TOUS SAINTS : IMAGES ROMANES
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Femmes et hommes sont semblablement appelés à cheminer sur la voie de la sainteté. Les saints sont aussi divers que les personnes elles-mêmes. Ils proviennent de toutes les catégories sociales et ont mené tous les genres de vie possibles.
Si l’on met à part les martyrs pour lesquels personne ne conteste l’exemplarité de la foi qui les a poussés à une totale identification avec le Christ, comment saintes et saints ont pu être reconnus et vénérés comme tels ?
Dans la reconnaissance de leur sainteté, un élément essentiel depuis les premiers temps de l’Eglise est ce qu’on appelle la reconnaissance par la foule : la vox populi.
Historiquement, la déclaration de sainteté - la canonisation - repose sur l’association d’éléments d’origine populaire et d’ influences ecclésiastiques plus ou moins rigoureuses.
☞ Un « peuple immense ».
La société des saints est très diversifiée. Il y a ceux dont le rôle dans la transmission de la foi est reconnu comme primordial. Il y a ceux dont on connaît avec précision les mérites et les traits essentiels de leur vie. Il y a ceux dont le rayonnement est resté de caractère régional, voire très local. Il y a ceux de la confrérie et du métier. Il y a également tous ceux dont on ne connaît pas grand chose d’eux.
Et que dire de tous les saints inconnus dans la mesure où la sainteté n’est pas réservée à une élite, mais concerne toutes les personnes ayant choisi de mettre leurs pas dans ceux du Christ.
Il existe d’ailleurs autant de chemins de sainteté que de saints qui ont répondu chacun à leur manière, selon leur temps et leur situation, à l’appel du Christ « soyez saints comme moi je suis saint ». La sainteté c’est donc l’union au Christ à laquelle tous les baptisés sont invités.
Ceux qui ont configuré leur vie aux promesses du Seigneur et qui durant leur existence terrestre n’ont cessé de dire avec le psalmiste : « j’en suis sûr je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants »:
actifs ou contemplatifs, itinérants ou cloîtrés, théologiens ou mystiques, gens de toutes conditions, nobles et couches populaires, hommes et femmes, mariés ou vierges, personnes dans la fleur de l’âge ou ayant beaucoup vécu ...
☞ Une originale représentation romane du chemin de la vie.
L’église de Saint-Jouin-de-Marnes ( Deux-Sèvres ) offre une belle page sculptée - ci-dessous - relatant le cheminement médiéval du croyant vers Dieu avec le modèle des saints ( Pierre, Jouin et un autre non dénommé ) et l’intercession de Marie. Cette dernière fait ici figure de médiatrice entre les pèlerins de la vie et son divin fils.
☞ Les Béatitudes invitent les chrétiens à devenir de lumineux témoins de la Bonne Nouvelle. Elles nous disent à leur manière que la sainteté est fidélité à la Parole de Dieu, justice, amour, miséricorde, pardon et paix. Etant donné le décalage entre la vie menée par les saints et l’existence ordinairement vécue par les femmes et les hommes de tous les temps, il est difficile de croire que la sainteté soit possible à tous ; elle semble, plutôt, réservée à quelques élus. Pourtant, dans la perspective catholique, la fête de la Toussaint signifie qu’au-delà du nombre limité de personnes inscrites au calendrier universel, de nombreux fidèles inconnus ont atteint l’idéal chrétien : la communion avec Dieu.
“Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !” » (Mt 5, 1-12a) |
On ne peut mieux conclure ce parcours de la sainteté dans l’iconographie romane qu’en rapportant ce que Régine Pernoud, spécialiste du Moyen Age, disait de ces êtres étonnants que sont les saints du Moyen Age : ils « ont cela de particulier qu’ils se ressentent d’avoir été élus par la foule. La plupart d’entre eux n’auront pas passé par les étapes régulières de la canonisation ; ils sont, si l’on peut dire, moins scientifiquement contrôlés; la légende s’accroche à leur renom et les magnifie quelquefois au-delà de ce qu’on attendrait. Ce sont des gens de pleine foule, de pleine pâte, et leur gloire se fait de bouche à oreille, dans l’empressement de célébrer leur fête, ce qui ajoute à leur joie de vivre ».( Régine Pernoud, 1984, p. 283 ).
Les saints et les saintes tenant une place majeure dans la vie culturelle de l’âge roman tous les modes d’expression ont été utilisés pour en faire mémoire : la plume du copiste, le pinceau du peintre, le ciseau du sculpteur.
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