☞DE L'ESPRIT DE CÎTEAUX
Né en 1098, le mouvement cistercien a connu un essor vigoureux. De Cîteaux, en Bourgogne, lieu d'implantation couvert de roseaux ( cistel ) de sa première abbaye, il essaime dans la plupart des régions.
Ce nouvel ordre religieux prône un retour à une application stricte de la règle instituée par saint Benoît au VIe siècle.
Sous l'impulsion de ses premiers abbés, et en particulier de l'un d'eux, Bernard de Clairvaux, les premiers cisterciens restaurent une vie monastique qu'ils veulent loin du monde et plus près de Dieu. Leurs établissements, à l'instar des abbayes poitevines, sont implantés dans des lieux retirés.
Dans leurs constructions, simplicité et sobriété architecturales priment, et tout décor superflu est banni. Fonctionnalité et rigueur s'ont associés à un élan spirituel qui se traduit par une grande maîtrise des lignes, des volumes et de la lumière. Les abbayes témoignent dans leurs pierres, au-delà de la simple beauté, de ces valeurs de dépouillement, de pureté et de spiritualité.
☞TEMOINS EN POITOU DE l'ESPRIT DE CÎTEAUX
** Deux ensembles architecturaux représentatifs de l'esprit cistercien
Malgré leur état, les abbatiales du Pin et de l'Etoile demeurent d' émouvants témoins de l'esprit de Cîteaux en Poitou ; à ce titre, elles méritent échapper à la chape de silence qui, trop souvent, les enveloppe.
Relief sculpté aux armes de l'abbaye de l'Etoile.
L'Etoile : beauté, souffrance et renaissance d'une abbaye proche d' Archigny, Vienne.
L'abbaye de l'Etoile, commune d'Archigny ( Vienne ), tire son origine d'un regroupement de solitaires vers 1117 autour de l'abbé bénédictin Isembaud, frère de Pierre de l'Etoile, fondateur de l'abbaye de Fongombault. Le monastère fut rattaché en 1145 à l'ordre de Citeaux et reçut alors l'empreinte cistercienne. Elle connaîtra la célébrité au XIIe grâce à son troisième abbé Isaac de l'Etoile mort vers 1175. Ruinés par le régime de la commende au XVIe siècle, puis par les guerres de Religion, les bâtiments sont confisqués et vendus comme biens nationaux à la Révolution.
Les dégradations ont atteint un stade inquiétant jusqu'à la constitution d'une association pour la sauvegarde de l'abbaye. Celle-ci appartient désormais à la commune d'Archigny et mérite d'être mieux connue. Le 21 septembre 1990, l'abbaye est inscrite sur la liste des monuments historiques.Les travaux de réhabilitation seront malheureusement lourds.
Le Pin : une abbatiale émergeant d'un cadre bucolique non loin de Béruges, Vienne.
Dans son écrin de verdure de la vallée de la Boivre, où une source était déjà vénérée, l'abbaye du Pin remonte à l'année 1120. Elle fut affiliée à l'abbaye cistercienne de Pontigny 1163 et prit le nom de Notre-Dame du Pin. Les XIIIe et XIVe furent des siècles de prospérité.
Lourdement endommagée par la guerre de Cent Ans, elle est brûlée pendant les guerres de Religion, alors que Poitiers est assiégée en 1569 par l'amiral Gaspar de Coligny. Elle est de nouveau restaurée en 1649, époque à laquelle datent les bâtiments conventionnels actuels. En 1792, les biens du clergé furent confisqués et déclarés "biens nationaux" : bâtiments, terres et biens de l’abbaye furent vendus.
L'abbatiale en partie ruinée comporte des éléments des XII, XV et XVIIe siècles ; des corps de bâtiments datent du XVIIe et du XIXe siècles.
** Autres traces architecturales cisterciennes
Aujourd'hui, seuls quelques autres vestiges rendent compte de l'architecture cistercienne sobre et austère en terre de Venne.
Les belles pierres cisterciennes à l'abandon se rencontrent dans les anciennes abbayes de Bonnevaux, La Merci-Dieu et Valence.
En 1119-1120, Elie, abbé de Cadouin, fonde sur les terres données par un seigneur de Lusignan, une abbaye à Bonnevaux. En 1124, cette abbaye s'affilie à Cîteaux. Au XVIe siècle, comme bien souvent une administration commenditaire se met en place ; les guerres de religion entraînent le déclin de l'établissement. A la Révolution l'abbaye est vendue comme bien national.
Il ne reste de des bâtiments primitifs qu'une partie du cloître maintenant intégré dans des constructions ultérieures d'appropriation privée.
A 3 km au sud-ouest de la Roche-Posay fut fondée dans un site agréable bordant la Gartempe, l'abbaye cistercienne de la Merci - Dieu. Elle fut fondée en 1151 au lieu-dit " Bécheron " par l'abbé de Chaalis, Amuary, et Eschivard Ier baron de Preuilly et de la Roche-Posay. La guerre de Cent Ans, les pillages et l'administration frauduleuse de plusieurs abbés ont entraîné son déclin et elle ne survécut pas à 1789.
Il ne reste rien de l'église et seules quelques parties des XII-XIIIe siècles englobées dans les reconstructions des XVII et XIXe siècles témoignent des constructions primitives. Il s'agit plus particulièrement d'un portail donnant accès à une cour et d'un corps de bâtiments qui longe le chemin aboutissant à la rivière. Celui-ci comprend une hôtellerie composé de quatre pièces, d'un escalier central et l'appartement du père abbé.
Fondée en 1230 par Hugues X de Lusignan, l'abbaye de Valence, abbaye cistercienne près du bourg de Couhé, s'imposait par sa splendeur.
Malheureusement, incendies, Révolution française et manque d'entretien sont venus à bout d'une grande partie de l'édifice.
L'abbaye de Valence fut fondée le 6 Aout 1230 par Hugues X de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, seigneur de Couhé et Isabelle d'Angoulême, veuve du roi d'Angleterre. L'abbatiale, cistercienne, s'imposait par sa grandeur. Avec ses 70 m de long, l'église représentait l'un des monuments les plus importants du sud Vienne. Son histoire est ponctuée d'une alternance de dégradations et de restaurations. Elle est dévastée en 1358 par les routiers puis lors des guerres de religion, à l'instigation de l'abbé commenditaire Ponthus de Saint-George, converti à la Réforme en 1526. La Révolution française et le manque d'entretien ont provoqué la quasi disparition de cette abbaye. Aujourd'hui, les bâtiments des XIIIe, XVe et XVIIe siècles ( hôtellerie, réfectoire, logis abbatial ), en partie rénovés au XIXe siècle, sont la propriété de particuliers.
Du XIIIe siècle datent les deux bâtiments : la porterie et l’hôtellerie. On y remarque, au centre, la belle porte d'entrée ornée, sur le tympan trilobé, d'une fleur de lys. Sur chacun des deux pignons, une fenêtre en arc brisé, surmontée d'une rose à quatre lobes.
Le réfectoire des moines est une salle composée de deux nefs de trois travées chacune. Les voûtes reposent sur deux colonnes centrales et huit culs de lampe. Elles s'appuient sur des contreforts. Cette salle est coupée en deux en hauteur depuis le XVIIe siècle.
Au sud, on trouverait le logis abbatial datant de 1695.
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