Arts libéraux
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- A côté du travail manuel on peut rencontrer parfois des représentations du travail intellectuel sous la forme des " arts libéraux ".
Hérités de l’Antiquité les sept arts libéraux se divisent en deux degrés : le Trivium et le Quadrivium.
- - les trois voies ou trivium ( grammaire, rhétorique et dialectique ) sont relatifs au pouvoir du langage.
- - les quatre voies ou quadrivium ( arithmétique, géométrie, musique et astronomie ) se rapportent au pouvoir des nombres.
- Les arts du trivium sont perçus comme la base nécessaire à la maîtrise des arts du quadrivium.
- Ces sept arts libéraux constituent l'ensemble du savoir que peut acquérir l'homme médiéval. Rappelons enfin qu'en suivant les idées augustiniennes le discours médiéval met la foi au centre de toute connaissance et place les arts libéraux en programme d'enseignement préalable à l’étude de la théologie.
- Si la musique fait souvent l'objet de compositions figurées dans l'imagerie romane c'est plus rarement que l'ensemble des arts libéraux est représenté.
- Nous en donnerons l'exemple des allégories figurant au portail roman de la collégiale Saint-Ours de Loches, Indre-et-Loire.
Portail intérieur de la façade Ouest sous le porche avec son ensemble sculpté polychrome.
Le cordon extérieur de la troisième voussure du portail comporte toute une série de personnages disposés selon la courbure de l'arc. Ce sont ces femmes aux habits finement drapés qui figurent, selon G. Fleury ( 1997 ), les sept arts libéraux. Malheureusement il n'est pas toujours aisé de bien discerner leurs attributs symbolisant ces fameux arts libéraux.
1. La Dialectique arbore un serpent autour de la taille.
2. La Rhétorique tenant un vase dans sa main gauche ( prévu pour une fleur de rhétorique ).
3. La Grammaire portant sur l'épaule la férule redoutée des écoliers ....
2° LE QUADRIVIUM
4. L'Arihmétique et son livre.
5. La Musique et sa petite harpe.
6. La Géométrie portant un grand compas.
7. L'Astronomie regarde le ciel et tend la main droite vers deux étoiles.
Pour aller plus loin
Hiérarchie des arts au Moyen Age : les arts “ libéraux ” et les arts “ Mécaniques ”, Georges Duby.
Artiste artisan ? Union centrale des Arts décoratifs, 1977. pp. 9‑11.
« Le système des sept arts libéraux, tel que Martianus Capella l’avait codifié, repris par Charlemagne lorsqu’il entreprit de sauver la culture impériale, devint le cadre d’un enseignement dont le but était de mieux interpréter la parole divine, de discerner les armatures de l’ordre universel, mais aussi d’aider à mieux tenir sa place dans la cité terrestre, puisque l’on considérait celle‑ci comme homologue à la cité de Dieu. Il continua de former des “ orateurs ”, des experts de l’oraison et de la pratique oratoire. A ces arts initiait précisément la faculté propédeutique de l’université.
Au XIIe siècle cependant, Hugues de Saint Victor, entreprenant le classement des connaissances humaines, jugea nécessaire de faire une place auprès des arts libéraux aux arts “ mécaniques ”, c’est‑à‑dire à ceux qui font intervenir le corps, les muscles, la main. Hugues toutefois situa ceux‑ci très en contrebas, dans une position subordonnée, domestique, analogue à celle assignée, dans les maisons nobles, aux gens de métier (ministerium, ministériaux), logés à part dans les communs, soumis aux ordres des maîtres, isolés d’eux par une frontière de classe infranchissable.
La délimitation entre les arts libéraux et les arts mécaniques prend assise en effet sur de très vieilles attitudes mentales, alliant la noblesse à l’oisiveté, réputant le travail manuel “ servile ”, indigne de l’homme de qualité, sur d’autres aussi, manichéennes, qui, voyant dans le charnel la part maudite de l’univers, tournaient le dos à la matière, la redoutaient, la condamnaient, s’évertuant à dégager à toute force le spirituel du corporel. Ces tendances de la pensée incitaient à répartir les divers “ arts ” au sein d’un édifice à deux niveaux : à l’étage maître, les pratiques conférant la maîtrise du verbe, du chant, des idées, de toutes les activités qui relient l’être humain au domaine des anges; au ras du sol, au plan des cuisines, les façons de travailler le bois, la laine, le métal, la chair même, et qui rabaissent vers le bestial. Entre les deux, ce fossé qui, par exemple, sépara très longtemps les médecins, gens de réflexion, interprétant des symptômes, habiles à remettre en ordre l’organisme sans y porter la main, des chirurgiens, confondus avec les barbiers et les bourreaux, parce que, munis d’outils, ils touchaient au corps, et qui durent pendant des siècles lutter pour faire admettre leur “ art ” parmi les libéraux.
Pendant des siècles, un semblable désir de forcer la cloison anima ceux que nous appellerions des artistes. Ils étaient en effet, pour des raisons identiques, exclus. Principalement parce que, dans la conscience médiévale, ce qu’est pour nous l’art demeurait enfoui au profond d’une mystique et d’une morale. La beauté n’était pas recherchée pour elle‑même. Elle était offerte à la gloire de Dieu. Dans l’œuvre d’art, la meilleure part des richesses du monde était, au sens plein du terme, “consacrée ” ‑ et par cette vocation sacrificielle, l’intention, la signification symbolique, la valeur du matériau, le temps passé à l’élaborer se trouvait privilégié par rapport au travail des mains. L’œuvre d’art, d’autre part, collaborait à l’élucidation des mystères; elle entendait livrer aux regards des équivalences de l’invisible. Par conséquent, l’acte créateur incombait aux prêtres, aux savants, aux hommes du livre et de la parole. Orfèvres, brodeurs, verriers, imagiers, n’avaient mission que d’exécuter. »
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