I. CLE DE LECTURE 1 : DES IMAGES D’INSPIRATION
EXPLICITEMENT RELIGIEUSE.
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Des images éducatives pour des populations majoritairement illettrées ornent les façades, tympans, chapiteaux, bas-reliefs et sarcophages des églises. Les Saintes Ecritures sont la source des demandes commanditaires et de l’inspiration des artistes.
A - Evocations de scènes bibliques sur les FACADES, TYMPANS ET PORTAILS.
Les façades, les tympans, les voussures des portails constituent, dans la culture de l'époque, de véritables livres d'images décoratives et édifiantes.
** Sur les façades.
On peut prendre comme exemple Notre-Dame la Grande de Poitiers ( 86 ). Bâtie au XIe siècle elle fut dotée au XIIe siècle d'une façade sculptée qui a fait sa célébrité.
Son programme iconographique réside en la proclamation du message chrétien. Il commence par une frise retraçant le mystère de l'Incarnation.
C’est d’abord Adam et Eve, de part et d’autre du pommier où s’enroule un serpent.
Ensuite, Daniel, Jérémie, Isaïe et Moïse, rouleau de texte ou livre en mains, annoncent le salut.
L'Annonciation : l'ange salue Marie.
La Visitation ; une des deux cousines pose la main sur le ventre de l'autre afin de constater son état.
Toutes deux sont accompagnées de suivantes.
La scène de la Nativité ; Marie, allongée, tend le bras vers un berceau d’osier où repose l’Enfant.
Le Bain de l’Enfant dans une cuve en forme de calice tandis que Joseph semble songeur.
La progression se poursuit avec la grande aventure du salut.
Deux rangées de petites arcatures abritent les douze apôtres et deux évêques, assis au rang inférieur, debout au rang supérieur.
Saint-Pierre est reconnaissable par la clé qu’il tient.
C’est le temps des hommes et de l’Eglise qui est évoqué.
La façade comporte au-dessus un fronton orné d'une mandorle finement ciselée.
Le Christ en majesté entouré du tétramorphe.
La mandorle, appelée aussi gloire, entoure l'image du Christ en majesté, victorieux par la résurrection.
Le Christ, debout devant sa croix, point final de la programmation iconographique. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes :
à gauche, Matthieu ( ange ) et Marc ( lion ); à droite, Jean ( aigle ) et Luc ( taureau ).
Au-dessus du Christ, le soleil et la lune, personnifiés par une palme radiée et un croissant, symbolisent l'éternité dont le Christ est le maître.
Notre-Dame-la-Grande, façade XIIe siècle, Poitiers ( 86 )
Au sommet de la façade le Christ en ascension, les mains ouvertes dans une attitude d'accueil, est entouré de deux anges dont la main gauche est tournée vers le ciel et la main droite est orientée vers la terre.
Eglise Saint-André, façade XIIe siècle, Ruffec ( 16 )
Gros plan sur l'ange de droite.
On discerne bien les index pointés vers le monde d'en haut et vers le monde d'en bas.
Eglise Saint-André, façade XIIe siècle, Ruffec ( 16 )
** Le tympan constitue un support de prédilection du répertoire sculpté.
Relativement à d’autres pays d’art roman, l’Auvergne se caractérise davantage par la belle ordonnance de ses chevets que par la décoration de ses façades et de ses portails. L’exception de Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand ne fait que confirmer la règle. On y fera donc référence ici.
Au tympan le Christ - mutilé -siège en majesté entouré de deux séraphins chantant sa louange.
Sous le Christ il ne reste que deux des quatre symboles des évangélistes ( le boeuf de Luc, le lion de Marc ).
Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand, XIIe siècle (63 )
Le linteau en bâtière évoque à gauche l’Adoration des Mages s’inclinant devant l’Enfant-Roi et Marie siégeant sur un trône.
La Présentation de Jésus au Temple et son Baptème dans le Jourdain occupent la partie droite du linteau.
Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand, XIIe siècle (63 )
Evocation du lavement des pieds des Apôtres par le Christ le Jeudi Saint.
Linteau en bâtière du XIIe siècle incorporé dans la façade de l’immeuble d’angle de la place des Gras à Clermont- Ferrand ( 63 )
Il appartenait à l’église saint-Pierre détruite à la Révolution.
Au tympan de la porte sud, évocation du repas chez Simon le pharisien.
Jésus nimbé est attablé avec deux disciples à sa gauche et avec Simon à sa droite.
Marie - Madeleine allongée au pied de la table, et tenant les pieds de Jésus dans ses mains, est montrée du doigt par Jésus et Simon.
Un masque glouton, à droite, et une fleur ( dont l'arôme pourrait rappeler le parfum versé sur les pieds de Jésus ), à gauche,
complètent la composition, par ailleurs assez naïve, comme en témoigne l'absence de perspective de la table.
Eglise Saint-Hilaire-la-Croix, fin XIIe siècle ( 63 )
Une rare représentation de la Nativité avec l'ensemble de l'âne et du boeuf veillant sur l'enfant Jésus au-dessus de Marie.
Tympan subsistant du portail de l'église de LA CHARITE-SUR-LOIRE ( Nièvre ).
Portail Sud de la basilique : l'Annonciation.
Basilique Sainte-Marie Madeleine, XIIe siècle, VEZELAY ( Yonne ).
Portail Sud : évocation de la Visitation.
Basilique Sainte-Marie Madeleine, XIIe siècle, VEZELAY ( Yonne ).
Portail Sud : scènes de la Nativité et de l'Annonce aux bergers.
Basilique Sainte-Marie Madeleine, XIIe siècle, VEZELAY ( Yonne ).
Portail Sud : l'Adoration des Mages.
Basilique Sainte-Marie Madeleine, XIIe siècle, VEZELAY ( Yonne ).
Le tympan du portail central de la basilique (1125-1130 ) comporte le Christ en gloire transmettant, à la Pentecôte, l'Esprit Saint aux Apôtres.
Basilique Sainte-Marie Madeleine, XIIe siècle, VEZELAY ( Yonne ).
L’agneau pascal.
Tympan de l’église de LICHERES, XIIe siècle ( Charente ).
Le Christ entouré des apôtres Pierre et Paul ; au premier il tend une clef, au second il donne un livre.
Tympan de l’église d'ANDLAU, XIIe siècle ( Bas-Rhin ).
** Les archivoltes des portails constituent un autre support du répertoire sculpté roman.
Les vieillards de l’Apocalypse.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas de Civray, XIIe siècle ( 86 )
Les vieillards de l’Apocalypse.
Chapiteau du porche. Cathédrale Saint Lazare, Autun, Saône-et-Loire.
La parabole des vierges sages représentant les élus avec leur lampe allumée ( à gauche de l’Epoux, figure du Christ )
et des vierges folles ( à droite )symbolisant les damnés avec leur lampe renversée.
Ancienne église priorale Saint-Nicolas de Civray, XIIe siècle ( 86 )
La fuite en Egypte : Joseph barbu porte sur l’épaule une besace et tient l’âne qui porte Marie.
Eglise de Vouvant, XIIe siècle, ( 85 )
Le massacre des Saints Innocents : Trois personnages : le soldat tue l'enfant nu devant sa mère en pleurs.
Abbaye aux Dames, XIIe siècle, SAINTES ( Charente-Maritime ).
Les évangélistes, représentés par leurs symboles, entourant l'Agneau pascal.
Linteau, église de SIGOLSHEIM, Haut-Rhin.