Saint-Pierre de MOZAC (ou MOZAT )
ou le plus haut degré de la sculpture.
L'église abbatiale date du début du XIie siècle. Edifiée sur les fondations d'un monastère fondé au VIIe siècle par Calmin, comte d'Auvergne,
elle a été reconstruite au XVe. Malgré les avatars subis au cours des siècles et ses remaniements successifs, elle reste un des monuments majeurs
de Basse-Auvergne ; mais, elle le doit, par la force des choses, moins à ses vestiges architecturaux romans qu'à ses splendides sculptures.
L'église Saint-Pierre telle qu'elle se présente aujourd'hui avec son clocher-porche.
Des vestiges d'un premier édifice peuvent être retrouvés au rez-de-chaussée du clocher.
Les arcatures extérieures de la tribune sont une reconstitution du début du XXe siècle.
Jusqu'au XVe siècle l'église Saint-Pierre fut une des plus grandes et des plus belles réalisations de Basse-Auvergne.
Après les tremblements de terre qui se produisirent en ce temps le transept pour une grande part et le choeur furent reconstruits à la fin de ce siècle.
Ne furent conservés que les piliers et les grandes arcades de la nef ainsi que le bas-côté nord.
La voûte d'ogives actuelle ne date que de 1741.
Vestiges à l'est, au chevet de l'église.
Si à l'extérieur le monument n'est plus que l'ombre de lui-même,
c'est l'intérieur de l'édifice et ses chapiteaux qui retiennent l'attention.
Linteau dit de " l'hommage ".
Du côté du croisillon sud, subsiste, dans la cour de l'ancien cloître, un linteau en bâtière du XIIe siècle
symbolisant à la fois le ciel et la terre.
La Vierge de Majesté portant Jésus sur les genoux est entourée de religieux et de saints.
A sa droite saint Pierre, et saint Austremoine dont la main droite esquisse un geste
en direction de l'abbé de Mozac en prière.
Détail du linteau : la Vierge est assise entre saint Pierre ( à sa droite ), patron de l'abbaye, et saint Jean.
Gros plan sur l'abbé de Mozac prosterné ; c'est lui qui fit construire l'église romane.
La châsse de saint Calmin, chef-d'oeuvre de l'émaillerie limousine, date de 1168.
La face principale montre le Christ en gloire et en croix entouré des douze apôtres.
Les trois fameux chapiteaux déposés provenant du
déambulatoire du choeur roman détruit .
A. Le chapiteau de la RESURRECTION.
( Un des deux chapiteaux déposés au bas de la nef ).
Le tombeau du Christ.
Des arcades avec draperies et lampes, un petit clocher donnent à ce sépulcre les allures d'une église.
Le sommeil des gardes.
Les soldats, envoyés par Pilate pour monter la garde auprès du tombeau,
se sont endormis les uns contre les autres.
( Leurs cottes de mailles, leurs casques pointus, leurs écus évoquent l'équipement militaire du XIIe siècle ).
La visite des femmes au sépulcre
ou l'évocation de la résurrection du Christ.
Au matin de Pâques, les Saintes Femmes se rendent au tombeau portant leurs fioles de parfum afin d'embaumer le corps duCrucifié...
Gros plan sur deux saintes femmes.
A droite, le fin visage illuminé de Marie-Madeleine ;
à gauche, une figure féminine plus âgée aux traits plus graves.
La rencontre des saintes femmes et de l'ange.
A leur arrivée au tombeau les saintes femmes sont arrêtées par un ange assis, les pieds sur la dalle du tombeau et les ailes déployées.
De la main droite, il leur indique le sépulcre vide ; d'un beau geste, du bras gauche, il les envoie dire aux disciples de Jésus la Bonne Nouvelle.
Gros plan sur le geste d'envoi de l'ange.
B. Le chapiteau dit des " ATLANTES ".
( Un des deux chapiteaux déposés au bas de la nef ).
Aux angles de la corbeille sont sculptés quatre hommes nus, à genoux,
dont les mains et les pieds essaient de se se rejoindre au milieu de fleurs, de fruits et de feuillages.
S'il faut, devant toute sculpture romane éviter de n'en voir que l'apparence, ces " atlantes " , par leur rôle de soutien de l'édifice,
ne remplissent-ils pas avant tout une fonction de soutien de l'Eglise ?
Le milieu végétal de cette composition, sur un thème repris de l'Antiquité, n'évoque-t-il pas aussi " l'arbre de Vie ",
l'Eucharistie devant être le soutien des " fils de la résurrection"?
Détail.
C. Le chapiteau des QUATRE ANGES DE L'APOCALYPSE
et des QUATRE VENTS.
Découvert dans un mur en 1983, au cours de travaux, il avait été employé comme pierre à bâtir au XVe siècle.
Ce chapiteau a été mis en valeur à l'entrée du choeur.
Les quatre anges debout, joliment vêtus, cherchent à fermer la bouche de quatre hommes accroupis,
nus personnifiant les vents.
Ce qui sort de la bouche de l'homme peut être le bon comme le mal.
En conséquence, le geste de fermeture de la bouche, qu'esquissent les anges,
peut évoquer, selon François Garnier, quatre mauvais usages de la parole.
Au-delà de sa valeur décorative, la riche composition de l'imagier, attire l'attention sur le mal
qui peut être généré par la parole ainsi que sur le bien-fondé d'observer le silence et
de réfreiner le mal que pourrait provoquer l'émission de certains propos : médisance, calomnie, séduction....
Gros plan sur le geste d'un ange contraignant un personnage au silence.