Paul, l'homme au livre ou à l'épée
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Face latérale gauche du trumeau, église Saint-Pierre de Moissac.

Paul, Apôtre des nations, annonça aux Juifs et aux Grecs le Christ crucifié. Comme Pierre il annonça l’Évangile avec foi et amour avant de subir le martyre sous l’empereur Néron.
Paul appartient à la première génération chrétienne, celle des années 30 à 60. A la différence de Pierre il n'avait pas connu Jésus de Nazareth. Son itinéraire commence à Tarse, en Cilicie, c’est-à-dire dans le territoire actuel de la Turquie. Paul y est né à une date indéterminée, sans doute quelques années après le Christ. Il est juif, pharisien, membre d’une famille de la classe moyenne, au sein d’une ville où la communauté juive est importante. Paul avait appris le métier de tisserand.
C'est à Damas qu'il se convertira à la foi chrétienne, quelques années seulement après la crucifixion de Jésus vers 33/35 de notre ère. Nouveau croyant il prendra conscience qu'il est envoyé aux " païens ".
Il va se servir de son état de citoyen romain pour demander à être jugé par César lui-même, ce qui lui sera accordé (Ac 25, 11-12), et qui le conduira vers Rome où il va mourir martyr.
On a pu dire " qu'il a fait œuvre de théologien, non pas en chambre, mais sur le terrain, à partir des luttes et des conflits provoqués provoqués par la mission " ( P. Bony, 1996 ).



☞ Paul," l'homme des trois cultures ", apôtre des Nations

Le 2 Juillet 2008, le pape BenoîtXVI, dans une homélie, est revenu sur la figure de l'Apôtre des gentils, auquel est consacrée l'année paulinienne (conclusion le 29 juin 2009). Il est un exemple "de totale consécration au Seigneur et à son Église, de grande ouverture à l'humanité et à ses cultures...
Pour comprendre ce qu'il dit aux chrétiens d'aujourd'hui, il faut revenir sur le contexte dans lequel il vécut et agit...". Saint Paul, a rappelé le pape, venait "d'une culture particulière et certainement minoritaire, celle d'Israël et de sa tradition... nettement différenciée du contexte général, ce qui pouvait avoir deux conséquences: la dérision, qui pouvait aller jusqu'à l'intolérance comme jusqu'à l'admiration".
Deux facteurs ont cependant favorisé l'action de Paul: la diffusion de "la culture hellénistique, devenue après Alexandre le grand patrimoine de la Méditerranée orientale et du Proche-Orient", et "la structure politique et administrative de l'empire romain" qui unifiait les peuples. "La conception universelle qui lui est propre donna sans nul doute une impulsion fondamentale à la foi en Jésus-Christ... La situation historique et culturelle et le milieu d'où il venait influèrent sur ses choix et son projet".
Puis le Saint-Père a rappelé que Paul a été appelé "l'homme des trois cultures", regroupement de ses origines juives, de la langue grecque et de son statut de citoyen romain, dont témoigne son nom latin Paulus. On trouve aussi dans sa formation intellectuelle la philosophie stoïcienne, dominante à son époque, porteuse "de hautes valeurs humaines et morales qui seront inclues par le christianisme". Et puis, c'était un moment agité par une crise de la religion traditionnelle, principalement sous ses aspects mythologiques ou sociologiques. Le 3 septembre 2008, le Pape a parlé de la conversion de l'Apôtre des gentils. Benoît XVI a d'emblée souligné qu'elle advint au début des années 30 de notre ère, durant une période de persécution de l'Église primitive. Elle constitua un épisode décisif de la vie de saint Paul. On dispose de deux sources pour comprendre ce qui se produisit, la plus connue étant le récit de Luc dans les Actes, qui parle de la lumière tombée du ciel, de la chute de Paul, de sa cécité. "Le Christ ressuscité lui apparut comme une lumière vive qui, s'adressant à Paul, transforma sa pensée et sa vie même... Cette rencontre, qui est au cœur du récit de Luc, modifia radicalement sa vie au point qu'on peut parler d'une réelle conversion".
Puis le Saint-Père a indiqué que les épîtres mêmes constituent la seconde source. Allant à l'essentiel, elles ne fournissent pas de détails sur les circonstances de l'évènement: " Tout le monde savait que le persécuteur était devenu un fervent apôtre du Christ, non par réflexion mais à la suite d'un fait violent, la rencontre avec le Ressuscité en personne".


Le Pape a alors souligné que plusieurs écrits de Paul établissent que l'apparition du Christ fut le fondement de tout son apostolat et de sa nouvelle vie, même s'il ne considérait pas l'évènement comme une conversion proprement dite.
La raison est très claire, a expliqué Benoît XVI, "la transformation de son existence ne fut pas le fruit d'un processus psychologique, d'une évolution de la réflexion intellectuelle et morale... Elle fut causée par la rencontre avec Jésus-Christ...et la conversion de saint Paul ne peut s'expliquer autrement. Les analyses de l'esprit ne sauraient éclairer et résoudre le problème. La clef pour comprendre l'évènement se trouve dans la rencontre même".

☞ Saint Paul et ses attributs
Malgré le rôle essentiel qu'il a joué dans la naissance et la diffusion du christianisme, Paul est bien moins représenté que Pierre dans le décor sculpté des églises.

Il est fréquemment figuré le front dégarni avec une très grande barbe. La tradition iconographique le représente tenant un livre, voire une épée.
C'est la Révélation dont il est héraut qui est le plus souvent symbolisée par un livre ou une Bible ; le glaive, quant à lui, évoque à la fois son martyr et le tranchant de la Parole de Dieu dont il est l’apôtre auprès des païens. 
L’image de l’épée se réfère ainsi à toute la mission d’évangélisateur de l'apôtre. Il écrit à Timothée : « j’ai combattu le bon combat » (2 Tm 4,7). Non certes le combat d’un grand homme d'armes, mais celui d’un diffuseur de la Parole de Dieu, fidèle au Christ.


Paul typiquement représenté bénissant et serrant le Livre contre lui.
Abbaye Saint-Pierre de Moissac, Tarn-et-Garonne.



Saint Jacques le Majeur et saint Paul.

Sur le livre de Jacques: OMNE DATVM OPTIMVM ET OMNE DONVM PERFECTVM DE S... la suite se trouve sur le nimbe:...VRSVM EST DESCENDENS A PATRE LUMINE ("Tout don excellent et toute grâce parfaite vient d'En-Haut, descendant du Père des lumières" Jc I 17).
Saint Paul tient un phylactère: GRATIA DEI SUM ID QVOD SVM ("Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis", 1 Cor XV 10). Sa tête est moins abîmée que celle des autres apôtres.
Il est figuré avec un large front chauve barré de rides, les tempes encadrées de longs cheveux, les yeux profondément enfoncés sous les arcades sourcillères, donnent à ce visage dur et énergique attentif cependant à traduire l'intensité de la vie intérieure" at-on pu dire (Robert Saint-Jean).

Façade Saint-Gilles-du-Gard, Gard.


De chaque côté de l'arc on observe les figures de saint Paul tenant un livre et de saint Pierre avec une crosse et ses clés.
Portail de la collégiale San Isidoro, Leon, Espagne.


Paul la main droite ouverte et tenant de l'autre le Livre. Les portails de la collégiale San Isidoro de Leon, Espagne.

Cathédrale Saint-Pierre, Poitiers, Vienne.

L'apôtre des Gentils peut être également observé sur des peintures murales. Il en est ainsi ci-dessus.
Saint Paul fait partie d'un ensemble d'œuvres du XIIIe siècle longtemps dissimulées qui peuvent depuis 2017 être à nouveau observées.


Saint-Paul-hors-les-murs, Rome. Crédit photo : http://www.italie-decouverte.com/

C’est un Paul majestueux, l'épée dressée, prêt au combat, le Livre sous le bras gauche.
La représentation de l'apôtre est ici une figure de pouvoir. Pouvoir de la connaissance qu’il a acquise par son étude des Ecritures, pouvoir dans l’action comme l'évoque son épée levée comme si  il allait s’en servir.


Représentation du XIIe siècle bien différente de la précédente : Paul tient de sa main droite le glaive de la parole de Dieu sous forme d'une longue épée qui longe son corps et dont la pointe est posée au sol ; son bras gauche replié tient de la même façon le Livre.

Abbatiale Saint-Jouin-de-Marnes, Deux-Sèvres.


☞ Scènes de la vie de Saint Paul




Vue du cloître. Premier chapiteau: Saint Paul devant l'Aréopage. Sur le pilier: saint Jacques le Majeur.

Arles, Saint-Trophime : le cloître.


Le Christ dans sa mandorle remet le rouleau de la Loi à Paul.
Eglise Notre-Dame de Gargilesse, Indre.


Le célèbre chapiteau du Moulin mystique : Moïse verse du grain dans un moulin ; à droite, saint Paul recueille la farine, symbole de la Loi nouvelle du Nouveau Testament. Le moulin c'est le Christ lumière du monde venu tirer la substance de la Loi ancienne pour la renouveler dans le message des Evangiles.

Basilique Sainte-Marie Madeleine, Vézelay, Yonne.


Le Christ en gloire représenté au sein d'une mandorle constituée de deux cercles sécants inclus dans un espace délimité par un rang de perles. Le cercle supérieur sert de siège au Christ. De la main gauche il tient le Livre de vie fermé, de la main droite il fait un geste bénissant. Deux anges supportent la mandorle.
Les apôtres occupent l'espace laissé par les arcades de la Jérusalem céleste dont les arcs englobent leurs têtes auréolées. A gauche du Christ on observe Paul qui peut être reconnu grâce à son front dégarni, caractéristique qui le représente souvent. Son long index pointé symbolise la parole agissante.

Linteau du portail de l'ancienne abbaye de Saint-Genis-des-Fontaines, Pyrénées Orientales.

Détail : Hérode conseillé par un démon ordonne le martyre de Pierre et de Paul.

Cathédrale Saint-Pierre, Poitiers, Vienne.

Détail : un bourreau s'apprête à abattre son glaive sur le cou de saint Paul.

Cathédrale Saint-Pierre, Poitiers, Vienne.
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