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Buxerolles et ses croix
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C’est en marchant sur les voies de la commune qu’on rencontre les éléments du petit patrimoine local que sont les croix. Composantes à part entière de la culture des siècles passés elles méritent de n'être pas oubliées car elles ont toutes une histoire et une raison d’être.
Vous avez dit croix !
Dans l'Antiquité la crucifixion était un châtiment réservé aux esclaves, aux voleurs, aux criminels. A l'origine du christianisme la croix était signe d'infamie.
C'est pour cette raison que dans l'Eglise primitive on ne recourait pas à la croix comme signe de rassemblement. Une image comme le poisson était préférée. L'origine de ce symbole dans la Bible doit probablement être cherchée dans les Evangiles qui parlent souvent de poisson, de pêche et de pêcheurs.

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     En grec le mot poisson s'écrit « ichthus ». Chacune des cinq lettres grecques est le début d'un titre christologique que l'on traduit : Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur. L'interdépendance entre l'idéogramme - ICHTHUS - et la représentation graphique du poisson s'est imposée rapidement chez les premiers chrétiens. Il représente en même temps l'Eucharistie c'est-à-dire le Corps, le Sang, l'Âme et la Divinité de Jésus-Christ. Les pains et les poissons sont la manne du Christ unissant les fidèles dans la communion sacramentelle.
Ce que Jacques de Voragine écrit au XIIIe siècle dans sa Légende dorée à propos de la croix est tout à fait significatif. « Avant la passion de J.C., le bois de la croix fut un bois méprisé, parce que ces croix étaient faites avec du bois de bas prix ; il ne portait point de fruit tout autant de fois qu’il était planté sur le mont du Calvaire ; c’était un bois ignoble, parce que c’était l’instrument du supplice des larrons ; c’était un bois de ténèbres et sans aucune beauté ; c’était un bois de mort, puisque les hommes y étaient attachés pour mourir ; c’était un bois infect, parce qu’il était planté au milieu des cadavres. Mais après la passion, il fut exalté de bien des manières, parce que au lieu d’être vil, il devint précieux ; ce qui a fait dire à saint André : «  Salut, croix précieuse etc. » Sa stérilité fut convertie en fertilité c’est pour cela qu’il est dit au chapitre. VII des Cantiques : « Je monterai sur le palmier, et j’en cueillerai les fruits. » Son ignominie devint excellence. «  La croix, dit saint Augustin, qui était l’instrument de supplice des larrons, a passé sur le front des empereurs. » Ses ténèbres ont été converties en clarté. «  La croix et les cicatrices de J.C., dit saint Chrysostome, seront au jugement plus brillantes que les rayons du soleil. » La mort est devenue une vie sans fin : ce qui fait dire à l’Eglise : « La source de la mort devint la source de la vie. »
Ainsi à suivre cet auteur la croix, jadis supplice infamant, est devenue le plus saint des emblèmes. Elle peut dès lors se propager dans le monde chrétien, d'abord sous forme de Croix triomphale. En, effet, l’image de la Crucifixion n’est pas dans l’Eglise primitive régie par les mêmes canons qu’aux siècles suivants. Dans le premier art chrétien les images ne montrent pas le supplicié. La Résurrection et le retour glorieux sont privilégiés ; symboles et allégories de la croix glorieuse sont utilisés : vigne, poisson, agneau, bon pasteur, chrisme….L’important pour les premières communautés était la victoire que le Christ avait remportée sur la mort, l’attente de son retour et l’espérance du salut.

  • Puis, dans une seconde étape iconographique, lorsque la figuration du Christ crucifié dans son corps apparaît - rendant ainsi témoignage de son Incarnation et de sa Passion- il est représenté avec une tonalité encore glorieuse, notamment avec les yeux grands ouverts. L’ image met encore en avant davantage le message de la victoire du Christ sur la mort que la souffrance provoquée par le supplice.
  • La Crucifixion connaîtra son âge d’or aux IXe-XIIe siècles avec les images équilibrées et sobres du Christ souffrant et mort sur la croix, le visage donnant une impression d’accablement dans un port restant majestueux, les yeux clos.

  • Des croix monumentales.

  • Si les premières croix monumentales furent érigées aux VII et VIIIe siècles en Irlande. c'est seulement à partir du XIe siècle qu'on assiste réellement à une multiplication des croix. Elles furent érigées à l'entrée des villes et des villages, à la croisée des chemins, sur les places, dans les cimetières. Notre commune ne possède pas de telles croix. Parmi les croix anciennes qui nous sont parvenues la plus proche de notre région est celle que l'on trouve dans le cimetière de Barret près de Barbezieux en Charente .

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Croix de la fin du XIe siècle. Cimetière de Barret, Charente.

C'est aux XV et XVIe siècles que la croix et les calvaires prendront une certaine importance. L'expansion se poursuivra jusqu'à la Révolution pendant laquelle beaucoup seront alors détruites.
De nouveau au XIX e de nombreuses croix seront restaurées ou élevées. Le carrefour est un lieu privilégié pour y implanter une croix pour y indiquer des chemins.
Nombre de ces croix ont progressivement pris place dans la nature à l'emplacement de lieux de culte païens pour en effacer les pratiques et inciter le passant à méditer sur le mystère de la Rédemption. Certaines de ces croix ont été au cours des siècles des jalons pour les processions à l'occasion de certaines fêtes religieuses qui ont maintenant été abandonnées (Rameaux, Rogations, Fête Dieu, 15 août...).

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Vue de la procession de la Fête-Dieu vers 1910. à Saint-Christophe, Charente.

@ Ourry Yann (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, (c) Communauté de communes du Confolentais, (c) Collection privée
Les croix étaient aussi placées sur les routes des grands pèlerinages comme Saint -Jacques de Compostelle.
Ainsi les croix monumentales sont de plusieurs types : croix de pèlerinages qui le plus souvent marquent une étape sur un trajet, croix de chemin, croix de mission, croix de cimetière. Les croix sont de formes différentes ( colonnes rondes ou carrées ), de tailles et de matières variées ( bois, pierre, fonte, fer forgé ou en ciment armé. ) Les croix sont généralement orientées vers l'est c'est-à-dire que le Crucifix regarde le couchant et que le passant a les yeux tournés vers le levant, vers Jérusalem ; mais cette pratique n'a pas toujours été une règle absolue de même que la statue du Christ ne figure pas toujours.

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Localisation des croix buxerolloises.

Ainsi les croix monumentales ont tenu au cours des siècles une place importante puisqu'elles ont participé largement à la vie des populations et des communes.
Plus modestes que les calvaires de la Renaissance
où sont sculptées des statues grandeur nature, les croix buxerolloises sans ornements n'en méritent pas moins de ne pas être ignorées ne serait-ce que par l'intérêt qu'elles présentent pour l'histoire locale.




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