FIGURATIONS ROMANES
DES COMPAGNONS ET TEMOINS DU CHRIST :
APÔTRES ET MARTYRS
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DISCIPLES ET MARTYRS
Les premiers saints de l’Église ont été les femmes et les hommes qui ont reçu le «  baptême du sang ». Cette expression entend signifier que celui qui meurt ainsi, même non baptisé, a ses péchés pardonnés et qu’il obtient ipso facto la béatitude céleste. Il s’agit, en d’autres termes, des martyrs qui ont porté témoignage de leur foi chrétienne jusque dans la mort. Le terme de témoin est le sens originel de martyr. La vénération portée aux saints est, à travers eux, un culte rendu au Christ vivant en eux et répandant en eux la richesse de sa grâce. Ils sont des témoins parce que l’Evangile s’est inscrit dans les conditions particulières de leur vie.
Un saint Ignace d’Antioche, par exemple, exprime la conviction que le chrétien est un «  temple de Dieu ». Etre chrétien, en bref, cela ne peut vouloir dire que suivre le Christ par amour, avec une disponibilité totale, jusque dans les souffrances et la mort.
L’idée du
martyre revêt alors dans l’Eglise primitive une importance primordiale. C’est le martyr qui réalise la véritable imitation du Christ, au point que la présence du Maître s’affirme visiblement dans son «  témoin ».


C’est dans cette perspective que la virginité, dans ces débuts du christianisme, doit être considérée. Elle se veut, elle aussi, témoignage de foi et d’amour; elle devient signe caractéristique de la vie dans un monde nouveau, le monde eschatologique du salut. Origène ira jusqu’à écrire qu’elle est un «  martyre de remplacement ».

Les martyrs sont, dans la plupart des cas, des évêques fondateurs, des moines évangélisateurs, mais aussi des laïcs jeunes ou vieux et même des enfants qui ont été persécutés, préférant la couronne de gloire qui ne se flétrit pas à l’apostasie de leur foi
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Voussure des saints de la façade de l’église de Pont-l’Abbé d’Arnoult, Charente-Maritime.



Répandus dans toutes les régions du monde romain les chrétiens appartiennent indifféremment à toutes les races et à tous les milieux. Au-delà de leurs caractéristiques propres le point commun que partagent tous les saints tient sans doute dans le fait pour chacun d’être allé au bout de son appel, car la sainteté apparaît bien comme un appel.
Pour les chrétiens, le premier martyr est Etienne lapidé à Jérusalem peu après la résurrection du Christ.
La plupart des apôtres ont subi le martyre, tel Pierre qui fut crucifié la tête en bas ou Paul mort par l’épée.
Les martyrs furent nombreux à l’époque des persécutions ; les artistes médiévaux ont fréquemment représenté certains d’entre eux :
- Blandine, la petite esclave, fut livrée aux taureaux dans un cirque à Lyon en compagnie du vieil évêque Pothin.
- Laurent fut supplicié sur le gril en 258.
- Sainte Foy fut brûlée vive en l’an 286.
- Saint Saturnin aurait été traîné par un taureau furieux au IIIe siècle.
- Catherine d’Alexandrie subit le supplice de la roue au IVe siècle.

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Rappelons que pour de nombreux martyrs, il n’est pas aisé de faire convenablement la part de ce qui revient à l’Histoire et ce qui relève du merveilleux légendaire en lien étroit avec les traditions populaires.

LE TETRAMORPHE, une des représentations familières de l’iconographie des temps romans
Par tétramorphe on entend la représentation des quatre évangélistes inspirée de la vision des d’Ezéchiel et de la description qu’en donne l’Apocalypse.
Ezéchiel évoquait les quatre êtres qui, dans sa vision, entouraient le char de Dieu comme ayant chacun quatre faces : d’homme, d’aigle, de lion et de taureau.
A son tour, au chapitre 4 de son Apocalypse, Jean décrivait les « quatre vivants » présents autour du trône de Dieu.

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Le Christ en majesté entouré des symboles des évangélistes. Réfectoirr de l’aébbaye de Lavaudieu, Haute-Loire

Dès les premiers temps du christianisme, les quatre figures furent associées aux évangélistes sous leurs formes allégoriques. L’aigle évoque saint Jean ; cet oiseau était considéré par sa capacité à recevoir la lumière, et Jean fait fréquemment allusion à la lumière. Face au symbole de l’aigle figure saint Matthieu représenté par l’homme ailé ; créé à l’image de Dieu, en imitant l’aigle, il recevra le don des ailes. Le taureau -saint Luc- évoque le sacrifice de Zacharie et le lion est saint Marc parce qu’il évoque Jean-Baptiste rugissant, «la voix criant à travers le désert ».
Le tétramorphe sera l’un des thèmes majeurs de l’imagerie romane.



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