Corps en scènes.
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Corps à corps.
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Les rapports entre les corps et l’amour, à l’époque médiévale, ne peuvent être perçus avec les références prévalant en ce début du troisième millénaire.
Si les femmes et les hommes ont tendance aujourd’hui à prendre en mains, pour le meilleur ou pour le pire, leur propre destin, au Moyen Age la religion jouait un rôle de bruit de fond généralisé.


Le corps sexué de l’époque médiévale est amplement déprécié ; le désir charnel est considérablement refoulé. Par delà les survivances celtes, germaniques ou greco-romaines, le christianisme institutionnalisé, à défaut de pouvoir contrôler entièrement le jeu du corps, va s’employer, non sans difficultés, à réglementer les penchants aux plaisirs des sens. Le concile de Latran, tenu en 1215, définit les conditions de validité du mariage chrétien en tant que remède à la concupiscence. La maîtrise du corps est expressément exigée, l’amour étant limité au strict cadre du mariage. Les autres comportements sexuels étant considérés comme « déviants ».

Toutefois, dans cet ordre sexuel chrétien, le corps fait de la résistance. Il suffit de rappeler comment l’amour est exalté dans les romans courtois. Les marges des récits littéraires, les enluminures et les miniatures foisonnent de positions corporelles troublantes et de représentations obscènes.


Extrait d’une page des voeux du paon Ms.24,fol.25v, New-York, The Pierpont Morgan Library reproduit par Florence Colin-Goguel

Dans son très riche et très informé ouvrage, « Image de l’amour charnel au Moyen Age » ( Seuil, 2008 ), Florence COLIN-GOGUEL montre que certaines créations artistiques médiévales donnent une image inattendue et parfois très libre de la sexualité au quotidien dans les marges des illustrations de certains ouvrages.

Certaines pierres romanes témoignent ainsi de pratiques sexuelles légitimes, déviantes, bestiales, voire de pratiques unissant les animaux entre eux symbolisant en fait des rapports humains comme souvent chez les imagiers romans.

Corps romans en situation.
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Au-delà des rapports entre les corps et l’amour d’autres représentations corporelles doivent être également repérées.
Des groupes de personnages manifestent une inspiration explicitement religieuse, d’autres sont le fruit d’une inspiration profane profondément humaine. D’autres ensembles de personnages, enfin, semblent aux prises les uns avec les autres sans qu’il soit aisé d’y trouver un sens précis.


Signification explicite des figures dans certains cas, ambivalence de la symbolique des images dans d’autres, dérive purement ornementale parfois ; c’est ainsi que se présentent à l’homme d’aujourd’hui certaines compositions mettant en scène des corps à l’époque romane.