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Consommation et modes de vie
Consommation et modes de vie
  • © Décembre 2022 joël jalladeau Courriel 0

Consommation et modes de vie


MODES DE VIE DU MONDE D' APRES … ?

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Avec Gilles Lipovetsky les travers de nos sociétés hypermodernes, où le désir frénétique de posséder et de plaire confine à l'obsession ont été dénoncés. Ce qu'il convient maintenant de souligner, c’est le fait que la fascination pour la consommation s'est imposée à l'échelle mondiale.
Jadis, les mondes étaient cloisonnés. Dans les sociétés anciennes chacun était conscient d’appartenir à une culture, à un groupe social, à une classe. Avec l’âge moderne, quelle que soit sa culture, chacun aspire, si possible, à vivre mieux, à consommer davantage. 
Sauf à affronter un cataclysme écologique ou économique l’âge de l’hyperconsommation a tendance à créer un état d’insatisfaction permanent. A cet égard, le nouveau rapport du GIEC 2022 rappelle l'urgence d'agir en faveur d'un développement résilient au changement climatique. Le
monde plus chaud qui s'annonce vers les années 2050 et la puissante vague de changements que nous connaissons bousculant tant les vies personnelles que les sociétés elles-mêmes accroissent les appels à plus de sobriété. Nous vivions, en effet, dans un monde qui avait oublié les risques de pandémie et de conflits. La pandémie mondiale du Covid-19 des années 2020 et la guerre en Ukraine en 2022 rappellent au plus grand nombre la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et aux ressources naturelles.
Le monde d'aujourd'hui n'étant plus celui d'hier et ne pouvant être celui de demain la question se pose de définir un mode de vie soutenable pour tous à l'échelle mondiale ? Le débat social autour de l’idée de « mode de vie durable » conduit à rouvrir la réflexion sur l’interaction entre le mode de vie et l’environnement. L'écologie politique contemporaine interroge les déséquilibres qui s’amplifient entre le processus d’expansion du mode de vie occidental, qui s’affranchit des contraintes naturelles, et les limites en termes de ressources et de régulations climatiques de la planète. Cette perspective invite à accroître la réflexion sur le mode de vie pour le placer au centre du débat sur le changement social que pourrait porter la dynamique de la transition écologique.
Rappelons donc les caractéristiques générales du rapport du GIERC avant de mettre en perspective quelques réflexions et pistes d'action proposées par des essayistes.
- les panels de solutions évoquées par le GIERC,
- les réflexions de Serge Moati,
- les thèses de la décroissance, Serge Latouche,
Timothée Parrique,
- le " Grand basculement " de
Philippe DESSERTINE,
- des modes de vie alternatifs ?


* En termes d'émissions de tonnes de CO2, le fossé selon le degré de richesse est évocateur. A l'échelle mondiale, les 1 % les plus riches ont émis en moyenne 110 tonnes de CO2 par an et par habitant, quand les 50 % les plus pauvres ont émis en moyenne 1,6 tonne de CO2 par an et par habitant. @CC0
Les 1 % les plus fortunés de la planète sont à l’origine de 17 % des émissions mondiales de CO2. Tandis qu’à l'opposé du spectre, les 5
0 % les plus pauvres de la population mondiale n’ont entraîné que 12 % des émissions mondiales.
Laboratoire des inégalités mondiales, qui a publié ses résultats pour l‘année 2019 .   Les 1 % les plus riches ont ainsi émis en moyenne 110 tonnes de CO2 par an et par habitant, quand les 50 % les plus pauvres ont émis en moyenne 1,6 tonne de CO2 par an et par habitant, soit 70 fois moins. Or, pour respecter un scénario de réchauffement limité à 1,5°C, il faudrait émettre environ deux tonnes de CO2 par an et par habitant !!!
*Le rapport GIEC fait état d’un panel de solutions pour nous guider vers un monde bas-carbone. Si ces solutions sont déjà connues, il est intéressant de noter que la notion de sobriété (“sufficiency” en anglais) est largement mise en avant.
Le 4 avril 2022 est paru le nouveau rapport du groupe de travail III du GIEC . Hélène Chauviré, Louise Badoche proposent ci une synthèse des points clés du rapport.https://www.carbone4.com/team-member/louise-badoche
Ce dernier rapport du GIEC est clair : il faut agir aujourd’hui, maintenant, tout de suite.   
Réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Si nous voulons respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, les émissions doivent atteindre leur pic entre 2020 et 2025 au plus tard, et décroître jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050. Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de près de 50% d’ici 2030 et de 80% d’ici 2040 par rapport à 2019 pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, et l’ensemble des gaz à effet de serre sont à prendre en compte. Avec un pouvoir de réchauffement de l’atmosphère 30 fois supérieur à celui du CO2, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre le plus important. La réduction des émissions de méthane est donc un levier majeur et très impactant dans la lutte contre le changement climatique.  
Le levier de la sobriété et de la transformation de nos modes de vie est également essentiel et complémentaire. Ce levier est essentiel et demande des engagements sociétaux et politiques. Sobriété c'est-à-dire changer nos habitudes et adopter un mode de vie plus sobre nous permettrait de réduire nos émissions de 40% à 70% d’ici 2050.
Afin d’atteindre la neutralité carbone planétaire, il est impérieux d’opérer une réelle transition entre les énergies fossiles et les énergies bas-carbone, et de développer largement les puits de carbone, tant technologiques que naturels, en faisant un meilleur usage des terres et forêts par exemple. Les villes, aujourd’hui sources d’émissions importantes, ont un rôle évident à jouer dans la contribution à la neutralité. La construction et l’usage des infrastructures doivent entre autres être repensées pour tendre vers le net zéro.
L’innovation technologique au service de la réduction des émissions (électrification des véhicules, énergies renouvelables, matériaux de construction bas-carbone etc.) est un levier à ne pas négliger dans la transition énergétique. Même si elle ne constitue pas une réponse complète et durable on peut souligner quelques innovations.
On peut mentionner l'invention d'un téléphone portable conçu et assemblé en Côte d'Ivoire est désormais disponible pour les analphabètes qui, grâce à un système de commande vocale, peuvent l'utiliser dans 50 langues africaines à un prix abordable.
Ce téléphone peut répondre à la "frustration" que rencontrent les utilisateurs analphabètes face à l'offre technologique actuelle, "obligés de savoir lire pour utiliser un smartphone, une tablette ou un ordinateur", explique-t-il à l'AFP.
"Les différentes institutions ont d'abord voulu alphabétiser les populations avant de mettre à leur disposition les technologies", constate-t-il, ajoutant: "On peut sauter la lecture et l'écriture et aller directement vers l'insertion dans la vie économique et sociale des personnes".
Confectionné sur le site du Village des technologies de l'information et de la biotechnologie (Vitib) de Grand-Bassam, une zone franche proche de la capitale ivoirienne, le développement de ce téléphone 100 % ivoirien fait l'objet d'une collaboration étroite avec le gouvernement. 
L'entreprise ne paie ni impôts ni droits de douane. L'implantation de l'usine d'assemblage a en outre bénéficié d'une subvention de deux milliards de francs CFA (plus de trois millions d'euros).
Des aides en échange desquelles Cerco s'est engagée à verser 3,5% de ses revenus à l'Etat et à former quelque 1.200 jeunes chaque année. 
Grâce à un partenariat avec le géant français de la télécommunication Orange, le "Superphone" sera distribué dans 200 boutiques sur l'ensemble du territoire ivoirien. 

** Comme toujours l'accord est encore est loin de satisfaire les ONG de défense de l'environnement, qui regrettent sa faiblesse et le fait qu'il ne soit pas juridiquement contraignant.
Aujourd'hui responsable de 2,5 à 3% des émissions mondiales de CO2, le secteur aérien s'avère difficile à faire passer aux énergies renouvelables, même si l'industrie aéronautique et les énergéticiens y travaillent à augmenter la capacité de production des carburants d'aviation durables", d'origine non fossile, principal levier pour réduire les émissions du secteur aérien selon les compagnies..
L'avion concentre les critiques car il est vu comme un moyen de déplacement réservé aux plus riches. En outre, 50% des émissions de l'aérien proviennent des 1% de voyageurs se déplaçant le plus
.
Engagements politiques et financiers. Si des politiques climatiques sont aujourd’hui en place, elles restent insuffisantes pour engranger une transition. Il faut ne pas oublier que les répartitions des émissions de GES continuent de varier de manière inégale, à la fois géographiquement et socialement.
Ils doivent également agir sur les inégalités et aspirer à une justice sociale, qui sera équitable et encouragera la société dans son ensemble à atténuer le changement climatique.
Sans de nouvelles réglementations fortes et radicales, les émissions continueront d’augmenter passé 2025 en péril les objectif 1,5°C et 2°C, qui assureraient encore une vie juste et viable sur Terre. 
L'humanité a un choix : coopérer ou périr. C'est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif", a lancé Antonio Guterres aux près des chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Charm el-Cheihh au début de la COP27, ( novembre 2022 ).

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Une fois de plus, un sentiment d’inachevé et d’impuissance se dégage, une nouvelle fois, de la tenue de la COP27 qui vient de se terminer.

Si un point positif est à retenir, c’est celui de la création d'un fonds dédié à la réparation des dégâts déjà causés par le réchauffement climatique dans les pays vulnérables. Sans doute une avancée notamment pour certains pays du Sud ; cependant les engagements climatiques des gouvernements n’ont pas vraiment évolué depuis la COP26, et nous conduisent toujours vers un futur qui dépasse très largement l’objectif des +1.5°…


La sortie de la société d’hyperconsommation n’est pas gagnée d’avance.
Même si, d'une manière générale, le bio, l’électrique et le local ont de plus en plus la cote, en pratique, à l'échelle des problèmes, la frugalité n'est encore l’affaire que de petits groupes. La contribution de ces nouveaux consommateurs responsables à la réduction de l'impact sur nos atteintes à l'environnement est à saluer, il n'en reste pas moins que l’hyperconsommation ne fait guère que changer de visage.
Alors comment définir un mode de vie soutenable pour tous les humains sachant qu'il est difficile pour les économistes d'imaginer une réalité fondamentalement différente de celle qui sert de base à leur raisonnement habituel.
Pour aller vers plus de sobriété dans nos modes de vie les propositions des uns et des autres sont douces ou radicales. Les débats entre forces sociales et politiques seront âpres…



Crédit photo : Les cartoons de Steve Cutts
https://www.geek-art.net/portfolio-steve-cutts/

* Pour certains, la réforme complète de notre économie consumériste ne semble pas être la réponse la plus appropriée aujourd’hui, il convient de réfléchir davantage à un modèle transitoire qui serve à la fois le ralentissement de la consommation, la pérennité des entreprises et qui soit respectueux des enjeux de développement durable.
Aujourd’hui, on observe un changement de nos paradigmes de consommation, selon un article rédigé par Philippe Moati – « Société d’hyperconsommation : promesses non tenues », Revue Projet, 2017/3 (N° 358), p. 82-87 – « un Français sur deux dit vouloir consommer mieux et un quart de cette moitié est prêt à consommer moins pour consommer mieux ». Même si cela n’est pas suffisant pour engager une transition énergétique et « dé-consumériste », on constate que les consommateurs désirent un changement et attendent des entreprises qu’elles leurs proposent de nouvelles manières de consommer, et finalement de ralentir leur consommation des ressources planétaires (ex. seconde main)
Se pose alors la question d’un modèle de consommation qui saurait concilier les aspirations des consommateurs « citoyens », la pérennité des entreprises, le développement durable, mais aussi qui impacterait positivement notre société et nos relations humaines.
On appelle commerce responsable, un commerce qui se veut à la fois éthique (bénéfique à la société et à la santé de chacun), durable (bénéfique à l’environnement) et viable (bénéfique à l’économie).
Les entreprises vont en effet devoir imaginer de nouveaux modèles économiques plus respectueux des enjeux écologiques et humains.
Pour s’engager dans cette transition, les entreprises vont être amenées en effet à :

- Le consommateur comme les « producteurs » doivent adopter de nouveaux comportements et aller dans le même sens, ensemble.
https://www.suricats-consulting.com/societe-hyperconsommation/

Le défi est de concilier croissance de la consommation et respect des enjeux de développement durable. Une partie de la solution viendra des technologies (énergies renouvelables, efficacité) mais l’enjeu est aussi de réformer la consommation.
On peut tenter de promouvoir l
a sobriété, mais dans une société d’hyperconsommation, il faut engager un changement culturel nécessairement long et compliqué.