Le couplage de l’image de la croix
à la scène résurrectionnelle
des Saintes Femmes au tombeau
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Par-delà les évocations explicites des croix de vie par le bois vivant ou par le Christ triomphant les imagiers romans ont trouvé un autre moyen - certes indirect - de montrer que la Croix était promesse de salut : par la représentation de l’ange annonçant la Résurrection aux Saintes Femmes devant le Tombeau vide. C’est un procédé largement utilisé à l’époque romane afin d’exprimer l’idée que le Vendredi saint ne doit pas être considéré en soi mais bien en lien avec Pâques.
"Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?" (Matthieu XXVIII 1-7, Marc XVI 1-8, Luc XXIV 1-7). 
Le troisième registre du fameux vitrail de la Crucifixion, XIIe siècle. de la Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, Poitiers, Vienne, montre le tombeau vide surmonté d'une architecture monumentale ; il est "gardé " par deux soldats endormis. L’artiste a pris soin de disposer un ange tenant une croix afin de signifier que la croix ne peut être isolée de la victoire du Christ sur la mort.
Plan rapproché sur l’ange l’index levé, montrant la croix. Cette dernière ne peut être séparée de la Résurrection.
Les saintes femmes en marche vers le tombeau vide ; seul le suaire est là.
Les saintes femmes, leur bâton de marche à la main, arrivent au tombeau avec leur pot d'onguent.
Ancienne abbaye de Saint-Pons-de-Thomières, Hérault. Musée du Louvre.
Nouvelle variante de l'ange et des Saintes femmes au tombeau. 
Ancien chapiteau de l'église romane Saint-Martin disparue et réemployé dans l'église Saint-Jean-Baptiste, Saujon Charente Maritime .
Scène de la Résurrection : un ange est assis sur le tombeau en présence des saintes femmes. La mort est vaincue ; le Christ est ressuscité.
Chapiteau déposé. Eglise abbatiale Saint-Pierre de Mozac, XIIe siècle, Puy-de-Dôme.
Au matin de Pâques, les Saintes Femmes se rendent au tombeau portant leurs fioles de parfum afin d'embaumer le corps du Crucifié.
Chapiteau déposé. Eglise abbatiale Saint-Pierre de Mozac, XIIe siècle, Puy-de-Dôme.
Gros plan sur les saintes femmes portant leurs aromates.
Au fin visage illuminé de Marie-Madeleine levant la main en signe d’attestation l’artiste a
sculpté une figure féminine plus âgée aux traits plus graves.
Chapiteau déposé. Eglise abbatiale Saint-Pierre de Mozac, XIIe siècle, Puy-de-Dôme.
La rencontre des saintes femmes et de l'ange.
A leur arrivée au tombeau les saintes femmes sont arrêtées par un ange assis, les pieds sur la dalle du tombeau et les ailes déployées.
De la main droite, il leur indique le sépulcre vide ; d'un beau geste, du bras gauche, il les envoie dire aux disciples de Jésus la Bonne Nouvelle.
Abbatiale Saint-Gilles du Gard extrait de la frise.
Les Saintes femmes au Tombeau. Elles arrivent avec les aromates, mais le Tombeau est vide et le suaire est posé sur le bord. Un ange les accueille.
Crédit photo : Ghislain 118 wikimedia Eglise Saint-Paul de Saint-Paul-lès- Dax, Landes.
La Résurrection. Le tombeau est ouvert, gardé par des anges qui interpellent les Saintes Femmes couronnées, venues embaumer le corps de Jésus. Le ciel témoigne de l’évènement. En effet, des mains sorties des nues agitent des encensoirs et brandissent une croix.
Pilier d’angle nord-est du cloître de Santo Domingo, Silos, Castille
L’œuvre est une synthèse de trois scènes. La Mise au Tombeau, les Saintes Femmes et les soldats frappés de stupeur. Au milieu, deux disciples, Nicodème et Joseph d'Arimathie, couchent le corps du Christ sur la dalle de pierre. Au-dessus, la Vierge Marie, Marie de Magdala et Marie Salomé arrivent avec des parfums pour embaumer le corps, mais elles trouvent le Tombeau vide. Un ange assis sur la dalle leur annonce la résurrection (Marc, XVI 1-8). On a pu dire que le visage du Christ, sculpté par le premier maître de Silos, était une des plus belles et des plus profondes représentations des signes que laisse sur un visage l'âme partie pour un voyage dans l'ineffable.
Les gestes des Saintes Femmes sont à souligner : toutes lèvent l’index de la main gauche d’un geste à la fois désignant et interrogateur alors qu’un linge recouvre leur main droite.
Basilique Saint-Sernin, Toulouse, Haute-Garonne.
Des peintures murales évoquent également la scène classique à l’époque romane des Saintes Femmes et de l'Ange montrant le tombeau vide.
Basilique Saint-Sernin, Toulouse, Haute-Garonne.
Plan rapproché sur les Saintes Femmes.
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Conclusion
- Retrouvant certains aspects de l’art chrétien des origines les auteurs des diverses représentations du bois de la croix source de vie ont essayé, chacun à leur manière, d’exprimer l’invisible en mettant l’image en adéquation avec une certaine vision de la thématique de la personne du Dieu-homme.
- L’iconographie évolue en fonction des modifications de la doctrine christologique. Après le rejet originel de la croix par les premières communautés chrétiennes la représentation de la croix dans l’art chrétien change : sans parler de l’expression outrancière doloriste, l’humanité du Christ, tourmenté, les yeux clos supplantera les représentations du Christ triomphant et du Bois vivant.
- Dans l’art chrétien médiéval l’image est appelée à montrer l’indicible, l’inexprimable. Comment représenter l’image juste du divin ?