AVANT-PROPOS
Hommes et sociétés au tournant du siècle
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Une accélération du rythme de changement sociétal


L'orée d'un nouveau siècle est le moment d'esquisser un état des lieux de la société française et de la condition des hommes.

L'homme contemporain appartient à un monde marqué par les savoirs scientifiques et techniques et qui en dépend. Les oeuvres qui exaltent l'homme coexistent avec les pratiques qui le discréditent.La fin du XXe siècle aura été marquée par le reflux des grandes croyances collectives et la montée de l'individualisme
Un changement diffus mais continu, profond et irréversible de l'air du temps déforme globalement les façons de travailler, d'aimer, de vivre et de mourir.
Les rapports au monde se transforment ; la société et la religion sont en mutation.


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TOUR D'HORIZON



L'objet de notre propos est d'esquisser un état des lieux du monde, de la société française et de la condition des hommes au tournant du siècle. Bien sûr, le passage d'un siècle à l'autre est arbitraire, mais la coïncidence avec un changement de millénaire accroît l'intérêt de faire le point.

Que dire sur notre vie et sur celle des hommes pour dresser cet état de la société à l'orée du XXIe siècle ? L'homme contemporain est écartelé entre ses lieux de vie et ses lieux de travail, entre ses passions et les nécessités laborieuses de l'existence, mais aussi inégalement partagé entre deux mondes, ce monde-ci et celui d'en haut. Il lui arrive parfois de s'immobiliser, de prendre du recul, de s'interroger sur le sens de son parcours tout banal qu'il soit et de s'arrêter sur l'essentiel. La vie ordinaire, qui semblait aller de soi, perd alors l'évidence de sa quotidienneté. Suite à ce mouvement de distanciation, l'homme, avec effroi, ressent alors l'absurdité du monde. Il y a, ainsi, tout au long de ces pages, la préoccupation des rapports entre ce monde et un au-delà des apparences objectives de la réalité. Si cette question n'interpelle pas par son originalité, elle apparaît toutefois toujours lancinante. Bien que nous soyons dans un monde sécularisé fort éloigné d'une époque de chrétienté, il arrive encore à Dieu de faire la une de certains médias, soit pour parler à nouveau de sa mort, soit pour évoquer son retour sur le devant de la sccène du monde.

Faire ainsi le point tant sur les chuchotements de l'homme en quête de sens à l'aube du troisième millénaire que sur la traversée de la condition humaine dans un monde connaissant des bouleversements d'ordre scientifique, technique, économique, social, culturel suppose l'adoption d'une perspective transdisciplinaire.

Sur terre toute activité humaine peut laisser des séries d'empreintes et de marques ; on peut lire dans le sol les aventures de ceux qui les ont précédés. Si la terre permet l'inscription, la mer, en revanche, n'autorise aucune base stable. Or, sous une forme ou sous une autre, la mémoire se fonde sur l'inscription. La mer, à la différence de la terre, par son mouvement incessant, interdit toutes formes d'écriture, exclue les repères, en bref, l'histoire. L'océan engloutit et fait disparaître toute trace humaine. Par leur nature les sillages laissés par les navires sont beaucoup plus éphémères. A la limite, les destinées humaines ont une affinité avec les sillages : les uns et les autres, tout tourmentés qu'ils soient, apparaissent bien fugitifs. L'individu peut bien disparaître, la marche du monde n'en est pas pour autant affectée.
Dans une société caractérisée par le changement, l'inconfortable situation des hommes sur terre sous le ciel fait que les sillages qu'ils laissent sont pluriels, hétérogènes, croisés.

Après l'éclipse des religions révélées, après l'émergence et l'effacement du messianisme de statut terrestre qu'était le marxisme, et compte tenu des avancées de la technoscience, la vieille question du sens de l'existence ne trouve plus véritablement d'espace où s'exposer globalement. Les interrogations premières sur le sens des choses et sur les fins dernières sont de plus en plus réservées à l'intimité de la conscience individuelle.
Quelques touches permettront non pas de brosser un tableau fouillé du siècle qui se clôt mais d'en esquisser les tonalités les plus marquantes :



Le rêve de progrès que l'individu occidental s'est forgé depuis le XVIIIe siècle et qu'il réalise peu à peu se heurte aux abominations et crimes qui sont aussi le lot de notre époque.L'homme contemporain appartient à un monde marqué par les savoirs scientifiques et techniques et qui en dépend. Les oeuvres qui exaltent l'homme coexistent avec les pratiques qui le discréditent. La fin du XXe siècle aura été marquée par le reflux des grandes croyances collectives et la montée de l'individualisme
* Les ambivalences du monde moderne.


Un changement diffus mais continu, profond et irréversible de l'air du temps déforme globalement les façons de travailler, d'aimer, de vivre et de mourir. L'examen de ces différentes facettes de l'aventure humaine au tournant du siècle permettra de dégager des canevas de compréhension de la société et de nos contemporains : abandon des dogmes traditionnels et des arguments d'autorité, mouvement d'émancipation et d'autonomisation des individus, chacun devenant son référent ultime.

* La condition de l' homme contemporain.



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