Vaison-la-Romaine, Vaison «  la Romane »
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LA CATHEDRALE NOTRE-DAME DE NAZARETH



Aperçu historique

Au nord-est des Dentelles de Montmirail, une des capitales des Voconces (les Vocontii, un des grands peuples du sud-est de la Gaule), Vaison, ancrée dans l'histoire antique, ne semble pas laisser trop grande place au merveilleux chrétien.

Alliée de Rome sous le Haut-Empire, Vaison fut une des cités les plus riches de la Narbonnaise, comme le révèlent les fouilles: théâtre, basilique, thermes, pont sur l'Ouvèze, acqueduc, portiques, immenses demeures en pleine ville... Et encore reste-t-il beaucoup à découvrir, sans compter ce qui ne pourra plus être mis à jour sous les maisons de la ville actuelle.

Après les sauvages persécutions de Dioclétien (de 303 à 305), un évêché est créé à Vaison. Les persécutions se poursuivirent dans l'Empire, mais plus en Gaule: Constance Chlore, peut-être converti vers la fin de sa vie, successeur de Dioclétien, fit détruire quelques édifices, mais il n'y eut pas de martyrs gaulois. Son fils, Constantin I
er favorisera le développement du Christianisme dans l'Empire.

Vaison demeure florissante jusqu'au VII
e siècle où elle fut ravagée par les Invasions. Un redressement s'effectue à la fin du Xe siècle et dans la première moitié du XIe siècle.
C'est à ce moment que l'évêque Umbert et ses successeurs lancent le chantier de construction de l'église romane.

Cependant les évêques ne disposent plus de leur autonomie et de leur puissance passées..Ils deviennent les vassaux des nobles laïcs. Les comtes de Toulouse, notamment, asservissent la ville et combattent les prélats.

Malgré les hostilités, la cathédrale est reconstruite en partie dans les années 1150-1160.


Cependant, les heures de gloire de la cathédrale sont comptées. A la fin du XIII
e siècle, les habitants se regroupent sur la rive droite de l'Ouvèze, près du château illégalement construit par les hommes du comte de Toulouse sur un terrain appartenant à l'évêque, avec l'argent de l'évêché et les corvées des Vaisonnais.
Cet exode se justifia davantage au XIV
e: un rempart protégeait la nouvelle ville quand les Grandes Compagnies, terrifiants déchets de la Guerre de Cent Ans, saccageaient la Provence.

En 1464, une nouvelle cathédrale fut édifiée dans la ville haute. Au XVII
e siècle, l'évêque Joseph-Marie de Suarès fit restaurer la chapelle Saint-Quenin et la voûte de Notre-Dame de Nazareth. Puis l'église fut à nouveau abandonnée jusqu'aux restaurations du XIXe siècle.

LA CHAPELLE SAINT-QUENIN DE VAISON



La chapelle Saint-Quenin se trouve à 400 m environ au nord de Notre-dame de Nazareth. En la découvrant à mi-pente sur la D 51, on est d'abord frappé par la différence des styles entre la nef d'une part et le massif qui contient l'abside d'autre part.

NOTRE-DAME d'AUBUNE


La guerre en Dentelles

Au sud-ouest des Dentelles de Montmirail, Charlemagne campait avec son armée. Face à l'ost impérial, les Sarrasins. A l'aube, les Francs invoquèrent Sainte Marie et s'élancèrent. Les ennemis s'enfuirent en désordre, épouvantés. Charlemagne décida d'édifier une chapelle dédiée à la Sainte Vierge pour célébrer ce miracle de l'aube: Notre-Dame d'Aubune.
Jusque là tout va bien. Mais le diable, dit-on, n'aimait pas trop qu'on vînt faire merveilles dans les rocailles où peut-être il aimait se faire cuire au soleil. Il arracha un bloc de pierre énorme et se prépara à le jeter sur l'église au moment où la Sainte Vierge, qui était venue s'y recueillir, en sortait. Calmement, du bout de sa quenouille, elle arrêta le rocher qui, depuis, reste comme suspendu au-dessus de l'église, dans la falaise.
Certains prétendent qu'il s'agissait de Charles Martel et non de Charlemagne. Pire encore, d'insupportables lettrés soutiennent qu'
Aubune vient du celtique Alp (colline, montagne). Toujours est-il que dans la garrigue, où l'on est sérieux, il reste de bon ton d'adresser une prière à Marie pour qu'elle garde l'oeil sur le rocher, la quenouille toujours prète. Si le diable revient, ce n'est pas le linguiste qui nous sauvera.

Mais puisque nous nous soucions d'étymologie et de miracle, offrons-nous un petit détour par le bourg voisin. Notre joyau roman est situé au milieu des vignes et des oliviers, à quelques centaines de mètres à l'ouest de Beaumes-de-Venise, Baumas de Venisa en provençal. Aucun rapport avec la Vénétie. Le mot vient du nom du comté: le Comtat Venaissin... Mais celui-ci est-il le
Comitatus avennicinus (Comtat d'Avignon) ou le Comitatus Vendacensis (Comtat de Venasque)? Quant aux "balmas", ce sont des grottes dans le rocher calcaire.
Admirer Notre-Dame d'Aubune n'empêchera pas de se délecter aussi avec un autre chef d'oeuvre local: un muscat de Beaumes-de-Venise bien frais accompagnant, selon la saison, un foie gras ou un melon de Cavaillon... ce qui est un autre miracle.

Chronologie

Le site d'Aubune a été occupé au néolithique, à l'âge du fer. On y trouve des sarcophages paléochrétiens. Un autel du V
e siècle est encore conservé dans l'église. La construction de l'église connaît quatre grandes étapes:
1125-1150: l'abside, les deux absidioles, le transept et la nef.
1170-1180:
le clocher.
XVII
e siècle: Collatéral nord et restauration des parties effondrées avant 1561. L'édifice est alors recouvert par une toiture unique. Le clocher est renforcé à sa souche.
XVIII
e siècle: Consolidation du mur du collatéral nord par des arcs-boutants appuyés au rocher.


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