L'ancienne église abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes ( 2 )



En entrant dans l'église on est frappé par la longueur du monument,
par les voûtes et leurs nervures, et par la blancheur de l'édifice (repris à la fin du XIXe siècle ).
Le choeur a été remanié avec la construction, au XIIIe siècle,
d'une voûte d'ogives de type angevin. ( De même, notamment pour les sept travées orientales de la nef ).
Il est séparé du déambulatoire par six groupes de piliers reliant des arceaux en plein cintre.
Trois absidioles s'ouvrent sur le déambulatoire.




Une coupole octogonale sur trompes s'élève sur la croisée du transept ;
ce dernier et la première travée droite du choeur remonteraient aux environs de 1050-1080.




La nef, longue de dix travées, fut, dans sa majeure partie, revoûtée d'ogives.
Elle est accostée de bas-côtés qui ont conservé leurs voûtes en plein cintre.



Vue perspective du choeur et de la première travée droite.
L'élévation de la première travée comporte une haute arcade en plein cintre ;
au-dessus, prennent place deux baies géminées ;
un oculus, muré pour des raisons de sécurité, les surmonte.


Des chapiteaux de factures et de périodes sculpturales différentes.

** Les chapiteaux les plus anciens à la facture originale ( transept ) .



Les chapiteaux assez hauts comportent des hommes tenant des tiges en forme de crosse ;
sans doute, s'agit-il d' évêques ou d' abbés.



Une autre face de ce chapiteau représente un homme nu
tombant tête la première
entre des monstres.



Deux autres personnages tenant encore des tiges en forme de crosse.




Deux masques animaliers parmi des entrelacs et des spires.




Les tailloirs sont sculpés de palmettes, de billettes ou sont sobrement moulurés.



Motifs purement décoratifs, figurations animalières ou végétales semblent alterner,
le plus souvent, sans dessein iconographique ou symbolique précis.




Des oiseaux à peine ébauchés, superposés sur deux rangs sous un damier ornemental
ou peut-être plutôt sous un ensemble d'escaliers, étagés les uns au-dessus des autres, que tout homme serait invité à monter.
Dans cette perspective, il appartiendrait à chacun d'oeuvrer à la finition de ces oiseaux, symboles dans l'art roman de forces spirituelles.
Autrement dit, l'homme est invité par l'imagier à s'arracher toujours un peu plus à la glèbe dans laquelle il est embourbé
et à développer la composante la plus spirituelle de son être. ( Anne et Robert Blanc, 2004, pp.99-101 ).



Composition décorative à base de juxtaposition de rangées contrariées
de triangles en saillie et en creux.




Composition ornementale originale à base de boules entourées de " fers à cheval ".







Les sculpteurs du XIIIe siècle ont placé des médaillons ( scènes bibliques )
au point d'entrecroisement des nervures des voûtes Plantagenêt .



Détail d'un médaillon : le martyre de Saint Laurent.
Une retouche de plâtre masque l'instrument que le personnage tenait dans sa main pour attiser le feu du grill.




Des masques laissent échapper deux langues... Pure composition décorative ou
rappel de l'importance de la parole, voire même expression d' un double langage
du fait de la présence de deux rubans sortant de la même bouche
lesquels pourraient évoquer des paroles prononcées ?



** La majeure partie des chapiteaux de la longue nef , ayant été refaits
à la fin du XIXe siècle, sont de valeur inégale ; on n'en retiendra que quelques specimens.




Centaure-sagittaire évoquant la bête dans l'homme ( en tirant une flèche vers le lion,
c'est la primauté de l'esprit sur la chair qui est sous-entendue ).




Les personnages d'angles semblent rencontrer des difficultés dans leur rôle de soutien
( sous-entendu de l'Eglise ).
Des oiseaux, presque aussi grands qu'eux, vont les aider dans leur effort et rendre plus aisée
leur tâche de soutien. Avec des énergies et des forces spirituelles renouvelées l'homme sera
en mesure de contribuer à l'oeuvre spirituelle commune.




Bête à corps de coq et à la queue de serpent ( basilic représentation du mal ? ). L'haleine ou le regard du basilic
provoque la mort de l'homme qui s'en approche sans l'avoir repéré. Si on lui tend un miroir,
le basilic tourne contre lui son haleine ou son regard ; il est alors maîtrisé. Entre autres représentations,
il évoque la mort qui s'empare par surprise de celui qui ne s'y est pas préparé.






Lions, une patte antérieure posée sur l'astragale pendant que l'autre est levée,
rejettent leurs têtes sous les angles du tailloir, leurs queues entrelacées se terminent par un élément feuillu.