LA VOIE BOUDDHISTE
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En suivant Matthieu Ricard le bouddhisme est une voie de transformation de l’esprit, pour aller de l’ignorance à la sagesse, de l’égocentrisme à l’altruisme et à la compassion.
L’esprit est la source du véritable bonheur mais également la source de l’expérience de la souffrance. Le bouddhisme propose des méthodes pour libérer l’esprit de l’illusion et des états mentaux nuisibles tels que la haine, l’obsession, la jalousie, et l’orgueil. déraciner les causes mêmes de la souffrance.

Le Karma occupe une place fondamentale dans l'initiation au bouddhisme, car il représente le cycle de la vie d’un bouddhiste. Pour comprendre le Karma, il faut s’appuyer sur l’étude de la vie et de la mort telle que celles-ci sont comprises dans cette sagesse.


♦️Le monde selon l'optique bouddhiste : une esquisse.
La vie et la mort sont inséparables pour le bouddhiste nous rappellent les différentes sources d'initiation à cette voie que nous reproduirons largement à l'instar de
http://www.bouddhiste.net/initiation-au-bouddhisme/le-karma
Dans l'optique de Bouddha l’ensemble des biens matériels que nous possédons et le plaisir que nous en retirons sont vains et inutiles. Ceci pour la simple raison que ces « biens » ne possèdent pas de valeur pour l’esprit.
L’
esprit est la seule partie de notre corps à demeurer après la mort. Lors de cet évènement appelé « mort », cet esprit qui a été le nôtre durant cette vie sera transféré à Bouddha afin de le purifier et pour qu’il puisse se réincarner. La réincarnation dépend des actes effectués lors de notre vie. Il s’agit du « Karma ».
Si l'homme a passé sa vie à courir après des richesses dont il n'a pas besoin, il héritera d’un
mauvais Karma et sa prochaine vie sera rythmée par la souffrance, l’égoïsme, la colère et la solitude. La richesse et le plaisir qui en découlent constituent les sources de la souffrance pour un homme parce qu’il n’en aura jamais assez.
Mais
la mort pour le bouddhiste est surtout le moment de l’éveil. S’il a mené sa vie en étant digne des enseignements de Bouddha, il sera libéré du cycle du Karma et il pourra être libéré des contraintes et de la souffrance de ce monde. La mort étant le miroir de la vie, le bouddhiste s’efforce ainsi de mener sa vie avec amour et compassion pour se libérer du Karma et atteindre l’éveil. Pour un bouddhiste, la vie est une préparation de la mort. Pour atteindre le Nirvana où il sera libéré des maux de ce monde et de toutes les sources de souffrance, le bouddhiste doit vivre en respectant le Dharma ou les lois. Il doit faire preuve de bonté envers autrui et la nature, il doit éviter de juger les autres, il doit fuir les attachements qui lui causent de la souffrance comme l’argent.
Selon une approche étymologique, le Karma signifie
acte. Cette définition donne tout son sens au Karma, car il s’agit en effet d’une loi de causalité qui détermine si le bouddhiste va atteindre l’Éveil ou s’il va se réincarner dans une vie de souffrance. Ainsi, le Karma rassemble tous les actes antérieurs y compris ceux des précédentes incarnations et il détermine la vie d’un bouddhiste.
S’il possède un bon Karma, c’est-à-dire s’il a vécu en respectant les règles du bouddhisme et qu’il s’est libéré des illusions de ce monde, il brisera le
cycle de réincarnation pour atteindre l’Éveil, le Nirvana.
Le Karma est la source du
bonheur et du malheur. La vie d’un bouddhiste doit servir à éviter le mauvais Karma en se détachant des liens de ce monde et en faisant preuve de bonté pour que dans la mort, il soit récompensé par le Nirvana. Pour avoir un bon Karma, l'adepte doit suivre les règles du bouddhisme. En faisant preuve d'amour, de pacifisme et de compassion, le bouddhiste n’est jamais amené à faire du mal à autrui. Ces qualités lui permettent au contraire de partager son bonheur et d’aider les autres.
La compassion, le pacifisme et l’amour sont donc indissociables dans la compréhension du Karma dans le bouddhisme.
Les règles de vie
bouddhistes se fondent sur la recherche du bonheur. Cependant, elle ne peut être atteinte que si une personne réussit à surpasser l’illusion qui cache les vérités de ce monde, et le désir égotique qui cause la souffrance. Le bouddhisme cherche la libération de l’âme de chaque personne grâce à son éveil, l’empêchant ainsi de vivre et revivre dans la souffrance. Mais une action ne peut être bonne que si elle est guidée par la compassion.
La
bienveillance universelle qui vise à procurer du bonheur à autrui et la faculté de réussir à se dominer pour faire le discernement entre le bien et le mal. « Les richesses et la beauté sont impermanentes et la sagesse est le plus précieux des joyaux. »
Une grande
compassion qui consiste à éviter de faire souffrir autrui. « Le bonheur est né de l’altruisme et le malheur de l’égoïsme. »
L'
état de paix face à toute circonstance fait enfin partie des quatre sentiments pieux à la base du bonheur.

L
e grand principe du bouddhisme est la sagesse. Un sage ne peut qu’être heureux, car il saura ce qui importe vraiment dans ce monde.Tant qu’une personne s’attache à des objets ou des valeurs de ce monde, elle ne peut être heureuse, car elle sera toujours sous l’emprise de sa soif de possession.

♦️La roue bouddhiste des cycles des existences
Le cycle des existences est une représentation de la manière dont le bouddhisme conçoit la situation des êtres dans le samsara, autrement dit le monde frappé par l'ignorance, le manque de liberté véritable et la souffrance. Deux points très importants sont à comprendre pour saisir cette vision des choses :

Le premier est qu'il existe un grand nombre de possibilités d'existence : non seulement la condition humaine ou animale que nous voyons, mais encore, d'autres mondes, imbriqués ou parallèles, qu'il n'est pas possible à nos sens de percevoir; certains de ces mondes sont plus heureux que le nôtre, d'autres plus douloureux.
Le second point est que chaque individu, loin de ne posséder qu'une seule vie, existe depuis des temps sans commencement et peut passer d'un monde à l'autre, non du fait du hasard, mais en raison de son
karma, c'est-à-dire des actes positifs ou négatifs qu'il aura accomplis, les premiers le menant vers des existences heureuses, les seconds vers des existence douloureuses.

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La roue des cycles des existences. Source : wikipedia


Trois cercles concentriques composent la roue des existences.

Le
cercle médian contient six sections renfermant la représentation des six classe d'êtres, dans lesquelles les individus peuvent reprendre naissance tour à tour:
Le monde des dieux ; le monde des demi-dieux; le monde des humains caractérisé par un mélange de joies et de peines
Ensuite il y a le secteur des humains qui inclut les transmigrations fortunées décrites dans la moitié supérieure de la roue.
Les trois autres secteurs dans la moitié inférieure contiennent les transmigrations défavorables ou infortunées, celles des animaux, des esprits affamés et des êtres des enfers. Le monde des animaux ; le monde des enfers ; le monde des esprits avides: sans cesse tourmentés par la faim et la soif. Tous ces domaines représentent les différents niveaux de souffrance relatifs aux différents types de naissance.
Lorsque les représentation de la Roue ne comportent que cinq sections, c'est que le monde de dieux et de demi-dieux sont rassemblés en un seul secteur.

Le cercle juste au centre des six domaines d'existence montre que les niveaux de souffrance sont produits par les karma, les actions.
Il est divisé en deux. La partie composée d' individus paraissant regarder et se déplacer vers le haut, symbolise les karmas actions positifs qui sont de deux types : favorables ou immuables; ce genre d'actions est le moyen d'obtenir des vies d'humains, de demi-dieux et de dieux. L'autre partie où l'on voit des personnes baissant la tête, symbolise des karmas défavorables ( actions négatives ), qui provoquent des naissances dans les sphères d'existences inférieures ( infortunées ).

Le
moyeu de la roue montre par quoi ces karma, sources de souffrance, sont induits. Leur source se trouve dans les trois poisons mentaux que sont : l'ignorance ou l'indifférence représentée par le porc, le désir et l'attachement. Tant qu’une personne s’attache à des objets ou des valeurs de ce monde, elle ne peut être heureuse, car elle sera toujours sous l’emprise de sa soif de possession, représentés par un coq, l'aversion ( la colère et la haine), représentés par un serpent. Le désir est responsable de toutes nos folies et dans notre propension à l'attachement.

Le symbolisme de ces trois cercles du centre vers l'extérieur, signifie que les trois poisons mentaux donnent naissance à des karmas favorables ou défavorables qui, à leur tour, donnent naissance aux différents niveaux de souffrance dans le cycle des existences.

Les douze scènes du contour extérieur de la roue
présentant symboliquement chacun des douze liens interdépendants indique comment les causes de la souffrance produisent les vies de l'existence cyclique : l'ignorance initiale, les formations karmiques, la conscience, le "nom et la forme", les bases de connaissance ( organes des sens ), le contact, la sensation, la soif (désir ), le vouloir, la saisie, le devenir, la naissance,"la vieillesse et la mort ".

La Roue des Existences est tenue dans les crocs et les griffes d'un être féroce représentant "l'impermanence", dans la non-permanence des choses.
La lune, suggère la libération de l'océan de souffrance des cycles insatisfaisants des existences.

Est souvent représenté à l'extérieur de la roue un Bouddha sorti du samsara, qui pointe du doigt une roue à huit rayons symbolisant le
noble sentier octuple, les huit chemins vers la sagesse : la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste.


♦️QUELQUES CITATIONS BOUDDHISTES
Bouddha - l’Eveillé -, désigne celui qui ayant parcouru les voies de la sagesse bouddhiste atteint le Nirvana.

Quelques textes peuvent enfin être rapportés car riches de sens pour les personnes qui souhaitent inscrire leur vie dans la perspective bouddhiste de recherche de la vérité et de recherche du bonheur.

" L’être humain vit dans l’illusion de ses désirs et de ses pensées profondes. Tant qu’il se maintient aux biens matériels et aux plaisirs superficiels, il ne peut agir avec pureté. Aussi, la sagesse bouddhiste veut que chacun se pose continuellement des questions sur ses actes et sur sa pensée.
La vigilance est le chemin du royaume immortel. La négligence, celui qui mène à la mort. 
Nirvana, l’état de celui qui s’est détaché de tout pour trouver la paix ultime.

 L’homme qui s’attache à cueillir les plaisirs comme des fleurs est saisi par la mort qui l’emportera comme un torrent débordé emporte un village endormi.
Une conscience troublée par les désirs ne peut se libérer, et une sagesse troublée par l’ignorance ne peut se développer. 
Si avec un mental pur, quelqu’un parle ou agit, alors le bonheur le suit comme l’ombre qui jamais ne le quitte. 
Vivez comme si vous deviez mourir demain. Apprenez comme si vous deviez vivre toujours.

Un sot a beau demeurer des années au contact de la science, il ne connaîtra pas plus le goût de la science que la cuillère plongée dans la sauce ne connaît le goût de la sauce. 
Toute conquête engendre la haine, car le vaincu demeure dans la misère. Celui qui se tient paisible, ayant abandonné toute idée de victoire ou de défaite, se maintient heureux.

Rester en colère, c’est comme saisir un charbon ardent avec l’intention de le jeter sur quelqu’un, c’est vous qui vous brûlez. 
Mille victoires sur mille ennemis ne valent pas une seule victoire sur soi-même.
Ne regrettez pas le passé, ne spéculez pas sur l'avenir, vivez pleinement le présent.
Le plaisir se ramasse, la joie se cueille, et le bonheur se cultive.
Celui qui a entendu la Loi, celui qui voit, celui qui se plaît dans la solitude est heureux ; lié à l’existence au milieu des créatures vivantes, et ne faisant pas de mal, il est heureux dans le monde. Parvenu à se mettre au-dessus des vices, exempt de passions, il est heureux dans le monde. Celui qui a dompté l’égoïsme et l’orgueil est parvenu à la suprême félicité.
Il y a quatre pensées illimitées : l’amour, la compassion, la joie et l’égalité d’âme.
La paix vient de l’intérieur. Ne la cherchez pas à l’extérieur.
Faire de grand discours éloquents n’est pas une preuve de sagesse. L’homme apaisé, sans haine ni peur, mérite d’être appelé sage.
Ne croyez pas les individus, fiez-vous aux enseignements ; ne croyez pas les mots, fiez-vous au sens ultime, ne croyez pas l’intellect, fiez-vous à la Sagesse.
Il ne faut jamais blâmer la croyance des autres, c’est ainsi qu’on ne fait de tort à personne. Il y a même des circonstances où l’on doit honorer en autrui la croyance qu’on ne partage pas."

Au final, parce qu'il ne s'appuie pas strictement sur une explication extérieure le bouddhisme est moins une religion qu'une discipline de l'esprit.

Il présente une explication "intérieure" : de chaque homme dépendent sa vision du monde et sa propre vie. L'homme est ainsi seul responsable de son illusion et de sa souffrance, mais aussi seul responsable de son "salut", qui dépend de son engagement et de sa pratique pour échapper à l'illusion.
En d'autres termes,
le bouddhisme incite ses adeptes à être constamment vigilants sur la manière dont leurs pensées, actions et motivations se manifestent.
Par certains aspects, cependant, le bouddhisme présente des analogies avec une religion : il existe des temples, des rituels, des statues, des actes de dévotion... On ne prie pas Bouddha ; il est un exemple à suivre. Les cérémonies en son honneur sont des commémorations comme on honore un "personnage important". Les offrandes d'encens, de bougies, de nourriture ne sont pas destinées à s'attirer ses faveurs mais sont des marques de respect, une façon détournée d'offrir des offrandes aux moines ou une mise en pratique de son enseignement (le don est une manière de pratiquer le détachement). Le rituel est aussi une pratique de méditation, qui facilite la concentration et détourne l'esprit des préoccupations quotidiennes. Les temples et les statues de Bouddha jouent aussi ce rôle : ils représentent, de manière symbolique, différents points de son enseignement, aident à les avoir toujours présents à l'esprit différents points de son enseignement et contribuent à soutenir la motivation.

A titre de remarque finale d'importantes différences existent entre le bouddhisme et le christianisme ne serait-ce qu'entre miséricorde et compassion. La miséricorde est divine, elle a plus à voir avec le jugement sur le péché. La compassion signifie souffrir avec, ne pas rester indifférent à la douleur et à la souffrance d'autrui ; elle a un visage plus humain.
Les bouddhistes rêvent de s’affranchir de l’illusion des passions humaines et de se fondre dans l’Etre.
La foi en la résurrection ou la croyance en la réincarnation ne participent pas de la même logique.

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