Chassay-Grammont, l'un des prieurés grandmontains
les mieux conservés de France ( Commune de Saint-Prouant ).
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Fondé, selon la tradition, vers 1195 sous l'impulsion de Richard Coeur-de-Lion, ce monastère, après diverses vicissitudes a, pendant deux siécles, abrité une exploitation agricole. Vendue comme bien national en 1791, l'ancienne " celle " grandmontaine a fait l'objet d'une importante restauration ces dernières décennies permettant de se faire, aujourd'hui, une bonne idée de l'architecture monastique originale de l'ordre de Grandmont : à l'instar de l'esprit de Cîteaux, les moines grandmontains revinrent à plus d'austérité, en réaction aux splendeurs clunisiennes ; simplicité et sobriété caractérisent l'esprit de la Règle initiée par Etienne de Muret à la fin du Xe siècle. A ce titre, malgré la forte empreinte gothique dont témoigne la celle de Chassay-Grammont, il nous a semblé pas inutile d'inclure cette dernière dans cette étude.
Dès le premier abord, c'est le grand dépouillement caractéristique de l'idéal grandmontain qui frappe le visiteur
lorsqu'au détour d'un chemin le prieuré de Chassay s'offre au regard dans la solitude des champs et des bois.
Les bâtiments conventuels et l'église, en calcaire jaunâtre,
forment un quadrilatère complet autour de la cour du cloître.
Les corbeaux de pierre supportant la charpente sont encore apparents sur les murs.
A gauche, le réfectoire ; à droite, la salle capitulaire.
Les bâtiments de l'aile nord abritent au rez-de-chaussée celliers, réfectoire et cuisine et, à l'étage, le dortoir.
Six fenêtres romanes très ébrasées en arc brisé éclairent le réfectoire couvert de voûtes gothiques détruites en 1947
et reconstruites à l'identique en 1987. Les ogives semblent jaillir d'un seul élan des colonnes.
Les arcs ornés d'une mouluration torique sont supportés par deux piliers à colonnettes sans chapiteaux.
La petite niche au fond à droite recevait le livre du lecteur.
On remarque la banquette de pierre courant le long du mur.
Côté réfectoire le passe-plat dispose de deux ouvertures de part et d'autre du pilier engagé ;
les colonnettes ont été amincies pour favoriser le passage des plats.
Le passe-plat ne comporte qu'une seule ouverture côté cuisine alors que l'arcade était double côté réfectoire.
On remarque la feuillure rappelant qu'une porte en bois occultait l'ouverture.
La cuisine comporte un grand placard aménagé dans l'épaisseur du mur.
Face est : la salle capitulaire ouvre sur la cour du cloître
par une porte et une baie comportant un motif torique.
Entourée d'une banquette de pierre la salle capitulaire est couverte
de quatre voûtes d'ogives retombant sur un pilier central octogonal et
sur des piliers adossés à colonnettes triples le long des murs.
Un chapiteau octogonal à crochets surmonte la colonne octogonale centrale.
Deux baies à larges embrasures intérieures éclairent la salle du chapitre.
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** Les voussoirs intérieurs reçoivent une décoration en " pétales de marguerite " ;
evrs le haut une croix grandmontaine rouge peut être observée.
** Sobriété de l'ornementation des colonnes engagées.
** L'escalier reconstruit en 1990 menait au dortoir.
** Sur le mur est, suite à la salle capitulaire, la porte ouvrait sur le passage aux champs.
*** La porte, à l'angle des murs est et sud, ouvre sur l'église.
Mur sud : la porte des moines, ouvrant sur l'église, est en arc brisé à deux voussures ;
les angles extérieurs des jambages comportent un cavet ( moulure en creux ).
La nef unique, dépourvue de décor, est latéralement complètement aveugle.
L'abside semi-circulaire, plus large que la nef, est éclairée par trois étroites baies ébrasées.
A la suite d'un séisme ( ? ) la chapelle a perdu sa voûte en berceau brisé ;
les arrachements subsistants sont surmontés d'une charpente datée 1637.
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Deux niches encadrent l'abside : - au nord, une armoire liturgique couverte par un arc en plein cintre ;
- au sud, une piscine liturgique à deux bacs.
Une haute baie en plein cintre éclaire la façade ouest de l'église.
Le mur sud de la nef comporte la porte d'entrée des fidèles.
Celle-ci présente une triple voussure en arc brisé possédant chacune un cavet.
La voussure extérieure est surmontée d'une corniche formant larmier
afin de favoriser l'éloignement de l'eau de pluie des murailles.
Quatre contreforts consolident le chevet à trois pans de l'église.