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    Le visiteur de passage dans ce petit village Ariégeois, situé à mi-distance entre Mirepoix et Pamiers, pourrait penser en découvrant ce lourd édifice s’élevant sur un agglomérat rocheux qu'il est en présence d'une ancienne forteresse seigneuriale.
Il s’agit pourtant de l’église dédiée à Marie dont la base est en partie creusée dans la roche et en partie bâtie. Remaniée et agrandie au cours des siècles elle domine le village de sa tour crénelée surajoutée donnant au clocher une allure défensive.

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Saint Pierre bénissant.


C’est une
double singularité qui caractérise l’église de Vals : d’une part, c’est un édifice semi-rupestre, de l’autre, elle comporte des fresques décorant la voûte de l’abside, témoins de l’art pictural roman Est-Pyrénéen.

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Vue générale du site.

UNE EGLISE «  SEMI-RUPESTRE » LARGEMENT REMANIEE

* L’église, en partie rupestre, est une des plus étonnantes des Pyrénées. Le site a été révélé par l’abbé Julien Durand, qui fut nommé curé de Vals en 1945. Au début des années 1950, il pratique les premières fouilles autour de l’église et révèle une occupation humaine de ce secteur de la vallée de l’Hers dès la protohistoire ainsi que les traces d’un probable lieu de culte très ancien.
Fin 1952, il découvre les premières traces des fresques romanes décorant l’abside de l’église à l’occasion d’un grattage de l’enduit revêtant les murs. A partir de ce moment-là, il travaille sans relâche pour obtenir le dégagement de la totalité des peintures et une première restauration.
Après sa disparition en 1970
des travaux furent ensuite entrepris dès les années 1971 - 1972 et, poursuivis, à partir de 1980, par l’équipe archéologique de l’Association des Amis de Vals.

* Classée monument historique le 19/11/1910, l’église de Vals est originale par la superposition de trois ensembles architecturaux.
1° Le plus ancien consiste en un aménagement ou réaménagement de larges fissures de la roche. Il s’agissait pour les premiers constructeurs de remplacer un site religieux antérieur qu’il convenait de christianiser. On parvient à ce premier édifice - la nef inférieure appelée abusivement «  crypte » - par un escalier de pierre établi dans une diaclase. De très basses voûtes sont soutenues par de grossiers piliers.
2° C’est le second édifice du XIe siècle -
la nef supérieure- dont l’abside est décorée de fresques romanes. L’abside a été voûtée au début du XIIe siècle. Les fresques ont été réalisées peu après.
3° La construction de la
chapelle haute dédiée à saint Michel construite sur le haut du rocher remonte à la même période.

L’édifice connut des réaménagements à plusieurs époques. La tour de défense fut élevée au XIVe siècle. Dans le courant du XIXe siècle, différents travaux (surélévation de la nef, construction d’un clocheton au sommet de la tour) donnèrent au monument l’allure qu’il présente aujourd’hui.

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Parce que le complexe architectural de Notre-Dame de Vals est en partie bâti et en partie aménagé dans la roche ( pour sa nef inférieure ) l’appellation semi-rupestre paraît mieux appropriée que celle de rupestre fréquemment rencontrée.


LES FRESQUES

L’église est remarquable par les fresques romanes qui ornent l’abside. Elles portent sur trois thèmes iconographiques qui occupent chacun une travée de la voûte : l’enfance de Jésus, la période apostolique et la Parousie. 

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Les fresques de la voûte de l’abside.

Ces fresques présenteraient de nombreuses affinités ( traits des personnages, différents détails iconographiques ) avec celles de la Catalogne espagnole. Elles ont été identifiées par les spécialistes qui les ont étudiées comme étant l’oeuvre de peintres de l’atelier du Maître de Pédret.

Notre parcours de découverte de l’église romane de Vals s’effectuera selon la double caractéristique brièvement rappelée ci-dessus : après l’exposé rapide des trois niveaux architecturaux de l’édifice sera proposée une sélection des fresques restaurées de l’abside dont on a pu dire que «  ce bel ensemble de fresques romanes, associé aux fresques du même atelier figurées à Saint-Lizier constitue le plus authentique chef-d’oeuvre de la peinture murale du début du XIIe siècle du versant nord des Pyrénées qu’il ne faut d’ailleurs pas séparer des oeuvres de Catalogne ».
( Cl. Aliquot, conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Ariège.

Le travail de nettoyage, consolidation et petites retouches picturales du conservateur-restaurateur,
Jean-Marc Stouffs, a permis de rendre, autant qu’il est possible, plus discernables les différentes scènes représentées.


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