L'ancienne église abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes
fut fondée vers 342 par un ermite appelé Join ou Jouin.
L'édifice actuel fut bâti entre 1095 et 1130. L'abbatiale fut fortifiée au XVe siècle
et connut une nouvelle restauration au XVIIe siècle sous l'impulsion de la congrégation de Saint-Maur.




L'église vue du sud-est. L'élévation du chevet ne manque pas d'ampleur
malgré les lourds arcs-boutants qui masquent partiellement l'élan des contreforts-colonnes.




La façade occidentale comporte trois niveaux.
Au premier le portail central aux multiples voussures encadré de deux portes latérales
secondaires ( primitivement aveugles ).
Au second étage, trois fenêtres correspondent exactement aux trois ouvertures précédentes.
Le dernier niveau est constitué d'un pignon triangulaire très aéré.





Le frontispice de façade daterait des années 1120-1150 .






Les contreforts-colonnes d'angles sont surmontés
d'un lanternon octogonal à deux niveaux.




Gros plan sur quelques scènes du faisceau de contreforts-colonnes supportant le lanternon sud.
A droite, un cavalier, fortement penché en arrière déploie de gros efforts pour tenter d'arrêter la course de sa monture.
En d'autres termes, c'est une représentation d'un homme peinant à maîtriser ses passions...


Le programme iconographique des deux étages supérieurs de la façade
peut se lire de bas en haut.
En d'autres termes, ce grand livre d'images peut se saisir en élevant le regard progressivement vers le ciel :
depuis les images des hommes dans leurs conditions d'existence jusqu'à leur possible accomplissement final.




C'est à l'étage médian, de part et d'autre de la grande fenêtre axiale, que le thème du livre d'images
qui est proposé au regard ( La marche du peuple de Dieu depuis ses commencements jusqu'à son achèvement )
peut le mieux se révéler.




Deux paysans au-dessus des petites baies latérales évoquent la vie quotidienne et
de labeur des hommes.
Rappelons aussi en ce sens la vision des réalités terrestres, évoquées sur le portail principal,
dans un calendrier sculpté ( mutilé ) évoquant les travaux des mois.




Les êtres humains aux prises avec les passions sont représentés par une femme nue
dont les seins sont mordus par des serpents.
C'est une illustration du thème " nourrir ses passions " ( en général, symbolisation
du thème de la luxure ).




Un peuple en lutte :
Un cavalier foulant aux pieds de son cheval au galop un dragon
( personnification de l'empereur Constantin et de l'hérésie? ) est porté par
les contreforts-colonnes jumelés de gauche.




Un peuple en lutte :
l'Eglise et Samson maîtrisant le lion, symbole de la Vérité l'emportant sur l'Erreur ( ? )
surmontent le pilier droit.






Saint Pierre avec ses clefs, fut le premier à confesser sa foi.
Au-dessus Saint Jouin, un livre en mains, fut l'évangélisateur de la région.




Saint Paul
, l'ancien persécuteur qui a mis en lumière la foi,
est reconnu grâce à son épée.
Au-dessus, figure un des grands messagers de la Bonne Nouvelle :
Saint Jean l'Evangéliste, un aigle à ses pieds.




L'Annonciation.
Marie, dont la tête est enserrée d' un voile, est si étonnée des propos de l'ange Gabriel
qu' elle laisse échapper sa quenouille.
Le groupe prend appui sur deux êtres monstrueux.




La Parole va se faire chair et du Christ prendra naissance l'Eglise.
Telle est peut-être la signification de cette femme, debout, vêtue avec élégance.




Au pignon, c'est dans la perspective chrétienne, l'accomplissement,
autrement dit le terme possible de la marche des hommes qui est représenté.
Le double cortège des pélerins, diversement vêtus, sans préséance, en marche vers le Christ via Notre-Dame.




La Vierge médiatrice portant l'habit des grandes dames du XIIe siècle.
A droite deux pélerins à genoux.




Dans la partie haute de la façade, le Christ-Juge est entouré de deux anges ayant sonné de la trompette.
Une grande croix derrière lui rappelle son sacrifice.