STAVKIRKER DU HALLINGDAL
_______________________
La vallée du Hallingdal est parallèle à celle du Valdres et plus au Sud. Le long de la rivière, plusieurs stavkirker ont été édifiées, mais seule Torpo demeure en place. Par leur plan, ces églises ressemblent plus à celles du Sogn qu'à celles du Valdres.
TORPO
De l'église de Torpo, il ne reste plus que la nef. Le clocheton est du début du XIXe siècle. La galerie a été supprimée au XVIIe siècle. Par chance un dessin a été fait en 1855, montrant l'église avec choeur, abside, lanternon, et même une sacristie. Toutefois, les archéologues pensent que la partie du choeur disparue datait du XIIIe siècle.
Sur une traverse ornée, une inscription en runique donne le nom du maître d'oeuvre et des sculpteurs: « Thorolf a fait cette église. Asgrim, Håkon, Erling, Pål, Eindridi, Sjønde, ont exécuté la sculpture, Olaf. »
A l'intérieur, il y a seize colonnes régulièrement espacées: les quatre poteaux corniers, quatre colonnes sur les grands côtés et deux à chaque extrémité.
Les colonnes s'applatissent vers le haut et sont ornées de lésènes (parties saillantes) triangulaires effilées en longueur et surmontées de masques grimaçants.
Le baldaquin en berceau a reçu de très belles peintures, bien conservées. L'habillement et les attitudes des personnages permettent de dater l'oeuvre du XIIIe siècle, mais l'influence romane demeure très nette. Au tympan: Marie, saint Jean, l'Eglise, la Synagogue et deux anges. Au sommet de la voûte: le Christ en majesté. 
Sur les côtés: des scènes de l'histoire de sainte Marguerite d'Antioche, une vierge martyre de la fin du IIIe siècle ou début du IVe siècle, victime du sinistre Olybrius, un préfet qu'il ne faut pas confondre avec l'empereur romain d'Occident qui porte le même nom. Refusant de l'épouser, elle est jugée fouettée, lacérée avec des crocs de fer. Satan lui apparaît sous la forme d'un dragon; elle le chasse d'un signe de Croix. On lui applique des torches ardentes sur le corps, et, comme elle résiste, Olybrius la fait jeter dans une chaudière d'huile bouillante. Elle en ressort indemne et convertit un grand nombre de ceux qui assistent à son supplice. Pour en finir, Olybrius la fait décapiter ainsi que ceux qu'elle a convertis.
Les deux portails sont semblables, avec palmettes, rinceaux sortant de la gueule de dragons. Trois dragons combattent au sommet de chacune des archivoltes. Des chapiteaux sculptés couronnent les colonnes latérales.
Il s'agit de l'oeuvre d'un grand artiste maîtrisant les techniques de la sculpture sur bois.
On pense que ces portails sont un peu antérieurs à ceux de Hurum et de Lomen, qui datent des environs de 1180.
ÅL
La stavkirke d'Ål est aujourd'hui démolie, mais on en a conservé le portail et les peintures sur bois au Musée de L'Université d'Oslo. Les spécialistes s'accordent pour reconnaître la très haute valeur artistique du portail. Il est d'une grande complexité, que le dessin de Peter Anker permet de dénouer (voir l'album).
Une inscription runique provenant d'Ål laisse penser que le maître d'oeuvre, Thorolf, est le même que celui de Torpo. Cependant, ce n'est pas le même sculpteur qui a travaillé aux portails de ces deux églises.
« Le portail d'Ål comporte tous les éléments essentiels de la composition de Hopperstad. Le portail lui-même est de proportions plus vastes, les jambages sont moins profonds, la porte semble plus étroite, et l'on y trouve d'autres divergences qui ne sont pas non plus sans portée. L'archivolte n'est pas un élément séparé, mais se présente sous la forme d'une saillie en demi-cercle, complètement recouverte par des animaux qui poursuivent leur lutte sans fin autour de l'arc; l'intérieur de celui-ci se trouve maintenant entièrement rempli par les divers êtres qui y font irruption par en dessus et par les côtés; le monstre central en train de s'échapper tend toujours sa tête vers le bas au milieu. Un motif nouveau est le lion assis au sommet des chapiteaux. Pour le style la différence la plus importante avec Hopperstad est la composition beaucoup plus dense des vignes et des animaux. L'élégance et le rythme du tracé est en train de disparaître, le dessin est moins clair, car il n'existe presque plus d'espace intermédiaire. Il y a aussi des maniérismes, tels les pétales de fleur allongés et recourbés. Autre addition au vocabulaire : la grenade » (Peter Anker, op. cit.. p. 411).
Les peintures sur bois sont gothiques, d'une émouvante naïveté, et fort bien conservées. Elles représentent des scènes de la Genèse et de la vie du Christ.
GOL
Pour bien des touristes, l'église de Gol est la première, et parfois la seule stavkirke visitée, car elle a été transportée tout près d'Oslo. En 1881, le conseil municipal l'a vendue au roi Oscar II. Elle a été démontée et transportée dans sa propriété de Bygdøy. En 1906, l'église et le terrain d'alentour ont été annexés au Musée d'Art Populaire Novégien (Norsk Folkemuseum).
Elle a été restaurée et bien des pièces ont été remplacées, mais avec le souci de respecter l'état originel. Quand l'état de l'église l'a nécessité, l'architecte a pris Borgund comme modèle, surtout en ce qui concerne l'aspect extérieur car la structure intérieure centrale est intacte. Les fenêtres datant d'époques postérieures au XIIe siècle ont été fermées, ce qui contribue a bien restituer l'atmosphère primitive des stavkirker..
« Le triforium est renforcé par un sommier-tenailles à deux niveaux tout autour de la salle centrale, avec des étrésillons croisés dans les intervalles, le sommier inférieur étant soutenu par des consoles ayant la forme d'arcs en fer à cheval. Les proportions des colonnes et des entretoises sont très robustes et la hauteur du mur supérieur de la nef plutôt faible. Cela donne à l'architecture une vigueur accrue mais aussi un air de rusticité; et les fenêtres des époques postérieures ayant été fermées au cours de la restauration, l'intérieur de l'église de Gol fait ressentir au visiteur de façon assez authentique l'impression de semi-obscurité mystérieuse des églises anciennes, éclairées seulement par quelques ouvertures dans le mur haut de la nef et les chandelles de cire de l'autel. Des têtes de dragon ornent les consoles arquées et, des ombres du mur haut, les masques qui grimacent au sommet des colonnes vous fixent des yeux, renforçant le sentiment d'une expressivité architecturale irrationnelle que produisent en nous les édifices en bois de cette période, par opposition à l'architecture de pierre contemporaine. Et ceci en dépit de la logique et de la rationalité technique de leur système » (Peter Anker, op. cit., p. 329-330).
Bien que nous en ayons présenté le schéma intérieur à propos des généralités sur la stavkirke norvégienne, nous le redonnons dans le présent album de Gol.
Les portails sont intéressants. Ils mettent en scène des sortes de dragons ou serpents, avec, au linteau, le combat de trois dragons géants. Le portail Ouest est authentique. Le portail sud est une copie fidèle.
