L'iconographie du Doute de Thomas
aux édifices religieux
de Strasbourg, Bas-Rhin
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Le patrimoine religieux de Strasbourg comporte deux représentations sculptées très intéressantes pour l'objet de notre étude : le doute de l'apôtre Thomas se trouve figuré tant au tympan du portail central de la cathédrale que sur l'ancien tympan déposé de la façade occidentale de l'église Saint Thomas.

Thomas au tympan de la cathédrale.
Le tympan du portail central de la façade occidentale de la cathédrale comporte sur quatre niveaux depuis les Rameaux, la Passion, l'incrédulité de Thomas jusqu' à l'Ascension représentée au registre supérieur. ( fin du XIIIè siècle )

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Vue d'ensemble du portail central. La lecture de la composition scénique se fait depuis le bas vers le haut.


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Les deux registres médians du portail.

Version 3

Le seul niveau qui retient seul notre attention ici dispose de quatre compositions qui se lisent depuis la gauche vers la droite.


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La trahison de Judas le conduit à se pendre. La scène est accompagnée d'un bouc symbolisant Satan venant prendre possession de l'âme de celui qui a favorisé l'arrestation de Jésus par les grands prêtres de Jérusalem qui le menèrent ensuite devant Ponce Pilate.
Version 3 (1)
Le Christ miséricordieux retire Adam, Eve et l'humanité entière des Limbes ; c'est toute l'humanité qui est rachetée par le bois de la croix ; précisons le geste : le Ressuscité prend la main gauche d'Adam pour l'approcher de la hampe de la croix salvatrice. L'enchaînement des mains se poursuit d'Adam à Eve pendant qu'un petit être nu pose une main sur la tête de lia Femme.

Version 2 (1)

Le Noli me tangere Jean 20,11-18. Scène où le Ressuscité s'adresse à Marie-Madeleine les mains jointes et agenouillée près de Jésus qu'elle vient de reconnaître : Ne me touche pas ou ne me retiens pas,

Version 2

Le Cénacle est ici très simplement figuré par un élément architecturé constitué d'une toiture ondulée supportée par une charpente sommaire. Le Christ ressuscité écarte de sa main gauche son vêtement, saisit la main droite de Thomas agenouillé et la met dans son côté, favorisant par cette gestuelle l'acte de foi du disciple incrédule. À l’extrémité du registre, un chien  reposant sur son arrière-train veille devant la porte verrouillée.

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Un plan rapproché montre une étonnante superposition de trois mains : un apôtre montre du doigt le geste de Thomas et un condisciple touche la mai gauche du Ressuscité par en-dessous. L'artiste n'insisterait-il pas ici davantage sur la profession foi que sur le doute ?

L'apôtre incrédule à l'église Saint-Thomas.
L'autre figuration sculptée de l'incrédulité de l'apôtre que l'on rencontre à Strasbourg ornait à l'origine la porte de la façade occidentale de l'église Saint-Thomas.

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L'ancien tympan du Doute de Thomas ( vers 1230 ), se trouve désormais à la clôture du chœur de l'église.

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Le Christ et Thomas au centre de la sculpture sont entourés des apôtres Pierre et Jean assis. Comme au portail de la cathédrale c'est le Christ qui a l'initiative ; il écarte de sa main gauche son vêtement, saisit l'avant-bras droit de Thomas et le tend vers son flanc percé, favorisant par cette gestuelle l'acte de foi du disciple incrédule.

Version 2 (2)

S'il fléchit bien le genou droit Thomas pose l'autre main sur le genou gauche semblant par ce geste marquer un enthousiasme mesuré : c'est encore le doute, ce n'est pas encore la confession de foi illuminatrice et confiante …


Version 3 (2)

Par son port de tête et sa main droite ouverte et levée l'apôtre Jean tenant de la gauche les Saintes Ecritures sur son cœur semble accepter sans réserve le geste du Ressuscité.


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La gestuelle de l'apôtre Pierre semble témoigner de plus de mesure vis-à-vis de l'action du Maître.


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