DANGERS POUR LA NAVIGATION
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L’îlot est débordé par une chaussée de roches affleurantes.

Les extrémités de l’îlot hérissées de roches donnent la mesure du danger que présentent les alentours pour la navigation. Entre les Boeufs et le large de la pointe, le croissant de roches - les Chevaux, la Servante et les Sécés - l’océan est un cimetière de navires.
On ne compte plus les épaves à proximité de l’île, à
commencer par celle du « MAIDSTONE » navire de guerre anglais, qui s'échoua le 8 juillet 1747 en poursuivant un navire français le « DROMADAIRE ».
Malgré les progrès réalisés dans la signalisation marine les naufrages continuèrent tel celui du trois-mâts norvégien « TYRUS », chargé de blé en provenance de New-York, qui s’échoua sur les hauts fonds au sud-est du Pilier, à quelques encâblures du Port de l'Herbaudière le 10 octobre 1878. Le canot de sauvetage - le
MASSILIA - mit 6 heures à rejoindre les rescapés à cause de la tempête ; onze hommes furent sauvés !

Une complainte traditionnelle vendéenne - « entre le Pilier et Noirmoutier » - rappelle ce drame de la mer :

Le-e dix oc-tobr'est a-ar-ri-vé,
Le-e dix oc-tobr'est a-ar-ri-vé,

Un joli trois mâts, ses voil's et ses cor-da-a-ges
Il y'a-vait à bord douz' hom-mes d'équipa-ge

Ce navire était norvégien
C'est entre deux eaux en traversant la Grise
Trois de nos marins ont perdu la vie

Entre le Pilier et Noirmoutier
Par les coups de vent et par les coups de mer
Les trois mâts tombés grands dieux quelle misère

Le canot d'sauvetage est à l'eau
C'est Joseph Métier et son bon équipage
Qui s'en fut sauver les hommes du naufrage

Approchez femmes filles et enfants
Venez y donc y voir la très grande misère
De tous nos marins en arrivant à terre

Qui a composé la chanson
C'est le garde phare en voyant le courage
De tous ces marins après le naufrage


D'autres navires peuvent être rappelés tels que l' « YVONNE» (brick-goélette coupé en deux par un vapeur pendant la nuit en 1893), l' « ESPERANCE » (goélette chargée d'avoine, 1 seul survivant le 11 novembre 1888), le « PIERRE-EMILE », un brick ayant sombré au même endroit le 6 janvier 1893, le « POLYNESIE », un 3-mâts échoué et perdu en 1919, le « JEUNE PAUL», un brick brisé sur les écueils en 1930.
Dans la liste des victimes de ces récifs on peut faire mention du « NICATOR », pétrolier de 600 tonneaux effectuant le trajet Blaye-Donges) qui talonna les Chevaux le 18 octobre 1928 .
Le 14 juin 1931 c’est le « SAINT-PHILIBERT » qui coula entre le Pilier et Saint-Nazaire au retour d’un périple à l’île de Noirmoutier.
On ne peut pas ne pas évoquer également le naufrage de « LA LANCASTRIA », paquebot de la Cunard, affecté au transport de troupes. Bombardé par l’aviation allemande il a sombré, entraînant avec lui des milliers de personnes ce 17 Juin 1940, au large se St Nazaire. Les gardiens du phare du Pilier recueillirent vingt-huit corps.
L’épave est officiellement reconnue comme tombe de guerre. Le site est aujourd’hui marqué par la bouée de chenal « Lancastria ».
Il faut encore mentionner le
« KROMAN » qui acheminait du charbon d'Angleterre vers Nantes en novembre 1945.Une erreur de navigation par temps de brume lui fut fatale ; il repose sur le récif des Chevaux.

LES SENTINELLES DE L’OCEAN
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Au début du XIXe siècle, si la protection des secteurs stratégiques du littoral est toujours à l’ordre du jour, c’est à parer les dangers pour la navigation de nuit que les autorités politiques, administratives et maritimes vont de plus en plus s’attacher. C’est dans cette perspective qu’une restructuration des sites fortifiés va être entreprise et qu’un programme d’éclairage des côtes va être établi.
Comme toujours il y a eu des délais entre la prise de conscience et les premières réalisations. En raison des hauts-fonds rocheux débordant le Pilier les négociants nantais demandèrent dès 1817 l’édification d’un phare sur l’île afin que soit mieux balisée l’entrée de la Loire.
En 1826 Louis Joseph Plantier réalisa les plans.
Les travaux de construction furent entrepris entre 1827 à 1828.
C’est de ce premier phare que nous voyons encore aujourd’hui l’architecture puisqu’ il fut conservé lors de la construction en 1876 d’un nouveau phare à la lanterne plus puissante.
Par rapport aux phares en mer dénommés par les professionnels - « l’enfer » - ceux-ci, situés sur une île, font partie du « purgatoire » relativement aux phares du continent dits « le paradis ». 



Les tours du Pilier :
éléments du dispositif de balisage sud de l’estuaire de la Loire ces deux amers sont on ne peut plus remarquables du large.



Cargo et bateau de pêche doublant le Pilier.



Ce porte containers vient de doubler l’île du Pilier et file vers l’entrée de la Loire.




Les sentinelles commandant l’embouchure sud de la Loire :
à côté de la tour carrée du nouveau phare s’élève toujours la tour ronde moins haute du phare primitif aujourd’hui désaffecté.



La construction initiale du premier phare remonte à 1827 ; c’est une tour cylindrique en maçonnerie de pierres apparentes de 29,50 m de hauteur.
Une restauration de la tour et l’édification des dépendances aura lieu en 1860.



Hauteur au dessus de la mer du phare primitif : 32,50 m.



Le sommet du phare désaffecté est surmonté de l' ancienne radio-balise.
Ce cliché du sommet du phare originel n’est plus possible à obtenir depuis que le nouveau phare ne se visite plus.
Il a donc été emprunté au site http://expo-batir-l-avenir.over-blog.com/categorie-344817.html



Le second phare date de 1877; plus élevé et plus puissant que le feu originel c’est une tour de forme pyramidale en moellons de 30,20 m de hauteur focale couronnée par une murette en briques rouges. La tour a été construite en moins de 5 mois, du 4 juin au 15 octobre 1877.
Entre les deux tours prennent place les locaux techniques.



Le phare en activité comporte une grande lanterne rouge à vitrages cylindriques. Hauteur au dessus de la mer : 34,20 m.
Coordonnées géographiques : - 47° 02’ 6’’ N - 02° 21’ 6 ’’  W


Gros plan sur la lentille. La portée lumineuse du feu est d’environ 26,5 milles. Feu à 3 éclats groupés toutes les 20 sec.

En 1996, le phare qui ne se visite pas a été totalement automatisé ; il est télécontrôlé depuis Saint-Nazaire. L’autonomisation a entraîné le départ des gardiens laissant le champ libre aux oiseaux.



A l’intérieur de l’édifice un escalier de distribution en charpente métallique comptant 155 marches prend place.Ce cliché n’est plus possible à obtenir depuis que le nouveau phare ne se visite plus.
Il a donc été emprunté à l’ouvrage suivant :
Images du patrimoine - Ile de Noirmoutier, Vendée, Imprimerie Nationale, 1988 p. 64.



Sur la face sud-est du phare, une demi-lanterne auxiliaire est installée à 7 mètres au dessus du sol équipée d’une optique d' horizon à secteur rouge ; ce feu scintillant signale le plateau des Boeufs.



« Le Martroger » ancien baliseur-ravitailleur construit aux Sables d’Olonne en 1933.
Ce batiment a assuré pendant des décennies le bon fonctionnement de la signalisation maritime de la zone ainsi que la relève des gardiens de phare de l'Ile du Pilier.