Du temps, de l'espace et des hommes
Du temps, de l'espace et des hommes
  • © août 2024 joël jalladeau Courriel 0

Du temps, de l'espace et des hommes

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Cathédrale d'Autun, Saône-et-Loire.

Si au Moyen Age le corps est contraint par les normes édictées par l’Eglise - institution en situation dominante - il résiste cependant à son refoulement total. Sur le bruit de fond continuel du combat entre les choses de la terre et les préoccupations d’ordre spirituel, l’homme médiéval est partagé entre exaltation et refoulement. Avant les périodes d’abstinence et de jeûne, le rire se faisait jour lors des fêtes populaires. Pour les siècles qui retiennent notre attention, l'année est rythmée par de nombreuses fêtes religieuses chômées. Musiciens et jongleurs divertissent. Dans une société ponctuée par une dure quotidienneté vécue et l'âpreté seigneuriale les fêtes du calendrier religieux sont célébrées avec une vivacité joyeuse ( processions ne concernant qu’un métier ou une confrérie, d’autres touchant toute la ville, ostensions de reliques, mystères, ...). Tous les évènements importants - mariages, baptêmes -donnent lieu à de grandes réunions familiales. Le mariage notamment constitue un évènement pour tout le village : on mange, on boit, on s’amuse et l’on danse. La ville et la campagne n’offrent pas les mêmes distractions. Si les ruraux se divertissent surtout lors des fêtes qui se déroulent tout au long de l’année, les citadins peuvent observer les spectacles de la rue. En tout endroit où la foule avait l’habitude de s’amasser ou de passer, on les voyait affluer aux carrefours, sur les places, au bout des ponts, aux foires. La foule se rassemble pour regarder les acrobates et les jongleresses qui dansent, entendre les conteurs et les chanteurs.
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Musiciens, danseurs et jongleurs dans la sculpture romane

http://jalladeauj.fr/musiciensetjongleurs/
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Jongleurs, enluminure, milieu du XIe siècle, BNF http://www.maremurex.net/chretien.html

A l’époque médiévale, les divertissements sont condamnés par l'Église institutionnalisée qui souhaite imposer une rigueur morale aux laïques. L’Eglise, gardienne de l’ordre et de la décence, reprochait à ces amuseurs « de troubler les âmes par des spectacles dissolvants, d’exciter à la luxure, de fournir eux-mêmes les pires exemples, bref d’être les suppôts du diable » E. Faral (1916, 2010, p. 254).
Cependant, l’effet de ces interdictions semble être demeuré relativement faible auprès des populations. Est-ce parce que ces jongleurs avaient la faveur du peuple que les évocations de musiciens, danseurs et contorsionnistes, montreurs d’animaux sont nombreuses sur les édifices religieux mêmes ? En tout cas les claveaux d’archivoltes, les modillons des corniches et les chapiteaux manifestent une certaine dimension festive de la vie profane des XI-XIIe siècles.
Plutôt qu’à une promenade dans une famille d'églises, c’est à un voyage dans la diversité romane régionale ( galeries de photos du Poitou, de la Saintonge… et d’ailleurs ) que nous convions le lecteur en découvrant - d’abord les représentations de musiciens et de danseurs que nous ont laissées les sculpteurs romans, - puis le monde des jongleurs.
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