** L'ancienne abbaye de Nouaillé-Maupertuis.
Baigné par les eaux du Miosson, le petit monastère Saint-Hilaire et Notre-Dame remonte au VIIIe siècle. Il reçut en 830 les reliques de saint Junien, un homme du pays, familier de la reine Radegonde ; l'abbaye prit alors le nom de Notre-Dame et Saint-Junien.
Lors des guerres de Religion, Nouaillé connaît le sort de la plupart des abbayes et des églises poitevines. En 1569, le choeur de l'église, le cloître, les dortoirs disparaissent dans un incendie ; seule la nef est
relativement épargnée. Même si l'abbaye entre dans la congrégation des bénédictins de Saint-Maur en 1618, il faudra encore attendre pour que les moines reviennent à la ferveur primitive que les mauristes entendaient faire revivre. Faute d'argent, la restauration des bâtiments endommagés va demander de longues années. La reconstruction de l'église, de la toiture et des dortoirs commence à partir de 1645 ; les travaux du choeur s'achèveront en 1690. L'édifice a ainsi connu de nombreux remaniements et travaux de restauration entre le XIe et le XVIIIe siècles avant d'être
vendue en 1792 et devenir église paroissiale.



Vue générale de l'église et des fortifications.



L'histoire de l'abbaye est traversée par les guerres. La bataille de septembre 1356 opposant les armées du Prince Noir et du roi de France Jean le Bon se déroula dans les mauvais chemins - maupertuis- des alentours. Ces évènements dramatiques incitèrent les moines à entourer leur abbaye d' enceintes, tours et portes fortifiées ; ainsi s'explique le pittoresque du site.



L'église actuelle succède à plusieurs chapelles. Le mur nord de la nef constitue la partie la plus ancienne de l'abbatiale ( XIe siècle ).
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Le mur extérieur nord de l'église témoigne des aménagements subis par l'édifice au cours des siècles. Le petit appareil cubique remonte à l'époque carolingienne. Au-dessus des deux larges arcades très simples du rez-de-chaussée s'élève un système d'arcatures plus petites reposant sur des pilastres ou sur des colonnettes.


Lorsqu'on a voulu remplacer la charpente de la nef par une voûte en pierre on l'a divisée en trois vaisseaux à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe.Les bas-côtés sont voûtés en berceau plein-cintre ( ici côté sud ). Des arcs étrésillons en quart de cercle relient les piliers aux murs.



Les piliers s'élancent vers le ciel ( ici côté nord ). La nef comporte quatre travées approximativement carrées et flanquées d'étroits bas-côtés.



Dans la nef l'ornementation sculptée des chapiteaux est simple : volutes, feuillages, masques.

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Personnages soutenant des colonnes d'angle dans le transept.



L'extrémité ouest de l'église est dominée par un puissant clocher-porche ajouté à la fin du XIIe siècle.
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** Les quatre piles du clocher-porche reçoivent une très haute coupole octogonale sur trompes. Huit branches de minces ogives divergent d'un oculus de faîte et sont reçues par des colonnettes d'angle. Un cordon mouluré ceint la base de la coupole.
** De beaux modillons sculptés soutiennent les tablettes triangulaires.


Les grands piliers du clocher supportent des chapiteaux plus abondamment décorés que ceux de la nef ; c'est le signe d'une évolution de l'ornementation en rapport avec les périodes de construction.



Les chapiteaux historiés surmontant les piles du clocher-porche révèlent un art plus abouti.



Une scène de dispute à coups de massue ?
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Evocation de scènes relatives à la mort de Jean-Baptiste : décollation, danse de Salomé, festin d'Hérode ?


Détails des chapiteaux historiés : un joueur de trompe.

Des lutteurs entravés par une corde tenue par une femme.



L'aile occidentale est la seule partie conservée des bâtiment conventuels du XIIe siècle.



** A gauche, non loin du clocher-porche, une cheminée cylindrique ajourée de fentes étroites décorées de dents de scie et terminéepar un couronnement conique ( XIIe siècle ) jaillit de la toiture. Elle laisse supposerla présence du chauffoir ( seule pièce chauffée du monastère).
** A l'autre extrémité, s'élève une petite tour portée par une souche carrée. Elle constitue le couronnement supérieur d'un escalier à vis.



L'église et le bâtiment conventuel vus depuis la porte d'entrée de l'abbaye ; au fond, le logis abbatial du XVe siècle qui abrite aujourd'hui les services de la mairie.