LES STAVKIRKER DU NUMEDAL
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ROLLAG
L'église de Rollag, dans son cimetière entouré de bouleaux, a été très remaniée et transformée en édifice cruciforme au XVIIe siècle. Elle conserve néanmoins de nombreux éléments médiévaux.
Malgré les modifications profondes de sa structure originelle, la stavkirke de Rollag mérite qu'on s'y arrête, ne serait-ce que pour en savourer le cadre... Petites, à l'écart des centres urbains, chaque stavkirke offre un moment de paix, voire de bonheur, dans un voyage.
NORE
La stavkirke de Nore ne présente pas l'apparence extérieure d'une église du Moyen Age. Son plan cruciforme tient à un agrandissement tardif, mais il faut savoir qu'au Moyen Age déjà il y avait au Nord et au Sud deux ailes, mais plus petites que celles que nous voyons.
L'intérieur est surprenant: les boiseries ont été recouvertes de peintures à motifs floraux aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les couleurs, restées très vives, font oublier presque la structure médiévale.
L'impression d'étrangeté est renforcée par le gros pilier central, dont la fonction est de soutenir le clocheton, et non le reste de l'édifice comme on a pu le penser jadis.
La présence des vestiges d'un portail au relief très faible montre qu'ici un excellent sculpteur a exercé son art.
UVDAL
Avec son plan cruciforme, la stavkirke d'Uvdal ressemble à celle de Nore. A l'intérieur, tout est peint de couleurs vives. Des poutres, des colonnes encombrent tout l'espace.
Dans l'axe médian, deux gros poteaux soutiennent un plafond bas. L'une est de section dodécagonale; l'autre est fasciculée, formée de quatre fûts accolés. D'époque romane, la balustrade de la tribune est très richement sculptée.
Le portail Sud du choeur est le plus ancien. Si l'on excepte les têtes de monstres au bas des piédroits, la composition est uniquement végétale: ce sont de grandes vignes ondulantes. Le style fait penser au portail de Nore qui date de la fin du XIIe siècle.
Le portail Ouest est très différent et date sans doute du XIIIe siècle. Remarquons la curieuse figure sculptée: un roi avec une coiffure en bicorne faisant sans doute allusion à une antique légende scandinave.
« Un roi avec une curieuse coiffure à deux cornes est debout sur une harpe, les mains liées derrière le dos, tandis que des serpents l'attaquent de toutes parts. C'est sans aucun doute une représentation de Gunnar dans la fosse aux serpents, selon la légende de Gjukunge. Nous retrouvons le motif du corps du chariot d'Oseberg, seul le style de la sculpture est naturellement très changé. Lorsqu'il apparaît comme maintenant sur le portail d'un lieu de culte chrétien, se pose inévitablement la question de savoir si ce mythe ancien (pas nécessairement païen dans son contenu) a pris un sens chrétien nouveau. Une analogie se présente aussitôt à la mémoire : la légende d'Orphée entourée de bêtes sauvages, symbole de la victoire du christianisme sur les forces du Mal, si fréquemment utilisée dans l'art paléo-chrétien. Gunnar dans la fosse aux serpents peut même constituer un symbole plus spécifique du Christ souffrant » (Peter Anker, op. cit., pp.336-337).
Ajoutons que ce thème se retrouve dans l'histoire de Daniel dans la fosse aux lions. Les Pères de l'Eglise voyaient en Daniel, adorateur du seul Dieu Vivant et vainqueur des forces du Mal, une préfiguration du Christ.