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San Pantaléon de Losa, Castille, Espagne
Sur des voussures de la fenêtre axiale de l'abside figurent des personnages qui semblent emmurés.




Qui n'a jamais été interpellé, à un moment de son existence, par le temps, le temps qui passe et qui dure à la fois.

A notre époque l'histoire s'est accélérée, les choses vont trop vite, une nouvelle chasse l'autre, les images ont tendance à se substituer aux mots, la télévision projette une certaine lumière sur certains événements, distille une sélection d'informations et en passe d'autres sous silence…au point qu'il arrive que des futilités fasse la une de certains journaux aux dépens de questions majeures.
Qui n'a pas ressenti, sous la profusion permanente des images et des mots, un besoin de silence ? Qui n'a pas rêvé d'arrêter, ne serait-ce que pour quelques heures le flot ininterrompu des commentaires et des conversations, les télés et des radios ?

Dans un monde qui ne cesse de se transformer marqué par l'intensification des rythmes de vie et de travail les hommes sont jetés dans le temps pour une durée brève, avec des ambitions qui n'ont pas de limites et des moyens en revanche réduits. Il y a ceux assoiffés de pouvoir ; il y a, plus nombreux, ceux qui n'ont pas d'importance, dont on ne parle jamais et que la mémoire collective ne retiendra pas.


Dans ce monde en bouleversements profonds ce qui change le moins c'est probablement l'amour mais aussi la mort. A propos de cette dernière Frédéric Worms a pu écrire que " La mort rappelle la réalité heurtée, tragique, quasi verticale du temps. Et inversement le temps est ce qui fait la réalité de la mort, dans son absence de symétrie linéaire et facile, car il y a une rupture radicale entre l'avant et l'après. " in Vladimir Jankélévitch - La mort, Flammarion, 2017, p. 9.

La fin du chemin existentiel surgit dans le parcours des vies humaines, mais on ne trépasse plus comme avant.
Autrefois les rites de la mort occupaient le temps et l'espace. Pendant longtemps le malade condamné espérait avoir le temps de se préparer pour le grand passage.

Aujourd'hui dans nos sociétés la mort ordinaire est escamotée ; on s'ingénie à la refouler. On souhaite ne se rendre compte de rien ; certains spots publicitaires le montrent à l'évidence : on espère mourir dans son sommeil. Autrement dit la " plus belle des morts " est dite celle dont on ne s'aperçoit pas…
On ne meurt plus chez soi mais dans l'isolement aseptisé des hôpitaux. La mort dont parlent les médias c'est
la mort extraordinaire provoquée par les séismes, la mort due à la violence terroriste ou les morts accidentelles sur la voie publique. En bref, c'est moins la fin de la trajectoire vitale personnelle de l'individu que la mort des autres qui retient le plus l'attention.

Le rapport au temps, à la maladie grave et à la mort, en ce début de XXI e siècle, sera rappelé sous deux aspects :

- sur la scène du monde le temps passe et l'homme avec

- la maladie grave comme rupture du temps