QUELQUES AUTRES EDIFICES PARTIELLEMENT ROMANS DE POITIERS.


** L'église abbatiale Saint-Jean-de-Montierneuf.
Dédié à Saint-Jean l'Evangéliste, ce moutier neuf par rapport au moutier vieux que constituait l'abbaye de Saint-Cyprien, fut fondé en 1069. L'essentiel du gros oeuvre fut réalisé entre 1069 et 1086. L'édifice a connu dévastations, pillages et effondrements répétés ;
par suite, de nombreux remaniements ont été effectués aux XIIIe et XVIIe siècles.



La silhouette générale de l'église, vue depuis le chemin des dunes aux Couronneries, montre bien son caractère composite : une base romane et une partie haute gothique.


Les masses romanes tout en rondeur du chevet tranchent sur la froideur du bras droit du transept. Après un effondrement au XIIIe siècle, les parties hautes du choeur furent reconstruites dans le style gothique avec des ars-boutants à double-volée.


Le clocher avait une base carrée présentant des arcatures. Au-dessus, des arcades formaient une cage circulaire flanquée de quatre clochetons cylindriques dont deux seulement subsistent aujourd'hui coiffés d'un couronnement à écailles comme à Notre-Dame-la-Grande.


Les contreforts-colonnes du chevet portent des chapiteaux sculptés.





Le collatéral sud. L'alignement des collatéraux et du déambulatoire offre une belle perspective.


Un choeur d'une grande clarté. L'architecture gothique prend appui sur des piles et arcades romanes. La voûte de la nef centrale a été abaissée en 1641-1644 après l'effondrement partiel du clocher.


Le déambulatoire dispose des chapiteaux sculptés les mieux datés du XIe siècle ( 1070-1074 ) en Poitou.



L'ornementation sculptée romane primitive de la partie centrale du choeur a largement disparu lors des restaurations radicales menées entre 1817 et 1822. Certains chapiteaux ont été refaits ; l'un d'eux est fameux, car il serait le plus ancien (1073/1074 )des chapiteaux romans connus représentant des éléphants. ( L' original est au musée Sainte-Croix).

** La cathédrale Saint-Pierre.
Plusieurs édifices ont été construits sur l'un des points les plus bas de la ville depuis le IVe siècle. Une cathédrale romane fut consacrée en 1025. La cathédrale gothique actuelle fut commencée en 1162 et consacrée en 1379. Elle surprend par l'ampleur de ses dimensions.




De style gothique angevin, l'édifice, mesurant plus de 90 mètres de long pour 36 mètres de large, reste imprégné de survivances romanes. Comme R. Oursel a pu le dire " la mesure romane survit plénière dans ces volumes dilatés, solidement plantés ".
C'est pourquoi la cathédrale est évoquée, ne serait-ce que brièvement, ici. Sa partie inférieure fut achevée à la moitié du XIII e siècle et les voûtes à la fin du XIIIe.



Le chevet plat de la cathédrale. est d'autant plus impressionnant qu'il est mis en valeur par la déclivité du sol. Sur un soubassement aveugle, trois baies en plein cintre ajourent l'étage médian ; l'étage supérieur arcaturé est dominé par un fronton triangulaire. ( Les poitevins ne manquent jamais de montrer aux visiteurs les points d'impacts de boulets de canon huguenots tirés du plateau des Dunes par l'artillerie du maréchal Coligny en 1569 ).


L'édifice est éclairé par des verrières en partie anciennes. Le vitrail de la Cruxifixion de la fin du XIIe siècle, situé dans la fenêtre centrale du chevet et récemment restauré, constitue le plus bel ornement du monument.
Le centre du vitrail est occuoé par le Christ sur la croix. A sa droite Marie et le porte-lance ; à sa gauche saint Jean et le porte-éponge. Au-dessous, on peut voir les saintes femmes au tombeau et le crucifiement de Pierre. Au-dessus, on distingue les apôtres les visages levés vers le Christ en gloire, figuré dans une mandorle.

** EgliseSaint-Porchaire.
De la construction primitive datée de 1068 ne subsiste que le clocher-porche ; l'église actuelle est du début du XVIe siècle.


Son clocher-porche constitue l'attrait majeur de l'église Saint-Porchaire.
On distingue trois étages d'arcatures et de baies au-dessus d'un grand arc en plein cintre servant d'entrée.





Les colonnes du portail supportent par l'intermédiaire de chapiteaux
des voussures en plein cintre moulurées de tores.


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Le chapiteau le plus à droite représente Daniel. Les lions, tirant la langue, paraissent lécher la mandorle contenant le prophète. A gauche, l'intervention divine se traduit par une main bénissante, tandis qu'à droite Habacuc apporte un repas à Daniel.
Le deuxième chapiteau, pourtant situé à gauche du portail, porte une inscription LEO-NES coupée par un arbre de vie. Le sculpteur manquant de place sur le premier chapiteau indique qu'il a complété ici sa représentation léonine.



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Les deux autres chapiteaux comportent encore des monstres à deux corps et à tête unique et des oiseaux buvant dans une coupe. Les chapiteaux historiés ne sont donc pas uniquement à l'intérieur des églises.


** Le baptistère Saint-Jean.
C'est le plus ancien monument chrétien de France encore en élévation. Afin de permettre le percement de la voie d'accès permettant de relier le centre-ville au Pont-Neuf, le baptistère fut longtemps promu à la démolition. En 1987, la configuration de la rue fut modifiée et le baptistère fut associé au musée Sainte-Croix, produisant ainsi une belle perspective.



Les parties les plus anciennes, l'abside et l'absidiole nord ne remontent pas au-delà de la fin du XIIe siècle. Les parties basses de l'édifice et sa piscine baptismale sont du IVe siècle. Le reste de la construction est essentiellement d'époque mérovingienne.



L'édifice connut encore des transformations à l'époque romane.



Les deux absidioles, jadis de plan carré, ont été transformées en absidioles semi-circulaires au milieu du XIXe siècle.



La trace des divers matériaux et reprises successives se lit sur les façades principales.



Un bel exemple de la corniche ( XII-XIIIe siècles) du Baptistère Saint-Jean..

**L'ancienne église Saint-Germain.
Depuis 1980, l'église a été aménagée en auditorium de musique annexe au Conservatoire régional.



Le clocher latéral Sud tronqué, à pente unique, est du XIIIe siècle.



Les parties les plus anciennes, l'abside et l'absidiole Nord, ne remontent pas au-delà de la fin du XIIe siècle.