L'église Saint-Sulpice est un des plus beaux petits monuments romans du département de la Vienne. Edifiée au début du XIIe siècle, elle constitue, par la nature du matériau ( le tuffeau ), une réalisation de transition entre le Poitou et la Touraine.
Simplicité et harmonie de la silhouette extérieure de cette petite église de village vue du sud.
Le clocher s'élève sur la croisée du transept ; sur chacune de ses faces, des arcatures aveugles en plein cintre à colonnettes
soulignent le premier niveau tandis que l'étage supérieur dispose de deux ouvertures en plein cintre,
à double voussure et colonnettes d'angle.
* * Une première particularité de cette église réside dans son porche-galerie.
Une galerie d'arcades ceint sa façade occidentale et une partie de son côté Sud.
Pour le Poitou, elle dénote une forte originalité ; en effet, une telle construction se
rencontre davantage en terre bourguignonne que dans notre région.
La partie Ouest est la plus ancienne.
Elle est formée d' arcades en plein cintre encadrant la porte et réparties à raison de sept d'un côté, quatre de l'autre.
De courtes colonnettes à chapiteaux supportent les arcs.
La partie Sud n'est ajourée que de deux portes et de trois ouvertures en demi-lune.
Elle a connu de forts remaniements au XVIIe siècle lors de l'édification de la chapelle Sainte-Catherine ( à droite ).
Equipée de banquettes de pierre, la galerie constituait un espace de convivialité.
Peut-être peut-on la considérer, plus fondamentalement, comme un lieu
de transition entre le monde profane extérieur et l'espace sacré ecclésial ?
Les bases des colonnes sont ornées de motifs tous différents.
* * Une deuxième particularité réside dans le caractère peu commun de ses chapiteaux sculptés,
expression d'une veine étonnamment populaire.
Toute personne entrant dans la nef est accueillie par ce masque humain dont sortent avant- bras et main ; on peut remarquer l'importance de la main ; n'importerait-elle pas autant pour le sculpteur que le masque humain ? Cette scène pourrait alors évoquer l'importance et le pouvoir de la parole.
De plus, on aperçoit à l'extrême droite le profil de pommes de pin.
Un vieil homme tenu enchaîné ? Une relation patient - médecin a pu être évoquée ?
Deux oiseaux à tête humaine portant une bourse autour du cou : pure représentation populaire imaginaire ou évocation de l'avarice ?
Avec Anne et Robert Blanc ( 2004, p.115 ), il est possible d'aller encore plus loin dans l'interprétation. La bourse pourrait être vue comme le symbole de l'âme du chrétien. Le personnage au corps d'oiseau aurait beaucoup travaillé sur lui-même au cours de sa vie ; l'accumulation progressive des énergies spirituelles rend l'être humain plus léger relativement à la lourdeur de la matière ; symboliquement, il tend devenir semblable à un oiseau.
Figures humaines associées à des évocations végétales.
Quadrupèdes à deux corps.
Figurations humaines indépendantes de toute scène définie ?
Peut-on voir dans cette association de personnages une scène de dispute ?
Joueur de trompe étreignant la barbe de masques humains.
Musiciens jouant d'un instrument à cordes et d'une flûte à bec. Entre les deux personnages sont représentés deux oiseaux signifiant généralement les énergies spirituelles. Serait-on en face d'une représentation d'une recherche de l'harmonie intérieure ?
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Les bases des colonnes sont ornées de motifs géométriques, de torsades ou de serpents.
** A propos des chapiteaux d'Oyré : un symbolisme difficilement accessible ? ou simple création artistique populaire à l'exclusion de toute iconographie religieuse ?