BUXEROLLES, TERRE D'ANTAN
BUXEROLLES, TERRE D'ANTAN
  • © 2021 joël jalladeau Courriel 0

BUXEROLLES, TERRE D'ANTAN

La fenaison
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Le foin n’est plus ni moins que de l’herbe coupée et séchée au soleil afin de ne rentrer à la grange que la matière sèche, plus légère et de conservation facile. Il faut cependant prendre garde de couper le foin au bon moment, c’est-à-dire lorsque les herbes sont juste « montées en graines ».
✏︎Le fauchage
* Jadis, le foin était coupé à l'aide d'un instrument très ancien la faux ( terme qui s'écrivait autrefois faulx ) .
L'idée de temps était représentée dans l'imagerie médiévale notamment par les saisons et les signes du zodiaque. Les saisons succèdent aux saisons et les occupations humaines ( labours, semailles, récoltes... ) sont la forme la plus visible de l'écoulement du temps. Les calendriers figurés dans les peintures murales et les sculptures des églises conservent ainsi le souvenir d'une spiritualité intimement liée aux gestes les plus quotidiens de l'homme du Moyen-Âge. Ces calendriers nous proposent des images permettant d'illustrer notre propos.


Eglise Saint-Etienne de Paulnay, Indre.
Juin : fenaison à la faux. Le paysan , barbichette au menton, tient solidement la faux entre ses mains.

La faux simple est un outil à bras employé lors de la coupe des herbes enchevêtrées les unes dans les autres comme les fourrages : trèfles, luzernes.
L'instrument se compose de deux parties : la lame, destinée à sectionner les tiges, et le manche, qui sert à la fois à transmettre l'effort de l'homme et à guider le mouvement de la lame. Celle-ci est une tôle d'acier triangulaire, mince, tranchante par un de ses bords et renforcée par une nervure à sa partie dorsale.
Un anneau et un coin servent à la fixer au manche, terminé ou non en béquille, mais pourvu en sa partie médiane d'une poignée.



Mais bien manipuler la faux n’était pas suffisant, il fallait aussi savoir l'entretenir afin de conserver son tranchant.


D'après le Larousse agricole de 1920


Le faucheur doit fréquemment aiguiser sa lame suivant la résistance des végétaux coupés et la qualité de la lame, grâce à une pierre à affûter humide ;on parle parfois de "
faire chanter la faux ". Cette opération répare les plus fines atteintes au tranchant de la lame et, comme tout aiguisage, enlève une petite partie de métal (ébavurage).

En plus, de temps à autre le faucheur doit « battre » sa faux. Pour cela il sépare la lame du manche. Ensuite, avec un marteau il tapote le tranchant de la lame posée sur une enclumette pour en affiner le bord.

* L’arrivée des premières faucheuses mécaniques date de la fin du XIXe siècle. Beaucoup plus rapides que la faux, ces engins comportaient une barre de coupe munie de « sections » triangulaires coupantes qui oscillaient entre des « doigts » maintenant l’herbe pendant la coupe, un peu comme une tondeuse, la lame de coupe étant entraînée par les roues.

Faucheuse à traction animale.

Par rapport à la faux elle présente l'avantage de préserver au mieux les tiges de la plante, tout en travaillant sur une plus grande largeur en un seul passage, et l'inconvénient d'une plus grande fragilité (plus de pièces en mouvement, donc usure mécanique accrue ; risque de casse des dents lors de la rencontre d'obstacles, pierres, troncs d'arbres, objets métalliques).


La barre de coupe horizontale des premières machines était à mouvement linéaire alternatif. Elle était composée de dix lignes de dents mues par un va-et-vient les faisant se comporter chacune comme une petite cisaille.

La faucheuse mécanique a rendu la coupe des foins - ainsi que celle des céréales - bien plus rapide et bien moins fatigante. Ses mécanismes sont devenus toujours plus sophistiqués, tout en visant une largeur de coupe toujours augmentée.
Les progrès permettront par la suite différentes améliorations. La simple « faucheuse » fut supplantée peu à peu, par exemple, par la faucheuse-lieuse.

✏︎Faner et râteler le foin
Si la façon de « faire les foins » n’a pas beaucoup évolué pendant des siècles, elle s’est radicalement transformée depuis les années cinquante-soixante.
Le foin coupé, doit sécher le plus rapidement possible afin de limiter le risque d’être mouillé par de la pluie. Pour accélérer son séchage, il faut le retourner et l’éparpiller sur le terrain afin qu’il soit bien aéré ; c'est l'opération de fanage.
Le travail peut se faire à la main, avec une fourche ou un
râteau à dents de bois ( ou non ), mais il s’agit d’une opération longue et fastidieuse avantageusement effectuée par une faneuse mécanique à traction animale avec ses fourches articulées à quatre dents mues par la rotation des roues.




Crédit photo : affichesscolaires.fr

La râteleuse remplaçait le simple outil à main qu'était le râteau pour ramasser le foin après le fauchage et le fanage à partir du début du XXe siècle.




La râteleuse, tractée par un cheval comportait deux roues entre lesquelles une série de dents en arc de cercle frottant sur le sol ramassaient le foin. Lorsque le foin accumulé était jugé suffisant, le conducteur appuyait sur une pédale qui déclenchait le soulèvement des dents, actionnées par le mouvement des roues. Le foin accumulé et regroupé restait alors sur place en formant de petits tas avant le ramassage.


Râteleuse à décharge intermittente pour le ramassage des foins.


Plan rapproché sur les " dents ".

✏︎La charrette pour rentrer le foin
Pour rentrer le foin, le véhicule de charge important était la charrette. Tirée par un cheval ou des bœufs ( ou plus tard par un tracteur ) la charrette devait être solide pour supporter la charge et déambuler dans des chemins pas toujours aisément carrossables.
La charrette elle-même nécessite d' être bien équilibrée. C'est pourquoi le chargement doit être effectué de manière à porter sur l'essieu et non pas en avant de celui-ci (ce qui écraserait le limonier ou cheval de tête), ou en arrière (ce qui le fatiguerait également par une traction exagérée sur la sous-ventrière).




Ancienne charrette utilisée à des fins ornementales sur la grande place de Montamisé.


La charrette commune à deux roues, composée d'un plancher supporté par deux brancards dans le prolongement desquels est attelé l'un des animaux de trait.
Pour maintenir la charge, la charrette est garnie des deux côtés de
ridelles à claire-voie, formées de montants et de traverses qui se croisent à angles droits.



Lorsqu'il s'agit de transporter des fourrages, on adapte aux extrémités de la charrette, deux grands panneaux inclinés, formés chacun de montants et de traverses ; l'un de ces panneaux penche en avant sur le cheval de brancard, l'autre en arrière de la charrette : c'est ce qu'on nomme les cornes.


Les charrettes sont ordinairement munies de chambrières, placées sous le tablier et que l'on abaisse pour caler la voiture pendant le chargement.

Le cylindre de bois est un treuil servant à arrimer les charges sur la charrette.



Des cordes servant à lier les gerbes ou le chargement étaient passées de l'arrière vers l'avant, puis étaient enroulées autour du treuil pour maintenir les gerbes de blé, de foin ( ou encore des tonneaux ). Le treuil était actionné au moyen d'une barre en acier passée dans des trous.
La roue métallique à cliquet à droite empêche le treuil de revenir en arrière afin que soit maintenu le serrage des charges.




Détails du
système de freinage.

Si le cheval est adapté à la traction il ne l'est pas pour retenir une charge qui le pousse. C'est pourquoi il a fallu concevoir un frein sur les charrettes.
Il est composé d'une pièce en bois, le
sabot, actionné par une petite manivelle solidaire d'une tige filetée qui rapproche ou écarte les sabots du cerclage des roues.
La manœuvre des freins n'était pas rapide. Il ne s'agissait pas de freinage en vue d'un arrêt urgent mais de ralentir l'attelage dans les descentes.



Crédit photo : Jean-Pierre Bourdeilh
Une reconstitution de foins à l'ancienne, 2011 à Antigny, Vienne .

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Ancienne charrette peinte en bleu utilisée de façon décorative dans le parc communal du château. Ayron, Vienne.


Pourquoi le matériel agricole retrouvé, à l'instar des charrettes d'Antigny et d'Ayron - était-il souvent de couleur bleue ?
C'est tout simplement, dit-on, que cette couleur repoussait les mouches, ou au moins que cette couleur froide ne les attirait pas, à moins que cela provienne plus techniquement du fait que la peinture était à base de pigment bleu charron lequel contenait des éléments toxiques. Il le fallait car les mouches étaient très nombreuses l'été, tout particulièrement autour des fermes, du fait de la présence des bœufs et autres animaux.
De nos jours ne parle-t-on pas depuis de
bleu charrette…




Moyen de transport plus récent à pneus qui a remplacé la charrette traditionnelle.



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