A table au Moyen Âge
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Repas ordinaires ou repas de fête, quelle que soit l'époque, constituent des moments qu'on ne peut éviter de considérer si l'on veut rendre compte de vie des gens.
Les miniatures représentent le plus souvent des tables des puissants de ce monde, princes ou riches bourgeois. Il en est largement de même dans la sculpture à l'exception des représentations sculptées des calendriers et modillons.
Nourritures et valeurs médiévales
Le casse-croûte paysan. Livre du roi Modus et de la reine Ratio, XIVe siècle.
Crédit photo : Paris, BnF ; Département des manuscrits Français 22545 fol. 72 http://expositions.bnf.fr/gastro/enimages/indrepas.htm
Partout dominent les céréales, sous forme de pain, pour les catégories sociales les plus riches, et de bouillies pour les paysans. Avec les progrès de la meunerie le pain deviendra progressivement la base de l'alimentation médiévale. Les céréales étaient au coeur de l'alimentation médiévale Viandes, poissons, fruits et fromages ne forment que le " companage , c'est-à-dire l'accompagnement du pain. Le pain était avec les racines, les légumes et les fromages, la base de la nourriture paysanne c'est-à-dire des Neuf dixièmes de la population.
La viande et le vin se trouvent essentiellement sur les tables des catégories plus favorisées, aristocrates et nouveaux riches urbains. Les légumes sont plutôt réservés aux paysans, dans la réalité comme dans l'imaginaire ; ne parle -t-on pas de mangeurs d'aulx et d'oignons à propos de ces derniers.
Eglise de Macqueville, Charente-Maritime.
Le pain représente la base de l'alimentation médiévale et notamment des laboratores ainsi qu'en témoignent ces modillons. Céréales et légumes constituent le régime alimentaire des ruraux les plus humbles.
Tympan de la cathédrale Saint Lazare, Autun, Saône-et-Loire.
Un paysan coupe sa galette. Extrait d'un médaillon du zodiaque et des travaux des mois.
Eglise de Chateauneuf-sur-Charente, Charente.
Femme guimpée portant une marmite.
Dans les milieux populaires la cuisine est l'affaire des femmes. Dans les milieux aristocratiques c'est toute une armée d'hommes qui assure l'approvisionnement et la préparation des mets.
Crypte de l'église de Saint-Parizé-le-Châtel, Nièvre.
Personnage tournant une grande cuillère dans une marmite.
Chaudron, pots et marmites de terre constituent l'équipement de base de la cuisine.Grils et broches ne sont vus que dans les châteaux et les milieux urbains aisés.
Tables médiévales
Dans les familles riches ( aristocrates ou bourgeoises ) certains repas donnaient lieu à de véritables festivités qui se présentaient comme des buffets. Les gens de cuisine faisaient de chaque plat une œuvre d’ar en utilisant des denrées chères et prestigieuses comme les épices et en jouant avec les montages et les couleurs.
* A table en décembre, sur une des sculptures représentant les travaux des saisons, un homme mange seul.
Eglise de Souvigny, Allier.
Les calendrier des mois pour décembre montrent souvent un homme seul vêtu d'un habit long est attablé. seul Sur la fameuse colonne de Souvigny le personnage tenant un gobelet est assis devant une table sur laquelle figure notamment un poisson.
** Une scène de banquet.
Eglise abbatiale d'Andlau, Bas-Rhin.
On peut trouver aussi des repas de banquet comme sur cet élément de la célèbre frise courant le long des murs de l'abbatiale. Trois convives, un homme et deux femmes, sont attablés.
Eglise abbatiale d'Andlau, Bas-Rhin.
Le premier serviteur tient une soupière pendant que l'échanson remplit des gobelets.
Eglise abbatiale d'Andlau, Bas-Rhin.
Deux autres serviteurs apportant des plats.
** C'est surtout par l'intermédiaire de l'évocation de scènes d'inspiration religieuse que l'on pourra " approcher " le plus souvent les tables médiévales.
Eglise de Saint-Hilaire-la-Croix, Puy-de-Dôme.
Au tympan de la porte sud, évocation du repas chez Simon le pharisien.
Jésus nimbé est attablé avec deux disciples à sa gauche et avec Simon à sa droite.
Marie - Madeleine allongée au pied de la table, et tenant les pieds de Jésus dans ses mains, est montrée du doigt par Jésus et Simon.
Un masque glouton, à droite, et une fleur ( dont l'arôme pourrait rappeler le parfum versé sur les pieds de Jésus ), à gauche,
complètent la composition, par ailleurs assez naïve, comme en témoigne l'absence de perspective de la table ; écuelles et cruches garnissent cette dernière.
Abbatiale saint-Pierre d'Airvault, Deux-Sèvres.
Scène de repas apparemment ordinaire évoqué en fait par une représentation des noces de Cana.
Trois personnages sont attablés de front ;
Marie entre deux convives montre du doigt un poisson ( symbole de Jésus ).
A droite, des jarres vides sont entassées ; répondant à la parole de Marie : " ils n'ont plus de vin ",
un serviteur apporte une cruche...
Eglise de Foussais-Payré, Vendée
Une scène de repas souvent identifiée comme étant celle de chez Simon le pharisien.
Le Christ en gloire avance la main vers un personnage situé à sa gauche ( Simon ) et pointe l'autre main sur Marie-Madeleine ;
la femme prosternée pourrait être la pécheresse essuyant les pieds du Seigneur avec ses cheveux.
Pour notre objet observons le cadre beaucoup plus cossu que dans l'évocation précédente et la rareté des mets déposés, en revanche, sur une jolie nappe.
Abbaye Saint-Pierre de Moissac, Tarn-et-Garonne. ( Crédit photo : Michel Claveyrolas )
Parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche : Lazare agonisant, dont les ulcères sont léchés par des chiens, gît aux pieds du mauvais riche et de sa femme festoyant. « Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. » (Luc, 16, 19-21)
A la différence de la scène précédente les victuailles semblent plus nombreuses.
La gula
Le péché de goinfrerie. Livre de prières de Philippe le Bon, XVe siècle
Paris, BnF, Nouvelles acquisitions françaises, manuscrit 16428 fol. 40
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Dans un monde couramment tenaillé par la faim les îlôts de goinfrerie que constituent certaines tables de privilégiés trouvent dans les événements les plus variés de nombreuses occasions de festins et banquets.Une table bien fournie est un indéniable signe de distinction sociale. La consommation ostentatoire aristocratique se manifeste notamment dans la nourriture abondante et variée servie aux invités.
La gula ( la gueule ) peut être considéré comme l'un des sept péchés capitaux qui consiste à faire ripaille. Le pas est vite franchi entre la gula et la luxure. Le souci excessif du corps conduit à négliger la partie spirituelle de l'existence humaine.
Au Moyen Age le corps est contraint par les normes édictées par l’Eglise - institution en situation dominante - mais il résiste cependant à son refoulement total.
Carnaval c’est la bouffe, les plaisirs du ventre et de la chair, en un mot le gras, bombance, mascarade. Autrement dit tout ce que l’Eglise réprouve. Gourmandise et luxure s’opposent à abstinence et continence. 
Eglise Saint-Blaise, Givrezac, Charente-Maritime
Glouton dans le plus simple appareil. De la bonne chère à la chair il n'y aurait qu'un pas vite franchi...; à trop accorder d'importance au corps l'homme risque d'oublier sa dimension spirituelle.
Abbaye Sainte-Foy, Conques, Aveyron.
Détail du tympan : scène du Jugement dernier ; à chaque vice est associé un type de torture. Un démon plonge un damné dans un chaudron ; on peut voir dans cette représentation la punition d'un être ayant péché par gourmandise.
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Eglise Saint Amand, Saint-Amand-Montrond, Cher.
Une évocation courante : des hommes boivent directement à leur tonnelet.
Abbaye Sainte-Foy, Conques, Aveyron.
Détail du tympan :scène du Jugement dernier ; à chaque vice est associé un type de torture. Hissé par les pieds un ivrogne rejette toute sa boisson.
Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême, Charente.
Scène du Jugement dernier ; à chaque vice est associé un type de torture. Réprouvé et diable sont liés, derrière les arcatures qui les encadrent, par le long crochet par l'intermédiaire duquel le démon tourmente l'homme assis sur un siège curule qui a péché par la bouche.