LES STAVKIRKER DU VALDRES
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ØYE
L'église date du XIIe siècle, mais elle a été très remaniée au XVIIe siècle, puis reconstruite au XXe siècle. Son charme vient surtout du vaste paysage dans lequel elle s'insère, au Nord-Ouest de Fagernes.

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HURUM
Au nord du Valdres, à flanc de colline, près de Lomen, l'église de Hurum est bien visible, mais n'a pas l'apparence extérieure d'une stavkirke.

A l'entrée du cimetière, on passe sous un portail dont les sculptures à jour ressemblent à celles de la petite tour de Borgund. Les piliers de bois sont surmontés de chapiteaux au profil en tonneau.

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Fait très rare, une inscription en runique, dans la nef, permet de dater l'église: « En été, lorsque le comte Erling tomba à Nidaros, les frères Elling et Audun firent couper le bois pour cette église ». Or le comte Erling, père du roi Magnus Erlingson, fut tué en 1179 à Nidaros (Trondheim) dans un combat contre l'usurpateur Sverre. L'église a donc été construite cette anné-là, ou bien, si l'on a fait sécher le bois, dans les très proches années suivantes.

L'architecture d'origine est bien visible et très intéressante. Quatre poteaux corniers encadrent la pièce et soutiennent toutes les superstructures. Il n'y a pas d'arcades comme dans bien d'autres stavkirker. Tout repose sur les quatre grands enjambements en plein cintre.

Les deux portails sont de même style. Les archivoltes ont leur décoration propre, faite de rinceaux entrelacés.

« Le dessin de cette composition est très dense, avec des détails accumulés les uns sur les autres, de sorte qu'il est difficile d'en percevoir les divers éléments. En particulier le motif floral se déploie en des formes très riches, les tiges, les feuilles et le corps des animaux ne cessant de s'entrecroiser ou de s'entrecouper et produisant un dessin très serré presque semblable à une tapisserie. » (Peter Anker, op. cit., p. 317).

Il est intéressant de comparer les portails de Hurum et de Hopperstad

« Pour l'essentiel le portail de Hurum suit le schéma de Hopperstad : la tête de lion d'où sort une vigne au bas des jambages, les rinceaux peuplés de dragons et de serpents de petite taille et, dans la partie supérieure de la composition, les deux gros dragons qui attaquent un troisième monstre placé au milieu. La zone de l'archivolte est cependant disposée d'une manière différente. L'archivolte elle-même est maintenant à part, élément autonome de la composition, avec une bordure qui encadre des rinceaux traversés par une nervure médiane. Les deux grands dragons ne se mêlent plus à l'archivolte, leur combat avec le dragon central se déroule au-dessus de l'arc. Cependant le dragon central essaye de s'échapper par en bas, mais sa tête a disparu de la composition, elle ne dépasse pas le rebord de l'archivolte et l'intérieur de l'arc reste inoccupé. (Ce n'est pas un hasard dû à une amputation postérieure de la tête du monstre; le monstre sans tête figure sur tous les portails de ce type) » (Peter Anker, op. cit., p.412).

LOMEN
Isolée dans la campagne, proche de la forêt, l'église de Lomen n'offre pas un aspect extérieur aussi « roman » que les églises de Borgund, Gol ou Heddal.

Dans sa structure, elle ressemble à Hurum: seuls quatre piliers d'angle délimitent l'espace de la nef. Les quatre grands arcs supportent des colonnes entre lesquelles on a placé des étrésillons et, au-dessus, des arcatures.
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Comme dans toutes les stavkirker, ces colonnes sont terminées par des masques plus ou moins grimaçants.

Les portails sont sculptés dans le style de ceux de Hurum avec, cependant, quelques différences stylistiques. Mais la composition et l'organisation sont les mêmes.


HEDALEN
On gagne Hedalen en quittant la route E 16 à Nes ou à Begndalen. L'église, de plan cruciforme, a été très remaniée. Toutefois, la nef primitive, son porche et la galerie qui le protège, ont été conservés et constituent la partie Ouest de l'église actuelle.

Les colonnes d'angle de la nef supportent seules les murs et le toit. Il n'y a pas de mur d'étage supérieur.

Le portail est un véritable chef d'oeuvre de la fin du XIIe siècle, très bien conservé grâce à la galerie. Ici, les éléments végétaux l'emportent sur les animaux et les monstres.

« La disposition du décor du portail se conforme au schéma que nous avons déjà vu dans les autres églises du Valdres, avec la bordure de palmettes, les trois monstres en lutte au-dessus de l'arc et l'entrelacs d'arabesques et d'animaux en forme de serpents autour des piédroits. Les colonnes de la porte d'entrée sont toutes sculptées et couronnées de chapiteaux cylindriques. Un trait se réfère directement au portail de Hopperstad : c'est l'arc plein de la porte dans laquelle les deux dragons latéraux avancent des deux côtés leurs têtes pour se saisir du pauvre monstre central dont la tête est pointée vers le bas, sur l'axe médian de la porte » (Peter Anker, op. cit., p. 322).

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Les fonts baptismaux sont en stéatite (dite aussi « pierre ollaire »), une roche métamorphique résistante à la chaleur, mais surtout facile à sculpter avec des outils très simples. C'est cependant son couvercle en bois qui est remarquable, avec ses rinceaux, ses pommes de pin et ses grosses nervures qui s'achèvent en têtes de dragons en bas.

En 1976, on pouvait encore voir un reliquaire du XIIIe siècle, en forme d'église, avec de gros dragons de chaque côté de la toiture.

REINLI
Au Sud Est de Fagernes, sur une petite route parallèle à la E 16, se trouve Reinli. C'est une église tardive, à la charnière du roman et du gothique. Son plan semble être celui qu'adoptaient les ordres mendiants, arrivés en Norvège en 1270. L'âge probable de la stavkirke est confirmé par une inscription gravée en norois avec des majuscules du XIIIe siècle (et non plus en caractères runiques). L'église pourrait donc dater de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle.

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