PATRIMOINE ET HISTOIRE

Construction , parc de Valvert.

Commune initialement rurale, BUXEROLLES s'est urbanisée surtout depuis le milieu du XXe siècle à la suite de la réalisation coopérative de la Cité des Castors. Le mouvement d'urbanisation s'est poursuivi jusqu'à nos jours par la juxtaposition d'îlôts résidentiels. Ainsi, cet essor urbain a abouti à la création d'un coeur de ville différent du bourg primitif.
Le projet qui est le nôtre -
faire découvrir l'âme profonde d'une cité - nécessite de ne pas s'en tenir à ce qui frappe le plus aujourd'hui, c'est-à-dire les réalisations les plus récentes précédemment évoquées.
C'est bien à une
découverte des témoins du passé qu'il convient maintenant de s'attacher.
De ce point de vue, une distinction peut être opérée entre les
trésors cachés que constituent d'anciens fiefs seigneuriaux et les belles pierres léguées par le XIXe siècle : maisons de maîtres, anciennes fermes, fours, puits, voire curiosités du XXe siècle.


Muret caractéristique de pierres sèches. Ce genre de témoignage tend malheureusement à disparaître.



LES MAISONS.
Nous avons pris des photos de maisons qui nous paraissaient anciennes (1 siècle ou plus) ou belles (subjectif !) ou, souvent, les deux à la fois.
Il y a des maisons de " bourg ", des fermettes, des maisons de maître, des gentilhommières.
Il faut bien penser que les constructions qui ont perduré risquent de ne pas être les plus modestes, les maisons de paysans, d’ouvriers ; celles-ci étaient sûrement construites avec peu de soin, pas résistantes et mal entretenues. Aussi ont-elles dû disparaître ou être restaurées énergiquement. Les maisons de bourg sont surtout à Lessart : serrées les unes contre les autres, alignées le long de la route, avec un jardin derrière.
Les fermettes : ce ne sont pas des fermes car les bâtiments agricoles sont peu importants ; de plus, elles sont rapprochées les unes des autres : le propriétaire devait cultiver quelques hectares, posséder une vigne, 3 ou 4 vaches, un cheval…C’était peut-être un bourgeois de la ville voisine. La présence d’un étage et d’un vaste grenier (éclairé par des oeils de bœuf) indique une construction plus soignée, plus élégante…donc plus onéreuse.
Les
maisons de maître : les bâtiments annexes se font plus rares ou sont rejetés plus loin. Souvent, la couverture est en ardoise, signe de richesse ou de respectabilité ( mairie, église ). Il en est naturellement de même pour les gentilhommières. Ainsi, la Charletterie en est une belle illustration : ardoise pour la maison, le pigeonnier et l'église, tuile pour les communs.
Les
gentilhommières : La Charletterie, La Loubantière.
Bien que les spécialistes affirment qu’il n’y a pas de style typiquement poitevin, on peut déceler quelques constantes dans ces édifices de la fin du XIXème et du début du XXème siècles : recherche de la symétrie, emploi récurent de l’œil de boeuf, utilisation de la pierre de taille en disposition « crénelée » (ou dentelée) pour marquer les angles des façades et entourer les baies.


Pierre gravée découverte sur un mur d'un cellier d'une maison de Buxerolles bourg.


LES FOURS A PAIN.
Autrefois, chaque ferme possédait son four à pain. Sous l’Ancien Régime, le seigneur détenait parfois un four banal et il prélevait une taxe à chaque cuisson. Avec la multiplication des boulangeries et les tournées dans les campagnes, les fours ne sont plus utilisés (cependant, pendant la Seconde Guerre mondiale, à cause des restrictions, ils seront à nouveau chauffés). On pouvait y faire cuire le pain mais aussi, vers la fin de leur utilisation, des pâtisseries, de la viande, des plats préparés.
Le four se compose d’éléments que l’on repère facilement sur nos photos :
1° une sole en matériau réfractaire, brique ou carreau, de forme ovoïde, sur laquelle on faisait brûler le bois ( surtout des fagots...) puis cuire le pain grâce à la chaleur emmagasinée- 2° une voûte en pierre, en brique... - 3° une gueule ou bouche - 4° un cendrier pour retirer les braises qui vont achever de se consumer.
Attention ! on ne met pas n’importe quel bois : il doit fournir une bonne chaleur (300°) et ne pas dégager d’odeur forte. Un certain nombre de « trucs » permettait de savoir si la bonne température était atteinte. On ne jette pas les cendres très fines : elles sont utilisées pour laver les draps dans le cuveau qui, pour des raisons pratiques, se trouve fréquemment dans le fournil.

LES PUITS.
Depuis que l’homme existe, l’approvisionnement en eau a représenté un souci majeur. Il en a besoin pour lui-même, pour les animaux, pour l’artisanat et pour quelques cultures ( pensez à Manon des Sources ). Aujourd’hui, il suffit simplement, trop simplement ?, de tourner un robinet pour en avoir à volonté. Mais autrefois, avant l’adduction d’eau qui ne se fera qu’au milieu du XIXème siècle à Poitiers et en 1936 à Buxerolles, si l’on n’habitait pas près d’une source, d’un cours d’eau, il restait 2 solutions : le puits ou la citerne. Nous avons retrouvé ces 2 cas à Buxerolles.
Les puits existent depuis le néolithique. Pratiquement chaque maison avait son puits, trou cylindrique que l’on fore jusqu’à la nappe phréatique (42 mètres pour l’un des nôtres). La plupart du temps, ils sont surmontés d’une margelle et d’un système pour puiser l’eau. Nous les avons classés :
- puits en plein air (dans la cour, le jardin…) avec margelle
- puits protégé par le renfoncement d’une construction
- puits à l’intérieur ( dans un cellier, un couloir…)


LES CITERNES.
Autre solution dont nous avons un exemple avec la célèbre bouteille de la rue de la Vincenderie et qui existe depuis l’Antiquité ( penser au prophète Jérémie de la Bible descendu dans une citerne ou Jacob subissant le même sort de la part de ses frères); voici l’histoire de ce petit monument.
La cimenterie Brunet, installée boulevard du Grand Cerf, spécialisée dans la fourniture de buses, auges, poteaux, cuves, produisait également du faux bois en ciment armé, avec écorce, nœuds (voir le pignon de la maison, la poutre et la balustrade). Cette entreprise possédait une annexe à cet endroit ; la réalisation de ciment est gourmande en eau. Que faire ? récupérer les eaux pluviales fut la solution.
Les toits en terrasse de l’atelier permettaient de recueillir l’eau dans des citernes (au fond de la cour). Une pompe électrique l’envoyait dans la bouteille de champagne, avec son bouchon caractéristique, posée sur un guéridon ; lorsque la bouteille était pleine, le trop-plein se déversait dans la coupe (la tuyauterie est dans le pied central) ; puis elle repartait par un autre circuit vers les utilisateurs.
Cette bouteille est donc…un château d’eau construit en 1925 !

LES PIGEONNIERS.
C’était une construction courante dans le paysage français, accompagnant les terres à blé, puisqu’on en comptait 42 000 au XVIIème siècle. Avant l’abolition des privilèges, nuit du 4 août 1789, la possession d’un pigeonnier était l’apanage de la noblesse. Quel était l’avantage ? les pigeons permettaient la fabrication de la colombine avec leurs fientes (2 à 3 kilos par an et par pigeon) qui était pratiquement le seul engrais pour les plantes exigeantes (chanvre…). Leurs déjections servaient également à la fabrication du salpêtre (poudre à fusil).
Nous avons trouvé dans notre cité le modèle le plus courant, le
pigeonnier rond ( à La Loubantière, 1528, à La Charletterie, XVIIe siècle ) et un pigeonnier-grenier appelé aussi fuie.