Des abbayes aux portes de Poitiers.
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** L'abbatiale du Pin, commune de Béruges.
Dans son écrin de verdure de la vallée de la Boivre, où une source était déjà vénérée, l'abbaye du Pin remonte à l'année 1120. Elle fut affiliée à l'ordre de Cîteaux en 1163 et prit le nom de Notre-Dame du Pin. Les XIIIe et XIVe furent des siècles de prospérité.
Lourdement endommagée par la guerre de Cent Ans, elle est brûlée pendant les guerres de Religion, alors que Poitiers est assiégée en 1569. Elle est de nouveau restaurée en 1649, époque à laquelle datent les bâtiments conventionnels actuels. En 1792, les biens du clergé furent confisqués et déclarés "biens nationaux" : bâtiments, terres et biens de l’abbaye furent vendus. Malgré leur état, les abbatiales du Pin et de l'Etoile demeurent d' émouvants témoins de l'esprit de Cîteaux en Poitou ; à ce titre, elles méritent échapper à la chape de silence qui, trop souvent, les enveloppe.



Un décor bucolique accueille le visiteur de l'abbaye du Pin : en arrière-plan des beaux communs du XVIIe siècle, dits couramment " l'hôtellerie", se détachent les vestiges de l'abbatiale. L'architecture est en accord avec l'esprit cistercien : dépouillement, équilibre des volumes et des proportions, sobriété de l'ornementation. On est loin de l'esprit de Cluny que notre parcours d'initiation à l'art roman en Poitou permet déjà de découvrir.

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La grande baie occidentale gothique à meneaux permettait à la chaude lumière du couchant d'inonder la nef.
Des contreforts soutiennent la façade. Au-dessus de cette fenêtre un oculus perce le pignon.
"Le pignon fut faict en l’an 1598" ; telle est l'inscription qui peut être lue très aisément, à l'autre extrémité de la nef, sur le sommet du mur oriental.



Le bas de la façade de l'église comporte deux portes. L’une au centre est la porte principale ; l'autre, latérale et plus petite, contiguë au contrefort de la façade, est la porte des convers.



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Portail principal et détail de la partie droite. Les voussures sobrement ornées de moulurations à tores retombaient de part et d'autre sur une colonne engagée. Les deux chapiteaux encore en place étaient supportés par ces petites colonnes aujourd'hui disparues.



Angle Nord-Ouest de l'intérieur de la nef. L’Eglise de l’Abbaye de Notre Dame du Pin ( du XIIe au XVIIe siècles ) suit un plan simple . La nef est dépourvue de collatéraux ; c'est donc un vaisseau unique divisé en trois travées carrées par des demi-colonnes sur dosserets. Une plinthe chanfreinée à mouluration torique parcourt la base des murs. L'édifice a beaucoup souffert de l'état de ruine durable et répété supporté de1569 à1643, puis de la Révolution à nos jours, et accru, enfin, par l'enlèvement de la toiture en 1952.





Façade Sud de la nef.
Le transept et le choeur ont disparu avec les restaurations de la fin du XVIe et du XVIIe siècles ; ils sont remplacés par le grand corps de logis de l'aile orientale disposé en équerre par rapport à l'église.

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La nef est éclairée par sept baies : l’une en façade et deux par travées se faisant face. Le plein cintre des fenêtres est surhaussé d'archivoltes formant cordon continu. Pour les spécialistes, l'existence d'un transept saillant est attestée par les structures qui entourent la tour d'escalier située dans l'angle sud-est de la nef.



A gauche, départ de l'aile conventuelle du XVIIe siècle et façade Nord de la nef. Le chœur et le transept ont disparu à la suite des remaniements effectués. En entrant dans les bâtiments conventuels sur la droite, on descend par un escalier de pierre dans une chapelle aménagée sous l’ancien chœur.
Au rez-de-chaussée se trouve, proche de l’escalier, la salle capitulaire. A l’autre bout du bâtiment (cuisine actuelle), la salle des moines.


Dans le mur de la nef, du côté du cloître, se remarque un bel enfeu. Il était autrefois surélévé de cinq marches par rapport au sol ; la disparition de ces dernières met bien en évidence la surélévation considérable du niveau du sol exterieur par rapport au niveau initial.



Une troisième porte s’ouvre dans le mur nord de la seconde travée permettant l'accès direct au cloître. On ne connaît pas la date de la disparition de ce dernier qui, à l’origine, était très certainement en bois.