DU STATUT DE LA NUDITE ET DE L’OBSCENITE
DANS L’IMAGERIE ROMANE
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A l’expression dans la pierre de scènes explicitement sacrées ou allégoriques porteuses d’une morale sont associées des images d'inspiration profane et des scènes truculentes, voire scabreuses, représentant des personnages masculins et féminins qui n'hésitent pas à offrir au regard ce qui est d'ordinaire caché.
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* Eglise de La Celle-Guenand, Indre-et-Loire **Eglise Saint-Hilaire, Melle, Deux-Sèvres
Une femme ouvrant son sexe avec ses mains, un homme exposant sa virilité, un couple exhibitionniste sont des figurations que les fidèles ont pu observer mais une question mérite d'être posée : est-ce les institutions religieuses médiévales qui les ont délibérément fait réaliser ?
Ces images, sculptées à une époque de foi où l'autonomie de la création artistique était moins grande qu'à notre époque, soulèvent maintes interrogations à l'observateur contemporain. Doit-on y discerner un message ? S'agit-il d'une marque simplement populaire ?
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*Art roman et rapports à la nudité
De l’image à la quête de sens.
http://jalladeauj.fr/obscenite/index.html
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Ce détour conceptuel peut nous aider à mieux approcher la place plus importante, qu’il n’y paraît a priori, occupée par la nudité et l’obscénité dans le répertoire thématique roman. Car comment ne pas trouver apparemment incongrue la présence d’êtres sexués outrancièrement exhibitionnistes et de scènes licencieuses dans ces lieux de silence et de recueillement voués à la célébration du Tout-Autre ! Comment ne pas s’étonner aujourd’hui devant ces éléments de statuaire représentant des scènes à la connotation apparemment érotique. Se trouve-t-on en face de figurations purement ornementales ou d’évocations symboliques ?
A l'époque médiévale les rapports à la nudité sont notoirement ambigus. Comme le rappellent Jacques Le Goff et Nicolas Truong, dans leur histoire du corps au Moyen Âge, « le corps nu reste au centre d'une tension entre dévalorisation et promotion ».
A l'époque médiévale le sexe était ambigu parce qu'une dimension érotique n'était pas obligatoirement connotée à la nudité.
D’un côté, la nudité signifie, d'une part, la sauvagerie ou l'indigence, d'autre part, elle symbolise aussi la pureté dans les premiers siècles du christianisme. Ainsi, les nouveaux chrétiens baptisés par immersion sont nus à l'image de l'enfant venant au monde. Elle peut-être aussi à la limite signe d'un état spirituel supérieur dans le cas de personnages hors du commun à l'exemple de saint François quittant publiquement ses vêtements.
De l’autre, il est certain que l'Eglise institutionnalisée a condamné la nudité, au motif que l’impudeur et l’érotisme constituaient un danger moral ; par là, elle rompait avec les pratiques du monde antique.
La nudité en soi n’est pas un critère suffisant pour définir l’obscénité dans la statuaire romane ; il faut que les organes sexuels soient notoirement exhibés.
Sur ces repères préliminaires il semble qu’un premier éclairage puisse résulter d’une distinction entre les représentations de la simple nudité mettant en scène le corps en général sans dimension érotique et les figurations crues des organes génitaux ou d'actes sexuels.
Il est permis de penser que le sens attaché à ces deux types d'images est très différent.
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* Eglise de Mailhat, Puy-de-Dôme ** Eglise de Saint-Ouenne, Deux-Sèvres
Dans le premier cas, ce qui se trouve dans un lieu sacré doit avoir une relation étroite avec la foi ; dans le second cas, on peut se demander quels sens peuvent bien manifester ces images, non pas du corps en général, mais des organes sexuels d’ êtres humains explicitement exhibés ? Ces figurations osées, obscènes peuvent-elles être considérées, entre autres, comme un moyen de dénonciation du vice, comme la simple expression d’une culture populaire ou comme remplissant des fonctions symboliques et de contre-modèles?
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