Du temps, de l'espace et des hommes
Du temps, de l'espace et des hommes
  • © août 2024 joël jalladeau Courriel 0

Du temps, de l'espace et des hommes

HOMO CONNECTICUS
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** De nouveaux maillages. Dans l'espace nouveau, l'homme de ce début de troisième millénaire ne se définit plus par par le lieu d'appartenance où il vit ; téléphone mobile et ordinateur portable libèrent l'adresse du lieu d'appel et l'adresse de réception. Sur la Toile il navigue à travers le monde sans se déplacer, consulte ses mails ici où là, c'est-à-dire de n'importe où. Le lieu d'où il vient ne suffit plus à définir l'homme. Il est d'ici ou d'ailleurs. Il est qui il est, un point c'est tout. La jeunesse contemporaine a autant de mal à appréhender le comportement des moins jeunes envers les nouvelles technologies quà saisir l'espace ancien où l'information circulait mal et lentement. La rapidité des communications permet virtuellement de prendre connaissance de tout ou partie de la mémoire globale et collective disponible de la communauté des hommes, à tout moment, à toute personne indépendamment du lieu de requête. Hier encore un lien étroit unissait l'homme, son nom et ... son domicile ainsi que tout ce qui pouvait s'y rattacher. Quiconque pouvait entrer en relation avec la personne que son adresse permettait de situer. Aujourd'hui déjà en partie et plus encore demain les nouvelles technologies d'information et de communication rendront les hommes moins dépendants du lieu. Téléphone mobile et ordinateur portable - lorsqu'ils se généraliseront - conduiront les hommes à vivre et à penser autrement. Dorénavant qui est mon voisin ? Je peux ignorer celui qui vit à la porte d' à côté et être en relation étroite avec celui résidant dans l'autre hémisphère. Du fait de l'accès à l'espace global et au temps réel que permettent ces NTIC l'enracinement local ne sera plus ce qu'il était, les relations de voisinage et la catégorie de prochain elle-même ne seront plus les mêmes puisque ce dernier pourra être lointain.La mobilité modifie l'espace. Il y a passage du local au global, du lieu au non-lieu. Avec l'ordinateur de bureau ou le téléphone filaire n'avait pas encore était séparée de sa localisation spatiale. Avec la généralisation de la wi-fi, l'homo connecticus pourra théoriquement disposer où qu'il soit des mêmes services que depuis son espace privatif. Aujourd'hui comme hier, les changements techniques génèrent des mutations culturelles. Les NTIC, non seulement véhiculent des idées, mais elles contribuent aussi à leur élaboration et à leur évolution. Par leurs pratiques, leurs manières d'être et de se comporter, en bref par les codes partagés les "générations nouvelles technologies" font émerger une certaine culture numérique différente de la vision classique de la culture. De plus en plus de domaines vont prendre leurs quartiers sur le Web. Les effets accompagnant ce basculement du monde réel vers le cyberespace restent encore difficiles à saisir. Les changements de vie qui s'annoncent ne peuvent encore que soulever perplexité et interrogations. Sans doute, est-ce moins les technologies en elles-mêmes qui changent la société que la réappropriation sociale de certaines d'entre elles qu'en font les hommes en fonction de leurs besoins.

** Quelques questions majeures.
Le passage du réel vers le virtuel se traduit par la migration progressive de nombre d'activités humaines vers la Toile. Il en est ainsi de la musique, de la librairie, de l'information, de services administratifs et fiscaux, de la finance mais aussi des musées... De même, dans un domaine différent mais fondamental tel celui de la formation le numérique se présente comme un défi. L'école - des petites classes à l'université - doit le relever. Prendre pied sur le Web est une chose : nombre de petites entreprises mettent en ligne leur propre site sans que cela ne change fondamentalement leur activité : c'est avant tout d'une vitrine dont il s'agit. Mais pour d'autres activités le fait de s'installer sur le Web entraîne des bouleversements plus profonds. On assiste actuellement à la montée d'internet comme
outil de vigilance citoyenne. Les associations usent du Réseau pour mondialiser leurs luttes. Nombre de traits des campagnes présidentielles 2007 et surtout de 2012 montrent à l'évidence que l'utilisation du Net par les candidats change le débat politique tel qu'il était traditionnellement avec ses grandes émissions télévisées avec les "Face-à-face ", ou les " 7 sur 7 "...Aux grands journalistes médiateurs se substituent les électeurs de base. Il y a incontestablement un renouvellement de la communication de l'homme - ou de la femme- politique. De même, dans quelle mesure l'apparition de journaux citoyens lancés par des " pronétaires " est-elle susceptible de modifier le jeu politique ? Rappelons que les pronétaires tendent à constituer des regroupements d'usagers capables de produire et de diffuser des contenus non propriétaires sur la Toile et à permettre un accès gratuit à l'information. Les pronétaires proposent ainsi tant des journaux citoyens ( agoravox ) que des encyclopédies de masse ( Wikipedia ) et divers types de sites gratuits. Le terme de pronétariat revient à Joël de Rosnay qui l'a forgé en référence au fameux prolétairiat de Marx. Le mot est créé à partir du Net, les pronétaires étant ceux pour et sur le Net. De représentative la démocratie se devrait être aussi " participative "... Aujourd'hui l'influence des réseaux sociaux ( Facebook, Twitter ...) est considérable.

** Vers un nouvel être au monde ? L'avènement de la civilisation numérique de demain va amener les hommes à reconsidérer leur être au monde, à reconfigurer leur manière d'être. Par les nouvelles formes de sociabilité qu'elles peuvent induire les NTIC peuvent être considérées aussi comme des technologies de relation. D'une part, les nouvelles technologies favorisent l'isolement réel de l'internaute en le coupant de son environnement proche, renforçant, par là-même, l'individualisme ambiant et le retrait sur soi. Inversement, les NTIC, par la mise en relation d'internautes qui partagent un centre d'intérêt commun, génèrent de nouveaux types de lien social. Des communautés virtuelles de toutes sortes s'établissent entre des personnes qui n'auraient jamais pu entrer en contact sans la relation numérique. Plus fondamentalement encore, le Réseau constitue un champ d'expérimentation de modalités nouvelles d'être-ensemble des hommes. Tous les courants de pensée, toutes les religions, toutes les philosophies sont aujourd'hui sur la Toile. Par ailleurs, la société dans toutes ses institutions - partis politiques, organisations syndicales, églises, famille, école - n'accompagne plus aussi strictement que jadis chacun de ses membres. La pression collective qui s'exerçait naguère sur l'individu n'étant plus ce qu'elle était, l'individu va se forger son propre système de valeurs. Avec l'affaiblissement des influences politiques, religieuses et idéologiques traditionnelles la quête de sens est devenue plus individuelle. On peut dire que sur le Web, c'est un modèle de constitution des valeurs plus horizontal que vertical qui tend à prévaloir puisqu' aucune hiérarchisation n'est opérée entre les différentes offres. Le sujet autonome devenant largement le référent ultime, entendant vivre à sa manière, accordant ses actes avec ses désirs et son propre système normatif. Les nouvelles technologies ouvrent aux hommes de nouveaux horizons. La fin des distances physiques a conduit certains à évoquer l'avènement d'un village global. Certes, le XXIe siècle sera le monde de l'information et de la communication, mais les hommes devront apprendre à vivre ensemble malgré leurs oppositions d'intérêts économiques, leurs divergences sociales et politiques, en respectant leurs différences culturelles et religieuses...


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