Thomas et ses attributs
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Dans l’art chrétien des temps romans, gothiques ou beaucoup plus tardifs, les personnages sont souvent identifiables grâce aux objets ou aux attributs qui les accompagnent : instruments de leur supplice ou qui se rapportent à un épisode marquant de leur histoire.
Ce qui conduit
un spécialiste comme Emile Mâle à dire que " l'art ramasse en un trait toute la vie du saint " ( 1948, p. 525 ).

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Emile Mâle. Les saints compagnons du Christ. BeauchesneCalendrier des bergers 1493

Ainsi les apôtres, portent les instruments de leur martyre ou des particularités distinctives qui permettent de les désigner nominativement. Dès le XIIIe siècle, dans la statuaire de nos cathédrales, quelques apôtres, sinon tous, sont déjà désignés par les objets qu’ils tiennent entre leurs mains. Ainsi saint Pierre détient une ou deux clefs, saint André une croix, saint Jacques le Majeur une aumônière comportant des coquilles, saint Jean quelquefois un calice, saint Matthieu un livre ouvert, saint Paul porte une épée.

Les artistes empruntèrent à sa légende rapportée par les écrits apocryphes, les attributs de saint Thomas. C'est touchant les plaies du Christ que cet apôtre est le plus souvent représenté mais il est aussi figuré avec la lance de son supplice et l’équerre de l’architecte.

Thomas montrant / touchant les plaies du Christ.

✏︎ Souvent, dans l’iconographie - les peintures, les enluminures, les vitraux… -, on représente saint Thomas en train de toucher les plaies de Jésus ou de mettre sa main dans son côté. Ce que l’Évangile ne dit d'ailleurs pas ; il rapporte simplement l’invitation que Jésus lui fait de venir toucher.

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Le Psautier enluminé de Saint-Alban réalisé vers 1125

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 L’incrédulité de Saint Thomas, Le Caravage 1601-02 Oil on canvas, 107 x 146 cm   Schloss Sanssouci, Potsdam

Dans un tableau célèbre Le Caravage, beaucoup plus tard, n'hésitera pas à concentrer sa dramaturgie sur le geste de pénétration de la plaie.

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"L'incrédulité de Thomas", peinte en 1634 par Rembrandt, musée Pushkin Museum, Moscou,

L'originalité de la composition tient au fait qu'au lieu de mettre son doigt dans la plaie du Christ ressuscité, Thomas esquisse ici un mouvement de recul face à la plaie que Jésus lui montre lui-même.

✏︎ En fait deux modes de représentation de la gestuelle du Doute se dégagent de cette présentation imagée. Emile Mâle l'avait déjà relevée dans son ouvrage consacré aux Saints compagnons du Ressuscité.
* d'une part, l
e Christ facilite simplement le geste de Thomas en maintenant le bras droit levé,
* de l'autre, le Ressuscité agit plus directement en prenant vivement la main ou l'avant-bras de l'apôtre pour les tendre vers la blessure mortelle.

Thomas, son épée ou sa lance
Une certaine tradition voulait que l'apôtre avait été tué d'un coup d'épée. C’est avec une épée qu’on le représente volontiers jusqu’au XIIème siècle, la lance ayant été préférée par la suite.

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Saint Thomas et saint Philippe
Ebrasement gauche du portail sud de la cathédrale de Chartres


A Chartres le problème d'identification des saints fut résolu en mettant sous les pieds de chaque saint une petite scène qui rappelle quelque trait fameux de sa vie ou de sa mort.


La légende selon laquelle l’apôtre Thomas aurait été tué en Inde en l'an 72 d’un coup de lance dans le dos pendant qu'il priait lui vaut d’être souvent représenté avec cette arme. La lance fait aussi allusion à un épisode plus ancien et très célèbre de sa vie. Alors que la nouvelle de la résurrection de Jésus se répandait à Jérusalem, Thomas, en l’absence de preuves tangibles, refusait d’y croire. Jésus se présenta alors à lui et l’invita à glisser son doigt dans les plaies que la crucifixion avait laissées sur son corps, plus particulièrement dans celle occasionnée par le coup de lance d’un soldat dans son flanc.

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Emile Mâle. Les saints compagnons du Christ. Beauchesne, extrait.

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Saint Thomas. Albrecht Dürer. XVIe.


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Cathédrale Saint-Gatien. Tours. XVIIe.

Saint Thomas et saint Mathieu. Robert Malnoury.


Thomas et son équerre

Il fut aussi représenté avec un attribut plus singulier : l'équerre. L’apôtre Thomas est le saint patron des architectes, maçons, arpenteurs et tailleurs de pierre car, d’après la Légende Dorée, il aurait fini sa carrière en construisant un palais aux Indes pour le roi Gondoforus. Un architecte d'une espèce particulière puisqu'il construisait des palais dans le ciel….
Pour Thomas comme pour d'autres de ses compagnons on peut penser que les corporations ouvrières jouèrent un rôle important dans le maintien et la diffusion de ces signes.
Son attribut (à partir du XIIIème siècle) est donc une
équerre, outil qui convient parfaitement, selon certains, à son caractère carré, et qui en fait le saint patron de ceux qui aiment que les angles soient droits.


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C'est une règle que porte Thomas au portail de ……………et une équerre double au portail d'Amiens ; cette forme d'équerre est exceptionnelle. D'habitude il porte une équerre simple.

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En 1510 encore Thomas sera représenté tenant une équerre par Lucas de Leyde.

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Crédit photo : Jacques Hylae

Tombeau de François II et Marguerite de Foix 1502-1507. Cathédrale Saint-Pierre et saint-Paul, Nantes
Les apôtres sont représentés sur les côtés du tombeau, œuvre de Michel Colombe et Jehan Perréal. Thomas représenté ici avec son équerre.


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