La saunerie,
une activité au rythme des saisons
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Une année de saunier se traduit par un savoir-faire pratiqué tout au long des saisons.

L'évacuation des eaux douces accumulées pendant l'hiver constitue le premier élément d'une longue suite de chaînes d'opérations qui, de mars à mi-juin - début juillet, assure la remise en état progressive des salines afin de permettre la récolte de l'été.


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En hiver, les salines doivent être protégées du gel et des perturbations météorologiques en les recouvrant d’eau. C’est la période du curage des différents réservoirs extérieurs, du nettoyage des canaux d’alimentation et de l'entretien des talus.

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Crédit photo : filae.com sur les métiers d'antan.

Limage :avec le "rouable", le paludier décape la vase de surface et la repousse au bout de "l'œillet". Puis à coups secs, il rejette cette vase vers l'extérieur du marais salant.



  • *Au printemps, les salines doivent être vidées, ( mises à l'écours ), les dépôts de vase et les algues qui se sont formées pendant l'hiver doivent être éliminés, les ponts doivent être reconstruits. La remise en eau s'effectue tout doucement à partir du mois d'avril .
  • * L’été, c’est le temps de la récolte du gros sel et du recueil de la fleur.
  • * Une fois que le sel est rentré, à l’automne, le marais entre dans une période de repos.
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Les outils et les bâtiments du saunier
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✏︎Les outils

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Les outils utilisés dans les marais salants ont peu changé au cours des siècles et sont restés, pour la grande majorité, en bois.
Tout un vocabulaire est utilisé variant d'une région à l'autre. Pour ne prendre qu'un seul exemple l'outil d'extraction du gros sel des œillets est le las pour le paludier guérandais et devient l'ételle chez le saunier noirmoutrin.



L'ételle

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Cet outil le plus connu, servant à la récolte du gros sel, est muni d’un manche flexible de 5 mètres de long terminé par une planchette rectangulaire biseautée. Un des côtés de celle-ci est plat pour tirer ros sel, l'autre côté est en biseau pour le pousser.

La lousse à fleur de sel

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Traditionnellement en bois, cet outil sert à cueillir la fleur de sel à la surface des œillets. C'est une petite planchette trouée au bout d'un long manche, plus large que l'ételle ; l'outil existe désormais en matériaux modernes plus légers de qualité alimentaire.   Son emploi suppose l'acquisition d' un coup de main certain pour ne pas ramener des impuretés argileuses !!!!


Les moyens de portage


* Autrefois le transport du sel dans la saline s'effectuait à l'aide de la gède à Guérande : récipient de bois conique sans anse que les femmes portaient en équilibre sur la tête avec un coussinet de toile enroulée, la torche.
A Noirmoutier divers types de paniers paraissent avoir autrefois été utilisés pour le portage du sel sur la tête et notamment le Pnère.
Le " p'ner' souneret' "aurait désigné traditionnellement un panier avec anse rappelle Nicolas Garni
er ).

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* La brouette


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Elle a remplacé le panier pour transporter le sel de la table au tesselier. Les brouettes peuvent contenir de 120 à 150Kg de sel.

Les outils de travail pour vider l'eau des salines ou pour jeter la vase liquide
Au sommeil pendant de longs mois, les marais salants doivent être vidés au printemps en vue de la récolte estivale.

* Les outils à main individuels
- Le vidage des marais s'opère à l'aide
de petites écopes en bois, en bois et tôle ou matière plastique : la sasayette est une petite écope, la sesse est de plus grande dimension.

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- La bogue
Il faut restructurer les levées de vase délimitant les bassins. Les diguettes sont remises en forme à l'aide de la vase qui s'est accumulée à leur base. La vase est prélevée et étalée à l'aide de pelles de bois.


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- La lousse à ponter

La lousse à ponter, comparable à la lousse à fleur de sel, se différencie par un manche plus court et plus gros. Elle est utilisée pour la réfection annuelle des
vettes ou ponts.

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- Rouable : outil utilisé pour pousser ou tirer la vase lors des remises en état annuelles ou exceptionnelles, composé d'une planchette au bout d'un manche de 2 à 3 mètres.


* Les machines : moulin, pompe

- Le moulin de saunier.

Au printemps il faut préparer en les vidangeant les marais salants laissés en sommeil pendant l'hiver pour la récolte de l'été à venir. Par cette opération qui se faisait traditionnellement avec de grandes écopes - les sesses - les sauniers de Noirmoutier avaient inventé vers 1915-1920 des pompes actionnées par de petits moulins à vent.
L'invention de pompes mues par de petites éolienne allégeait un peu le travail du saunier.



Moulin de saunier

Moulin à sassor ou moulin à assèchement, anciennement moulin Boucard.


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Ces petits moulins à vent, avec leurs ailettes, sont encore visibles en bordure de quelques rares marais.

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- La pompe mécanique mue par un moteur à explosion

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✏︎Les bâtiments

En balade sur les charrauds sillonnant les marais vous découvrirez deux types de constructions : de nombreuses caloges et encore quelques salorges.


♦️Les caloges
Il existe encore dans les marais nombre de ces petits édifices apparemment liés au métier du sel.
C'est à tort que ces abris sont appelés caloges car le mot vient de loge, logis, logement. Se caloger dans la langue insulaire signifie se mettre à I'abri ; c'était indispensable pour le paysan d'antan qui partait au travail pour la journée en plein hiver.
De dimensions réduites et dotée d'une pièce unique, la caloge dispose d'une cheminée pour réchauffer le déjeuner lors du temps temps de pause.
Havre des paysans-sauniers pour les labours et les semailles mais aussi, ensuite, lors des grands travaux au marais : curage des branches et préparation de la saline.


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Les caloges ont été édifiées sur les bossis parallèlement au marais. La porte est située sur le pignon ; le toit est à deux pentes et recouvert traditionnellement de tuiles tiges de botte.

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Cet abri du marais n'est pas lié au départ intimement à la production salicole car construite à l'intention du cultivateur ; la cheminée qui l'équipe est à elle seule la preuve d'une occupation hivernale.


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Si beaucoup sont en ruine, d'autres vétustes, certaines sont en bon état et même bien entretenues comme celle-ci bien rénovée par l'exploitant de ce grand marais.


♦️Les salorges, mémoire de la saunerie.

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En parcourant les marais, au hasard des chemins, vous pourrez découvrir encore d'anciens bâtiments traditionnels utilisés autrefois pour le stockage du sel : les salorges.

Pendant des siècles l'île a emmagasiné et commercialisé le sel dans les bâtiments de stockage des négociants.
Les salorges étaient la base du négoce et profitaient aux intermédiaires qui achetaient au moindre prix la production de petits sauniers.
L'entreposage pendant quelques mois permettait parfois aux marchands de s'enrichir à bon compte sur l'augmentation du prix du produit.

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Les «magasins à sel» de grande dimension sont généralement situés sur les marges de la zone des salines ; ils présentent les meilleures conditions de stockage du sel, abrité des intempéries. Ces bâtiments, de bois ou de pierre, sont dépourvus de fenêtres ; leur toit est à double pente et les matériaux de couverture sont variables .


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Ces entrepôts à sel sont aisément reconnaissable à leurs murs inclinés et à la présence de contreforts destinés à supporter la pression des tonnes de sel emmagasinées.

  • Les greniers à sel les plus anciens sont en pierre. Ils sont parfois épaulés de contreforts qui permettent aux mursde résister à la pression du sel, souvent entassé jusqu’aux fermes de la charpente.


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  • Les bâtiments les plus récents sont en bois. Elles sont bâties à l'aide de planches directement goudronnées. Leurs murs ne sont pas verticaux, mais présentent une base déportée vers l'extérieur, de manière à mieux supporter Ia pression exercée par la masse de sel.
Edifiées au début du XXe siècle trois belles salorges centenaires se trouvent sur la rive sud du chenal portuaire dans le quartier du Boucaut . Reconstruites à l'identique elles présentent une architecture complexe tout en bois aux parois obliques et possèdent une couverture de tuiles rouges.
L'une d'entre elles a été convertie en musée naval en 1986.


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Sur la
rive nord du chenal de Noirmoutier-en-l'île une grande salorge a été construite en 1770. Ses murs épais ont été édifiés en partie grâce à la multitude de pierres de lest déposées par les navires venus des ports de Bretagne et des pays du Nord.
Cette salorge fut complétée par une plus petite en 1820.

Aujourd'hui ces salorges ont été transformées en espace culturel municipal.
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