HISTOIRE D’ÎLOT : un parfum d’aventure
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L'îlot du Pilier, aujourd’hui abandonné par les hommes, est devenu le royaume des oiseaux marins. Pourtant il n’en a pas été toujours ainsi. Des groupes humains s’y sont historiquement installés et puis sont repartis renonçant rapidement à pérenniser leur installation du fait des difficultés de la vie sur ce massif rocheux battu par les éléments.


** Le temps des moines.
Ce sont des moines de saint Bernard qui les premiers tentèrent en 1172 de fonder un établissement - Notre-Dame-de-l’Île-Dieu - pensant trouver en cet espace de solitude un lieu favorable à la vie monacale. C’est parce que sur le continent la communauté religieuse de Buzay ( près de Nantes ) devenait trop importante que quelques-uns de ses membres furent envoyés sur le Pilier fonder une nouvelle maison.

Mais l’’âpreté des conditions de vie - même pour des religieux recherchanr l’ascèse - les contraint à quitter cette lande extrême pour s’établir en 1205 sur une terre plus hospitalière concédée par le seigneur de la Garnache. C’est ainsi que fut fondée ce qui fut nommée plus tard l’abbaye Notre-Dame de la Blanche en l’île de Noirmoutier entre le Vieil et l’Herbaudière.
La petite chapelle que les moines blancs avaient édifiée à une des extrémités de l’insula Dei ( l’île de Dieu ) a disparu.


** Le temps des pirates et des militaires.
Si le Pilier permet difficilement l’établissement permanent de groupes humains, il n’en reste pas moins que sa situation stratégique à l’entrée de l’estuaire de la Loire le rend attrayant comme repaires de corsaires, de «  gueux de mer  » et de pirates de tout crin entre le XVIe et XVIIe siècles s’en prenant aux navires de commerce se dirigeant vers Nantes. Ils contrôlaient ainsi le trafic depuis l’îlot qui leur servait également de refuge une fois les razzias opérées.

Pour lutter contre la multiplication des actes de brigandage aux alentours de l’îlot les négociants nantais décident la construction d’une batterie. Les travaux commencés en 1693 ne furent pas terminés faute de ressources.
Il reprirent en 1710 pour s’achever 5 ans plus tard. La garde du fortin circulaire sera assurée par des soldats de marine «  rebut de leur compagnie » qui se mutineront souvent devant l’âpreté des conditions de vie. Désaffecté au XIXe siècle le fort fut remplacé par un sémaphore.
Ce sont les vestiges de ces constructions militaires que nous pouvons encore observer aujourd’hui.
Dans la première moitié du XVIIIe siècle le Pilier sera encore le spectateur de combats entre corsaires anglais pourchassant les navires marchands et la marine de guerre française.


** Après le temps des religieux et celui des militaires vint le temps des gardiens de phare jusqu’en 1996 date de l’automatisation des installations..
Après leur travail de veille et d’entretien du matériel les gardiens de phares s’adonnaient lors de leurs moments de liberté à des activités personnelles variées ; avec le canevas une des plus typiques est probablement la fabrication de bateaux mis en bouteille.


** Le temps des goélands.
Après le départ des derniers gardiens de phare, l’île abandonnée par les hommes est devenue le paradis des oiseaux de mer.

** Au final, le Pilier apparaît comme un lieu de veille
- spirituelle au XIIe siècle en tant qu’insula dei ;
- militaire ensuite avec l’édification de fortifications ;
- maritime depuis le début du XIX e siècle afin d’aider les navigateurs à parer les dangers alentours ;
- écologique aujourd’hui avec la prise de conscience de la nécessaire préservation du patrimoine bâti et naturel.


LE PILIER, POINT STRATEGIQUE A L’ENTREE DE LA LOIRE
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A la manière d’Alcatraz, sous d’autres cieux, le Pilier semble surgir des flots... L’impression est d’autant plus forte que le coefficient de marée est élevé et que l’on est au plus près de la marée basse.
Le toit rouge de la maison du sémaphore apparaît nettement au-dessus des anciennes fortifications.




C’est la photo aérienne qui révèle le mieux la disposition des constructions réalisées sous Louis XIV ( 1710-1713 ) : des douves entourent un fortin circulaire.
Des aires rectangulaires délimitées par des murets de pierres constituaient des aires d’élevage.
Crédit photo : monsieur Olivier Macé
http://www.survoldefrance.fr/affichage.php?lieu=Ile+du+Pilier
Photographie aérienne : Ile du Pilier. Vendée (85). Opérateur O. Macé. Cliché n° 2512.




Vue d’ensemble du fortin/sémaphore.
Derrière un rempart d’artillerie protégé par des fossés d’une dizaine de mètres de large s’élève le petit fort circulaire.

L’ancienne maison d'habitation - ou sémaphore - située sur le fortin au centre de l'île.



Fortin, retranchements, un corps de garde ; les goélands ont remplacé les soldats...

Désaffecté au XIXe siècle le fort fut remplacé par un sémaphore.




Abri en pierres pour les militaires en mission de surveillance des alentours.



Depuis que les gardiens ont quitté le phare pour raison d’automatisation certains indélicats en escale n’ont pas respecté le lieu ainsi qu’en témoignent ces dégradations commises tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments.
( Ce montage a été réalisé grâce à des
clichés d’Alain Brelaudier publiés dans la chronique noirmoutrine tenue par Alain Devineau : île du Pilier : actes de vandalisme, pp.28 à 30. Lettre aux Amis. Eté 2000, n° 118 ).



Après des opérations de nettoyage du sémaphore et des chemins d’accès, une réfection de la toiture, des fenêtres et portes blindées ont dû être installées pour éviter le renouvellement d’ effractions et dégradations.

Il faut en remercier les bénévoles de la
Société pour la conservation de l’île du Pilier qui entend promouvoir l’image de l’îlot. Soutenons les !