine-et-Loire ).



Démon au pain consacré.
Eglise prieurale Notre-Dame, XIIe siècle, CUNAULT ( Maine-et-Loire ).




Un âne semble manger une hostie.
Ne sommes-nous pas devant une classique représentation de l'âne semble mangeant une hostie ? On serait alors en présence d'une évocation d'un texte où saint Paul parle de celui qui mangerait le pain eucharistique sans y reconnaître le corps du Christ ? " Cet homme qui communierait sans savoir ce qu'il fait, serait alors semblable à un âne qui mangerait l'hostie ".
Eglise de
MARNAY, XIIe siècle ( Vienne ).



Hostie mangée par un âne : une représentation du sacrilège du sacrement.
Coursière supportée par une corniche ( XIIIe siècle ), Eglise Sainte-Radegonde,
POITIERS ( Vienne ).



Une autre évocation du sacrilège du sacrement.
Eglise Saint-Trojan, XIIe siècle,
RETAUD ( Charente-Maritime ).


Une autre version de l'âne et de l'hostie.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas, XIIe siècle, CIVRAY ( Vienne ).


AUn être monstrueux croque un pain consacré tout en écartant les cuisses exposant ainsi sa virilité.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas, XIIe siècle, CIVRAY ( Vienne ).



Un personnage féminin aux longues tresses montre deux hosties de grande dimension. Qu’a voulu nous dire l’imagier ? Composition blasphématoire ou la femme symbolise -t-elle l’Eglise institutionnelle ?
Eglise Notre-Dame, XIIe siècle,
DAMPIERRE-SUR-BOUTONNE ( Charente-Maritime ).




Est-ce également une hostie que mange cet être cornu?
On serait alors devant une autre représentation du sacrilège du sacrement.
Corniche sud de l'église Notre-Dame, XIIe siècle,
LA PEYRATTE ( Deux-Sèvres ).


Métope de la corniche de la façade : homme barbu, tenant une crosse d'une main et relevant ses habits de l'autre. Quelle signification faut-il voir dans ce personnage exhibant fesses et parties génitales ? Est-ce une dénonciation de la sexualité d'un évêque ? Cette représentation remplit à n'en pas douter une fonction de marges...
Eglise Saint-André, XIIe siècle, RUFFEC ( Charente ).

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Un modillon à structure complexe qui peut présenter une dimension parodique :
Modillon d'une collection particulière ( G. PINCZON ) :
ancienne église de VENSAT, XI-XIIe siècles ( Puy-de-Dôme ).



Une face de ce modillon pourrait évoquer la dure quotidienneté des hommes...: atlante et transporteur de pierre.




Que pourrait symboliser
la deuxième face de ce modillon historié constitué, à l'instar de la face précédente, de deux parties ?



Détail 1. Un personnage dépourvu de jambes tient ce qui pourrait-être un pain consacré ; mais celui-ci pourrait-être également saisi en tant que roue du chariot du transporteur de pierre ( présentant l'aspect d'un singe de ce côté-ci du modillon ...)



Détail 2 redressé. Sur cette face du modillon c'est un personnage simiesque qui tire le chariot...

Ne serait-on pas en présence d'une scène parodique, mais quel peut en être le sens ?
Comme on l'a vu ci-dessus on rencontre dans l'art roman des animaux - âne, renard ... - mangeant une hostie ; ces sculptures conduisent à penser à des profanations du pain eucharistique, autrement dit à des représentations du sacrilège du sacrement.
Mais dans le cadre de ce modillon, si l'on est bien en présence d'une représentation sur le mode parodique, ce qu'avait réellement à l'esprit l'imagier demeure largement caché ...
A défaut de retrouver le sens plénier de cette remarquable évocation sculptée on peut s'accorder au moins sur la force expressive de l'oeuvre...


Ane à l'encensoir.
Façade de l'ancienne abbatiale de Murbach, Haut-Rhin.