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Four de l'Ormeau, Buxerolles.
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Jean-Luc Herpin et ses amis de l'association  « La Mie de pain des fours et des moulins » ont remis en chauffe, en mai 2012 le four à pain du hameau de La Porcelaine situé entre Lussac et Moulismes construit il y a plus de 150 ans.
L’association des Planteurs de Patates de Liniers a participé le 16 septembre 2012, dans le cadre des Journées Nationales du Patrimoine, à l'animation "Autour du four à pain" dans le hameau de Lorière à Liniers ; cela a été l'occasion de remettre en fonction le four à pain du village.

En cette année 2013, le four à pain du château de Mont-sur-Guesnes a été remis en chauffe le 16 avril ; les 31 mai et 1er juin un stage "pains" a été organisé au four de la médiathèque à Saint-Julien-l'Ars ; le 2 juin de cette même année, la Fête du pain d’Ayron a permis de réveiller, pour la quatrième fois, le vieux four qui fait partie de l'histoire de la commune puisqu’on trouve des traces de son existence, dès 1543 à l'époque du Prieuré, domaine de l'Abbaye Sainte-Croix de Poitiers. Le vieux four, racheté par la commune, a été réhabilité par l'association « Ayron découverte ».

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Fête du pain, vieux four du Prieuré, Ayron, Vienne.© La Nouvelle République 25/05/2011

Ainsi, nombre d’associations s'investissent depuis de nombreuses années pour mettre en valeur le petit patrimoine local et remettent en chauffe chaque année leurs vieux fours à bois sagement réhabilités. Voici le type d’informations locales que diffuse tant la presse régionale que les sites de la Toile montrant le renouveau d’actualité du sujet : la redécouverte des vieux fours à pain.
Pourquoi cet engouement actuel pour les fours alors qu’il est si simple de se procurer pains ordinaires ou fantaisies sans se donner la peine de faire sa pâte et de quérir son bois ? C’est sans doute qu’un four chauffé au bois présente pour nos contemporains une dimension un peu magique tout en permettant de retrouver une certaine forme de convivialité lorsque l’on partage entre amis tout un repas cuit à l’aide de ce petit patrimoine du passé.
Mais historiquement le pain a revêtu une importance majeure en Occident. Le pain ne s'est répandu que lentement comme base de l’alimentation dans toutes les couches de la population. Il est traditionnellement une composante essentielle de l’alimentation : on consomme avant tout des aliments à base de céréales comme les bouillies, les galettes ou du pain. Nicolas de Bonnefons dans « les Délices de la campagne », ouvrage faisant suite à son fameux « jardinier françois » écrivait en 1662 : « En plus neceffaire de tous les Alimens, que la Divine bonté a creez pour l'entretien de la vie de l'Homme , c'est Le Pain ; fa benediction s'eftend tellement -fur cette nourriture, que jamais l'on ne s'en defgoute, & les Viandes ies plus precieufes , ne le peuvent manger fans Pain. »

A la période médiévale, chaque pays, région ou ville avait ses propres produits de boulangerie. Les boulangers des villes étaient regroupés en corporations et bénéficiaient d'une grande considération. Ils étaient soumis à des prescriptions très sévères et le prix du pain était légalement fixé.

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Four d'une boulangerie citadine. Calendrier des bergers ( XVe siècle)

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Four rénové de l'ancien prieuré d'Ayron qui serait antérieur à 1543.

La situation était totalement différente à la campagne. La population rurale cultivait son propre blé et cuisait même généralement son propre pain. Sous l’Ancien Régime, les seigneurs se réservaient le monopole de la cuisson du pain dans le « four banal » et prélevaient des redevances ou banalités à chaque utilisation.
Le «  
ban » représente un pouvoir de commander et de punir si nécessaire, exercé sur un certain territoire par une autorité, en général le seigneur. En est dérivé le mot :  «banalité» qui est une servitude consistant dans l'usage obligatoire par tous les tenanciers, et contre paiement d'une rétribution, d'un moyen de production appartenant au seigneur. Ce droit de monopole découle des droits de police et de justice. Les nobles et ecclésiastiques n'y sont pas soumis. Les principales banalités s'appliquent dans notre région au moulin, au four et au pressoir.
Vouloir se dispenser de recourir au four à ban était sévèrement puni d’amendes. A titre d’exemple, en terre de Vienne, l’abbesse de Sainte-Croix essayait de faire respecter de façon stricte la banalité du four de Montgauguier ( aujourd’hui Maisonneuve). Elle engageait régulièrement des procès contre certains habitants qui avaient fait construire un four chez eux à l’occasion de circonstances exceptionnelles. Au XVIe siècle les paysans d'Ayron cuisaient le pain dans le four du Prieuré. Ils versaient à chaque fournée un pain à l'abbesse; s'il était de mauvaise qualité, le pain donné était remplacé par un denier !
Après la Révolution le four communal prit la place du four banal et les plus grandes fermes eurent leurs propres fours. Les petits paysans faisaient cuire la pâte qu'ils avaient préparée eux-mêmes dans un four communautaire appartenant à un groupe de voisins.
A la campagne, on cuisait généralement encore à domicile aux alentours de 1900, dans des fours chauffés au bois. La cuisson avait lieu une fois par semaine, voire par quinzaine.
Dans toutes les provinces françaises on retrouve des vestiges de ce petit patrimoine qu’est le four à pain ; il en est ainsi dans le Poitou, mais qu’en est-il plus précisément en terre buxerolloise ? Quelles sont les caractéristiques de ces anciens fours ? Quel en est le mode de fonctionnement ? Existe-t-il un art de la cuisson ? Des dictons autour du four et du pain seront ensuite rappelés.
Après un premier essai de recensement des fours à pain de Buxerolles on jettera un premier regard sur un groupe de fours rénovés ou en cours de réhabilitation dans le département de la Vienne.

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Un four de Saint-Laurent de Jourdes, Vienne.

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