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Silhouettes de pèlerins réalisés par la ville de Buxerolles en 2010 dans le cadre de l’année jacquaire. Rond-Point de la Vallée.

.DSC01375_2A l'époque médiévale, sur les chemins de terre, le regard tourné vers le ciel

La religion imprégnant profondément la société médiévale, nombreux sont les femmes et les hommes qui prennent leur besace et leur bâton de marche pour accomplir un pèlerinage.
A une époque où le souci du salut constitue une préoccupation majeure de tous les croyants, accomplir un pèlerinage pour se rendre à Jérusalem prier sur le tombeau du Christ, à Rome sur le tombeau de l'apôtre Pierre, à Saint-Jacques de Compostelle, en mémoire de l'apôtre, est faire acte de pénitence, d'humilité et de foi.
Un pèlerinage constitue d'abord un défi physique : la route est longue. Tenir la distance, affronter les intempéries, mais aussi courir le risque de rencontrer des brigands témoignent d'une foi profonde.

Nombre de lieux de prière jalonnent le chemin : à mesure que le temps passe la recherche d'un sens à la vie s'approfondit.
Le pèlerinage constitue donc une démarche, à la fois physique et spirituelle, en vue de la transformation intérieure de celui qui l'accomplit.

Comme on peut le voir ci-dessous les pèlerins représentés par les sculpteurs romans se distinguent fréquemment par certains de leurs attributs.

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Cathédrale Saint-Lazare d'Autun, Saône-et-Loire.


Parmi les élus, au regard tourné vers la Jérusalem céleste, on observe un pèlerin de Jérusalem avec son sac orné d'une croix et un jacquet - pèlerin de Compostelle - avec son sac orné de la célèbre coquille ; il ne lui manque que son bourdon ( bâton de marche ).


DSC01375_2En marche vers Saint-Jacques de Compostelle, hier ... et aujourd'hui

Voies mythiques, les chemins de Compostelle ne cessent de faire rêver. Qui ne connaît quelqu’un qui a envisagé de se lancer dans cette aventure qui remonte au IXème siècle.
De tout temps ont été trouvés courageux, ceux qui, chaussures de marche aux pieds et bâton de pélerin à la main, tentent ce périple. Nous pouvons en effet appeler aujourd'hui défi, la démarche de ces hommes et de ces femmes de tous âges et de toutes conditions engagés sur les routes. On pourrait même ajouter des personnes à mobilité réduite que des valides aident à cheminer dans les meilleures conditions, grâce aux joëlletes, ces fauteuils roulants tout-terrain.

Pour certains, marcher jusqu'à Compostelle pour aller vénérer un saint est un chemin d'évangélisation ; " marcher sur les chemins tout en regardant vers les cieux " est ici une formule tout à fait appropriée.
Les pèlerins placèrent leurs voyages sous le signe d'un symbole. Au début, les pèlerins se contentèrent de coquillages qu'ils trouvaient sur la plage et qu'ils ramenaient chez eux comme souvenir. Car depuis l'Antiquité on portait des coquillages pour se préserver de la sorcellerie, du mauvais sort et de toutes sortes de maladies.
L'iconographie chrétienne de la coquille n'apparait qu'avec le culte de saint-Jacques.
Les pèlerins, lors de leur voyage de retour, fixent ces coquillages à leurs capes en l’honneur de l’apôtre comme en son souvenir et les rapportent avec grande joie chez eux en signe de leur long périple.

" Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour du prochain auxquels celui qui les porte doit conforter sa vie, à savoir aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même… les valves qui sont disposées à la façon des doigts désignent les bonnes oeuvres dans lesquelles celui qui les porte doit persévérer. Et les bonnes oeuvres sont joliment désignées par les doigts, parce que c’est par eux que nous opérons lorsque nous faisons quoi que ce soit. Ainsi, de même que le pèlerin porte la coquille tant qu’il est sur le chemin de l’apôtre, de même il doit se soumettre aux commandements du Seigneur».
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Extrait du Veneranda dies, sermon du Codex Calixtinus).

A côté de son interprétation symbolique, la coquille permettait de se distinguer des autres voyageurs, de boire dans les fontaines ou de demander l’aumône car à la vue de la coquille, la charité devient devoir.

La statue de Saint-Jacques ( bois polychrome du XVIIe siècle ) de l’ancienne priorale du même nom de Châtellerault est une belle représentation du costume du pèlerin : chapeau à larges bords, pèlerine, besace, gourde, bourdon ( bâton de marche ) et coquilles .

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Pour beaucoup d’autres, à notre époque, la marche vers ce lieu saint de Galice ne s’effectue plus pour des raisons d'ordre religieux.

Les aspects sportifs et culturels l’emportent sur les actes de foi. Au gré de leur cheminement, les marcheurs auront la chance de ramener d'innombrables images, car ces routes mènent à des sites naturels et bâtis tout autant qu’à des rencontres. Et, c'est un peu là aussi la récompense du marcheur qui quelque peu fatigué, trouvera toujours, lors des étapes, la joie de découvertes historiques ou légendaires.
En bref, le pèlerinage de Saint-Jacques est devenu un fameux chemin de randonnée où les marcheurs rencontrent les amateurs d’art roman.

Au-delà des chemins et quelle que soit la motivation initiale, la marche peut tout de même être considérée comme une quête personnelle qui demeure avant tout une belle preuve de force de caractère et de ténacité.

Partir vers Saint-Jacques de Compostelle, quelles que soient les raisons du départ, conserve un certain parfum d’aventure. Même si les pèlerinages médiévaux étaient sans doute plus durs et plus dangereux pour les cheminants, il s'agit de ne jamais perdre de vue que les routes vers la Galice sont avant tout des voies suivies par des marcheurs pour un long voyage semé d’épreuves et d’expériences diverses.
Chemins de spiritualité pour certains, chemins de découvertes naturelles et historiques pour d’autres, mais toujours chemins de vie pour tous.

Quoi qu’il en soit la coquille, marque des jacquets en marche vers Compostelle, orne les points de passage et les lieux de séjour et de prière. Ainsi en est-il de ces trois coquilles décorant un arc de porte d'une impasse ouvrant rue de la Regratterie à Poitiers, Vienne.

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De même, le blason à une croix et trois coquilles Saint-Jacques du linteau de
la porte d'accès à la tourelle à vis de l’église de Saint-Romans-lès-Melle, Deux-Sèvres en est un autre bel exemple qui peut être vu sur la voie Turonensis.

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DSC01375_2 Sur le chemin de Tours

Mis en place après la découverte du supposé tombeau de saint Jacques au début du IXe siècle, le pèlerinage de Compostelle devient à partir du XIe siècle un des trois grands pèlerinages de la Chrétienté médiévale avec ceux de Jérusalem et de Rome.
Remarquons que le vocable " tombeau " n'est plus aujourd'hui employé ; le pape Benoît XVI dira plus simplement que la cathédrale de Compostelle « est liée à la mémoire de saint Jacques ».

Les routes compostellanes correspondent classiquement à quatre principaux itinéraires. Le dernier Livre du Codex Calixtinus, recueil composé au xiie siècle, commence en effet par ces mots : « Quatre routes mènent à Saint-Jacques » sommairement évoquées par les principales villes ou lieux remarquables traversés. En France, l'habitude a ainsi été prise de ne considérer que les quatre chemins indiqués dans le Codex Calixtinus, traduit en 1938 avec le titre contemporain, inexistant dans le manuscrit, de Guide du pèlerin. Les quatre chemins contemporains ont été tracés dans les années 1970, sous l'impulsion de la Fédération française de randonnée pédestre et de la Société des Amis de Saint Jacques.

On parle aujourd'hui de chemin de Vezelay, de la route du Puy-en Velay, de la via Tolosana, qui passe par Toulouse ( aussi communément appelée chemin d'Arles), et de la via Turonensis qui passe par Paris et Tours.

A la période médiévale des milliers de pèlerins, de toutes conditions, marchaient sur de longues distances pour aller vénérer l'un des plus proches compagnons du Christ. Entre le XIe et le XIIIe  siècles des lieux de culte s’implantèrent comme autant de relais le long de la route de pèlerinage.
Les églises situées le long de ces chemins sont aussi bien de grands édifices, comme Saint-Hilaire à Poitiers ou Saint-Pierre d’Aulnay-de-Saintonge, que de petites églises paroissiales. Ils ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial soit parce qu'ils figurent sur le guide attribué à
Aymeric Picaud, soit parce qu'ils renferment d'importantes reliques ou d'autres objets qui les rattachent directement au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Certains lieux de culte possédant de multiples chapelles absidiales ouvrant sur des déambulatoires, répondant aux besoins liturgiques sont dits églises de pèlerinage.

Aujourd’hui, les chemins ont pris une nouvelle vie. Les chemins de saint-Jacques ont été déclarés en 1987 par le Conseil de l'Europe "Premier itinéraire culturel". Certains tronçons de ces routes compostellanes sont maintenant classés au titre de Patrimoine Mondial de l’Humanité.
Les pèlerins empruntant traditionnellement
la Voie Turonensis passaient par Paris, gagnaient Orléans, puis Tours pour se recueillir sur la tombe de Saint Martin. Par Sainte Catherine de Fierbois et Châtellerault ils arrivaient à Poitiers où ils allaient prier devant les reliques de Saint Hilaire, l’évêque fondateur du diocèse. Ils pouvaient aussi se recueillir devant sainte Radegonde en son église et vénérer Marie à Notre-Dame-la-Grande. Àprès, ils continuaient sur Melle, Saint-Jean d'Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux.

Cependant, chaque pèlerin doit savoir qu’il peut aujourd’hui comme hier, d’ailleurs à la suite des chansons de gestes du passé, choisir son propre itinéraire.
En plus de ces
itinéraires secondaires, il faut tenir compte des chemins légendaires, qu’aurait emprunté l’apôtre venu évangéliser le monde occidental, et qu’on retrouve ici ou là.

Il en est ainsi du
« Pas de Saint Jacques » au vieux bourg de Buxerolles qui voyait passer les pèlerins suivant le « chemin de Tours » lequel empruntait les voies romaines.
C’est ce site légendaire qui retient ici notre attention.

C’est au pied du calvaire ci-dessous que les pèlerins s’arrêtaient voir les traces singulières que saint Jacques, selon la légende, aurait laissées lors de ses voyages.

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Ils rejoignaient ensuite l’église du bourg toute proche : l’église dédiée à Saint-Jacques et à Saint-Philippe telle qu’on peut la voir à l’heure actuelle.


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DANS LES PAS DE SAINT-JACQUES LE MAJEUR
DE L’EGLISE MEDIEVALE A L'EGLISE CONTEMPORAINE
VESTIGES DE L’EGLISE PRIMITIVE ENCORE VISIBLES DE NOS JOURS

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