Mots de la fin en guise de conclusion :
retour sur la relation de soin
patient / institution médicale
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San Pantaléon de Losa, Castille, Espagne
Visage d'un personnage emmuré d'une voussure du portai
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Il n'est jamais facile de côtoyer la mort et les personnes qui vont mourir car on est toujours désemparé devant l'épreuve de l'autre.
La maladie transforme le temps ; les cancers notamment évoquent plutôt le temps qui passe comme du temps gagné…

La mort est ressentie comme l'échec d'une profession. Pour mieux agir sur la pathologie lourde la médecine a tendance à dépersonnaliser la maladie, à la rendre anonyme, indifférente à l'homme qu'elle affecte lequel s'en remet aux mains des soignants.
Les médecins ont été formés moins à écouter leurs patients qu'à interpréter les symptômes ressentis par ces derniers et à les faire entrer dans des cases diagnostiques.

En milieu hospitalier les médecins se retranchent derrière un mode opératoire et la spécialisation des compétences. Le geste technique spécialisé essentiel, ne devrait toutefois pas se réduire à sa performance mais conserver sa finalité première, le soin apporté au patient en tant que personne globale, unifiée et anxieuse.
Les yeux du malade cherchent les yeux des soignants ; un professionnel de santé capable d'écoute a pu rapporter les paroles riches de sens d'un patient : " merci d'avoir l'air d'essayer de comprendre " . Cela exige du temps ; lorsque le soignant n'en dispose pas c'est une souffrance.
Les cas de maltraitance médicale, qui doivent être justement dénoncés, ne doivent toutefois pas faire oublier les comportements de soignants qui estiment que leur rôle ne se réduit pas à soigner mais qui savent adjoindre à leur professionnalisme une aide et une écoute pour discrètes qu'elles soient.
En contexte de pathologies lourdes, c'est à la médecine de contribuer à maintenir le futur ouvert. Il ne s'agit certes pas de donner l'illusion d'une guérison si celle-ci est impossible, mais de laisser toujours une petite place à l'espérance et à l'accomplissement de projets à la mesure des forces restantes de la personne soignée.
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Repères bibliographiques
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BERT Anne - Le tout dernier été, Fayard, 2017

FROUCHT-HIRSCH Sylvie - Le temps d'un cancer, Chroniques d'un médecin malade, Erès 2012

HITCHENS Christtopher -
Vivre en mourant, Manuel de savoir-vivre en matière de cancer, Climats, Flammarion, 2013

LAGREE Jacqueline - Le médecin, le malade et le philosophe, Presses universitaires de Rennes, 2017.

MARGUERAT Daniel -
Vivre avec la mort, Editions Cabédia, 2013.

OGIEN Ruwen - Mes Mille et Une Nuits. La maladie comme drame et comme comédie, Albin Michel, 2017

ORMESSON (d') Jean - Ces moments de bonheur Ces midis d'incendie , Robert Laffont,2016

ORMESSON (d') Jean - Une fête en larmes, Robert Laffont, 2005

ORMESSON (d') Jean - Et moi, je vis toujours, 2018 ( l'histoire )

SCARAFFIA Lucetta - On a perdu le sens de la mort, L'Osservatore Romano, 13 juillet 2018.


VERSPIEREN Patrick - Face à celui qui meurt, Desclée de Brouwer, 1987.

WINCKLER Martin - Les brutes en blanc, Points, 2017.

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