LES BATEAUX VIKINGS



Les plus beaux témoignages de l'art de travailler le bois se trouvent au musée des bateaux viking de Bygdøy, près d'Oslo (le Vikingskipenemuseet).

Là sont rassemblées les pièces du trésor d'Oseberg, découvert par un fermier sous un tumulus en 1903, près du fjord d'Oslo, au sud-ouest de la capitale. Les archéologues ont exhumé un grand bateau contenant les restes de deux femmes, ainsi qu'un chariot, quatre traineaux d'apparat, et bien d'autres objets. La tourbe et l'argile avaient permis une excellente conservation de ces vestiges.
Oseberg 07
© Peter Anker, 1969

Eparpillés par des pilleurs de tombes, les restes des deux femmes ne se trouvaient plus dans la chambre sépulcrale. Certains historiens ont pensé que le navire était la tombe de la reine Åsa, femme du roi Gudrød. A la mort de sa première femme, Gudrød le Chasseur enleva Åsa, fille du roi Harald Barberousse, la viola, l'épousa et en eut un fils, Halfdan le Noir. Åsa fit assassiner Gudrød, probablement par un serviteur qu'elle avait séduit, et qui fut lui-même tué aussitôt. Son petit-fils (fils d'Halfdan) fut Harald Belle Chevelure, premier roi de Norvège. Mais actuellement, cette hypothèse est abandonnée par certains, et les chercheurs inclinent à soutenir qu'il s'agit plutôt de la tombe d'une prêtresse.

Le bateau mesure 21,40m de long sur 5,10m au plus large. Au milieu, sa hauteur (du bas de la quille au plat-bord) est de 1,60m. Le plat-bord se trouvait à 0,85m au-dessus de la ligne de flottaison. On pense que le mât mesurait au moins 10m de haut et pouvait supporter une voile de 90m². Il s'agissait d'un bateau luxueux, destiné à la navigation par temps calme dans un fjord. La structure des objets et leur décoration – comme celle du navire lui-même – témoignent d'un grand rafinement culturel. Datant probablement du début du IXe siècle, il avait cessé de naviguer lorsqu'on en a fait le tombeau d'une femme de haut rang.

Dans le même musée, on peut voir également le bateau de Gokstad, datant du début du Xe siècle, et qui ressemble davantage à ceux des guerriers qui ont envahi l'Europe. C'est un langskip, c'est-à-dire un navire de guerre ponté, conçu pour avancer à la rame ou à la voile. Son plat-bord plus élevé et sa coque lui permettent d'affronter les vagues de la haute mer. Il mesure 23,50m sur 5,20m. Il pouvait recevoir 32 rameurs et une voile de 120m².

Précisons que le mot drakkar, formé sur le mot drekki qui veut dire dragon en vieux danois, est apparu en 1840. Parmi les langskip, on trouve le snekkar, « serpent », dont le nom fait référence, non pas aux figures de proue, mais à l'étirement du bateau, au ratio longueur / largeur de 7/1, pouvant même aller jusqu'à 11/1.

Le navires de commerce, kaupskip, n'avaient pas de pont, pouvaient embarquer beaucoup de marchandises – jusqu'à plusieurs tonnes – et n'avançaient qu'à la voile.

En 2007, partant du Vikingskibsmuseet de Roskilde (près de Copenhague, sur un bateau semblable à celui de Gokstad, un groupe de rameurs a effectué en six semaines la traversée jusqu'à Dublin, en affrontant des creux de six mètres en mer du nord. Ces bateaux merveilleusement profilés pour affronter les vagues, menés par des marins de grande valeur, ont permis de coloniser l'Islande aussi bien que de remonter des rivières grâce à leur faible tirant d'eau.

Signalons que dans le nord de la France (Boulogne-sur-mer), les pêcheurs professionnels utilisaient encore jusqu'à la fin du XXe siècle, des petits bateaux d'échouage, nommés flobart, et construits comme les bateaux vikings, avec une coque de planches superposées fixées par des clins (rivets). Leur proue, très large et soigneusement profilée, leur permettait de très bien supporter le choc des vagues déferlantes au moment du déséchouage.
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N.B.Tous les dessins et schémas de ce site sont pris dans l'ouvrage de Peter Anker, L'Art scandinave, vol.1, éditions Zodiaque, coll. La Nuit des Temps, 1969, y compris le dessin de l'intérieur de Borgund, que Peter Anker emprunte à Kenneth John Conant.
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