Dans les gestes du quotidien :

à table à l’époque romane
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C’est au cours de la longue période allant du Ve au XVe siècle, que se dégageront les caractéristiques d’un art culinaire, se développant essentiellement dans les cours princières et ecclésiastiques.
Les premiers textes culinaires en France à l’usage des grands de ce monde datent de l’an 1300 environ. Les documents sont beaucoup plus rares en ce qui concerne l’alimentation des paysans et petites gens.
Les auteurs d’enluminures surtout du XVe siècle nous convient parfois aux tables médiévales. Comme ils travaillent pour les princes, pour les puissants ou les catégories sociales les plus aisées, c'est sur des tables plantureuses que s'attarde leur regard. Bien rares, en revanche, sont les représentations du petit peuple à l'exception de celles que l'on trouve essentiellement dans les zodiaques et travaux des mois.

Les repas qu’ils soient ordinaires ou de fête, quelle que soit l'époque considérée, constituent des moments qu'on ne peut éviter de considérer si l'on veut rendre compte de la vie des gens. Malgré la faiblesse de la documentation et la rareté des sources disponibles on essaiera de présenter par l’image les traits marquants de cet aspect majeur de la quotidienneté vécue à l’époque romane.


Faut-il rappeler qu’au Moyen Âge la notion de salle à manger n’existe pas. Chez les paysans comme chez les citadins pauvres l’unique pièce commune à vivre de la maison fait office de tout : chambre à coucher, cuisine, salle à manger... Des pièces différenciées demeurent un privilège aristocratique.
Le mobilier est rudimentaire et polyvalent : un lit, l’usage des bancs est commun à toute la société, les tabourets sont les sièges les plus répandus, un ou deux coffres.

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La paysanne ne possède ainsi pas d'espace défini et isolé pour préparer les repas. Elle œuvre dans l'unique pièce chauffée de la maison au sol de terre battue qui sert aussi de chambre. A la campagne, les gens mangeaient le plus souvent sur leurs genoux et parfois, sur un petit meuble de rangement ou un coffre.
Les tables de ce temps étaient le plus souvent des tables provisoires, faites de
planches posées sur des tréteaux, que l’on installait avant le repas pour la démonter aussitôt après. De là provient l’expression “dresser la table”, c’est-à-dire la monter, et non pas, comme on le penserait aujourd’hui, mettre le couvert.
C’est à la fin du XVème siècle, qu’apparaitra la table à quatre pieds.
Les sièges et les bancs étaient très utilisés en ville et les plus aisés disposaient de fauteuils à accoudoirs. Chez les plus riches on utilisait des nappes blanches en lin.

Les aliments liquides ou semi-liquides soupes, sauces sont versés dans des écuelles, en bois ou en métal plus ou moins précieux selon la richesse de leurs détenteurs.
Les
coupes et gobelets de toutes tailles et de toutes matières servent à la consommation des boissons. Ces divers ustensiles ne sont pas toujours d’usage individuel.Il peut se trouver que les convives aient à les partager ; il en est ainsi chez les plus pauvres.
Les aliments solides tels que viandes et poissons sont pris directement dans les plats posés devant les mangeurs, soit piqués au moyen du couteau, objet personnel avant tout, soit saisis avec les trois premiers doigts de la main droite.
La fourchette n’est pas un ustensile individuel employé pour manger comme nous le faisons aujourd’hui.

Les aliments sont ensuite déposées sur le tranchoir, épaisse tranche de pain rassis à la mie dense qui fait office d’assiette et recueille les graisses, jus ou sauces qui s’écoulent de la nourriture. Il n’existe ni fourchette, ni serviette. Les assiettes et fourchettes ne feront leur apparition en France qu’au XVIe siècle.

Pour « secondaires » qu’ils puissent paraître ces éléments peuvent nous aider à mieux approcher certaines réalités de la vie de l’âge roman.

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