Carte de situation.

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Cette galerie photos entend modestement préparer la route en présentant les divers volets de l'art de construire abbayes et prieurés en Vendée ; il est bien entendu que c'est in situ que ces oeuvres doivent être vues.
Ce travail d'évocation renvoie la recherche érudite aux spécialistes d'archéologie et historiens de l'art. Seule l'étude de leurs travaux peut restituer totalement la saveur de la richesse du patrimoine religieux du Bas-Poitou.

La Vendée départementale forme une terre de contrastes avec son Bocage aux roches cristallines, sa Plaine s'étendant sur des dépôts sédimentaires du secondaire, ses deux marais breton et poitevin conquis sur la mer, son littoral alignant dunes et plages et ses îles. Les profondes différences dans la nature du sol n'ont pas été sans influencer, tout à la fois, les paysages et l'art de bâtir. Le matériau n'a pas joué seulement sur le nombre des églises romanes, mais aussi sur leur forme et leur structure. Les assises granitiques donnent des roches dures engendrant une architecture sévère de formes et de couleur. Ce matériau résistant se prête beaucoup moins que le calcaire aux riches ornementations finement ciselées. Les batisseurs auront donc parfois recours à des importations de roches calcaires pour habiller d'un décor sculpté plus clair et plus ouvragé les sombres structures granitiques. Par suite, il ne faudra pas s'étonner de la différence de densité et de silhouette des monuments du Bas-Poitou, compte-tenu de la nature des matériaux à la disposition des maîtres-d'oeuvre. Entre la Plaine méridionale, plongeant ses racines dans l'histoire, et le pays bocager granitique, ultime soubresaut du massif Armoricain, ce sont les visages bien différenciés du Bas-Poitou que vous êtes invités à découvrir au fil des pages web suivantes.


Brefs rappels généraux sur l'art de bâtir.
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Le Bas-Poitou ne dispose certes pas des abbayes les plus fameuses de France. Cependant, la Vendée dispose de monuments qui, bien qu'ils ne nous soient pas parvenus dans leur intégrité, permettent de se faire une certaine idée des architectures romane, gothique, augustinienne et grandmontaine. Nombre des réalisations monastiques sont de nos jours en ruines mais certaines d'entre elles, qui ont ont résisté à l'épreuve du temps et de l'histoire, ont été réhabilitées tandis que d'autres attendent encore leur remise en valeur...
** Aperçu de la disposition générale des bâtiments d'un monastère.
Abbayes et prieurés devaient disposer de l'ensemble des constructions nécessaire aux activités religieuses, économiques et sociales des moines et moniales.Les bâtiments s'ordonnent à partir des espaces les plus sacrés constitués par l'église et le cloître.


D'après L'art cistercien, Zodiaque, La nuit des temps, 1962, p. 45.

** Architecture romane / architecture gothique.
La voûte romane est dite en berceau plein cintre. Les effets de la pesanteur s'exerçant non seulement du haut vers le bas mais aussi latéralement, les murs de l'édifice doivent être épais et les baies sont de petite dimension. L'intérieur des bâtiments est donc plutôt sombre.

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Dans la voûte gothique la croisée d'ogives réduit la poussée de la pesanteur sur des piliers ceinturés deux à deux par des arcs. Les murs s'allègent ; des arcs-boutants épaulent les murs moins épais en compensant les poussées latérales. La lumière éclaire l'édifice par les ouvertures plus nombreuses et de plus grande taille. En bref, l'art gothique allégera les structures, fera monter vers le ciel les cathédrales en surélevant l'architecture pour y faire entrer la lumière.

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Le style angevin ou plantagenêt se distingue du gothique d'Ile-de-France par son caractère bombé rappelant le dôme de la coupole romane.
** Art clunisien / esprit cistercien.
La beauté des réalisations et des formes architecturales, la richesse de l'ornementation ( sculptures et peintures sont tout autant instructives que décoratives) constituent autant de caractéristiques majeures de l'
art clunisien. Dans cette perspective, la transfiguration de la pierre poussée jusqu'à la luxuriance se voulait avant tout louange de Dieu. En mettant en avant la majesté du Tout-Puissant, Cluny entend édifier les âmes par une riche et foisonnante ornementation sculptée égayant les murs pleins et les arcs en plein cintre.

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Ce qui définit l'art cistercien n'est pas tant la remise en cause des agencements structurels et des formes romanes que l'esprit avec lequel ils sont considérés.
Cet esprit de Cîteaux entendait appliquer jusque dans l'art de bâtir les principes mêmes à la base de la réforme de l'ordre bénédictin : le rétablissement de la Règle dans toute sa pureté. L'esprit cistercien est un esprit d'austérité qui se manifeste dans l'art de bâtir par l'équilibre des volumes et des proportions et dans l'aménagement des églises par la rigueur et la grande sobriété des applications décoratives.
Dans l'esprit de Cîteaux seul le dépouillement tant architectural qu'ornemental serait propice au recueillement et à la prière.
Les
grandmontains, de même, désirèrent revenir à davantage d'austérité et de fidélité à l'Evangile. Les " celles " de l'ordre de Grandmont manifestent cette humilité : pureté des formes, sobriété extrême des constructions et des ornementations.
L'architecture et l'ornementation grandmontaines sont de même marquées par une forte simplicité et austérité. Le dépouillement est le maître mot de l'ordre de Grandmont. Repoussant tout divertissement, l'esprit des moines de Grandmont se démarquera ainsi de l'art clunisien par la simplification du plan et des formes de ses édifices, par son austérité et son dépouillement.

Chez les
cisterciens, mais aussi chez les augustins et les grandmontains, plus encore que chez les autres clercs, l'agencement architectural ne saurait être réduit à ses seuls aspects techniques et fonctionnels.
Les moines de Grandmont notamment partageront avec les moines cisterciens leur désir de retrait du monde et d'ascèse ; l'art de bâtir cistercien et grandmontain sera marqué par cette soif d'absolu.

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Aujourd'hui, les historiens retiendront de ces réalisations monastiques les vicissitudes du temps et les meurtrissures infligées par les hommes. Les spécialistes de l'art priviligieront les techniques de construction et la qualité de l'ornementation, les syndicats d'initiative vanteront leur intérêt touristique, les communes et les conseils généraux, enfin, s'enorguilleront des richesses patrimoniales de leurs territoires.
Seuls
les coeurs qui cherchent Dieu sauront y voir une réalité supérieure : un idéal religieux et symbolique sans lesquels ces bâtiments n'auraient aucune raison d'être.
Pour les autres hommes seule subsistera la beauté de ces havres de sérénité et de paix que restent les abbayes et les prieurés. Espaces de spiritualité et de beauté ces édifices chargés de sens qui constituent ce patrimoine religieux parlent à l'homme d'aujourd'hui, la plupart du temps, moins pour des motivations religieuses que pour le choc esthétique.
Mais, peut-être aussi que
la mémoire des pierres restera une manière de dire l'homme à l'homme, en ce sens qu'elle révèle quelque chose d'itinéraires humains à d'autres hommes. La mémoire des pierres exprime comment une part de l'humanité s'est un temps définie avec ses interrogations, sa façon de voir et ses réponses dans sa recherche du bonheur, de sa quête de lui-même et du divin.

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