Des images singulières :
hommes d'armes et scènes explicitement religieuses
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Au-delà des représentations purement profanes témoignant de l'équipement militaire des temps romans on a vu précédemment comment il fallait dépasser l'apparence de certaines images de pierre pour décrypter des connotations symboliques sous-jacentes.
Au-delà de ces lectures possibles au second degré les imagiers romans n'ont pas hésité à aborder des thèmes proprement religieux en faisant intervenir des personnages vêtus en gens d'armes en équipement d'époque.
Chapiteau dit du " sommeil des gardes ".
Les soldats, envoyés par Pilate pour monter la garde auprès du tombeau du Christ se sont endormis les uns contre les autres. L'intérêt de cette évocation à thème spécifiquement religieux, pour notre objet d'étude, est qu'elle témoigne de l'équipement militaire du XIIe siècle : cottes de mailles, casques pointus, écus.
Eglise Saint-Pierre de Mozac, Puy-de-Dôme.
☞Les combats des Vertus et des Vices
Les hommes doivent veiller leur vie durant pour atteindre le monde d'en haut. Les combats des Vices et des Vertus figurent le dénouement du drame en sculptant toutes les Vertus, sous forme de vierges accoutrées comme des guerriers, armées de pied en cap, triomphant des Vices représentés sous forme de petits monstres à leurs pieds.
La victoire des Vertus sur les Vices n’est figurée que pour signaler la ligne de partage entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, en bref, la voie à suivre, qui sera le plus souvent difficilement suivie.
Les scènes de combat des Vertus et des Vices sont représentées plus particulièrement sur les voussures des portails et sur diverses arcatures de certaines églises.
Gros plan sur une des six Vertus portant un bouclier joliment décoré de manière plutôt fantaisiste. Dans un premier temps les écus étaient sans aucune décoration ; ils s'ornent peu à peu de motifs géométriques, voire d’une croix vraisemblablement pour signifier la foi.
Eglise de Fontaines d’Ozillac, Charente-Maritime.
Avec leurs beaux visages, coiffés d'un heaume et protégés par leur écu, les Vertus transpercent les Vices de leur lance.
Eglise Saint-Nicolas de Civray, Vienne.
Voussure sculptée du Combat des Vertus et des Vices, la Chasteté luttant contre la Luxure.
Portail central de la façade occidentale de l'église Saint-Pierre de la Tour,
Aulnay-de-Saintonge, Charente-Maritime.
SUPERBIA / HUMILITAS. Evocation du combat de Orgueil contre Humilité dont la tête est couverte d’un heaume possédant un couvre-nuque. Le Vice se tord de douleur sous les coups de lance de la Vertu qui le terrasse.
Portail central de la façade occidentale de l'église Saint-Pierre de la Tour,
Aulnay-de-Saintonge, Charente-Maritime.
La fenêtre centrale de la façade du croisillon sud du transept comporte une autre psychomachie.
Ici le combat est réduit à quatre couples ennemis. On remarque que les écus épousent la courbe de l’arc.
Eglise Saint-Pierre de la Tour, Aulnay-de-Saintonge, Charente-Maritime.
Les deux Vertus représentées possèdent une épée alors que les deux autres ont une lance. On observe en particulier comment les Vertus s’abritent largement derrière leur bouclier.
Eglise Saint-Pierre de la Tour, Aulnay-de-Saintonge, Charente-Maritime.
Les diocèses de Poitiers et de Saintes, ont réservé au combat des vertus et des vices un emplacement privilégié aux entrées des édifices. Le diocèse de Clermont-Ferrand, traite également le même thème mais de façon différente sur les chapiteaux du sanctuaire.
Deux Vertus - Largesse et Charité - représentées avec des cuirasses frappent de leurs lances deux Vices à terre.
Notre-Dame-du-Port, Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
Le combat de la Charité et de l'Avarice bouclier contre bouclier. A leurs pieds le pot à anses d'Avarice. A gauche un soldat, mentonnière fermée, porte un écritoire relatant la lutte du démon contre les vertus.
Notre-Dame-du-Port, Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
Les peintres ont également abordé le thème. Ainsi à l’intrados de la baie d’accès à la nef, de l’église Saint-Martin de Nohant-Vic, Indre, des Vertus armées transpercent des Vices de leur lance.
Un chevalier vêtu de sa cotte de mailles est désarçonné de sa monture par deux démons : le superbe renversé peut-être vu comme une évocation du châtiment d'orgueil.
En effet, dans l'iconographie romane des vices, l'homme à cheval représente l'orgueil.
Détail du tympan de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques, Aveyron.
☞ Images de l'archange Michel
Dans les visions grandioses de Jean l'archange Michel terrasse le dragon qui est une représentation de Satan, et l'expulse du Paradis. Apocalypse 12.7-10 " Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel... Et j'entendis dans le ciel une voix forte qui disait: Maintenant le salut est arrivé, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l'autorité de son Christ; car il a été précipité, l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit."
L'inscription précise : FACTVM EST PROELIVM IN CAELO MICHAEL PROELIABATVR CVM DRACONE
(Il y eut un combat dans le ciel, Michel combattait avec le dragon)
Le contraste est saisissant entre l'archange et le dragon. Michel, auréolé, le visage impassible, les ailes largement déployées, un écu dans la main gauche, marche sur le dragon et, de sa lance, lui transperce la tête. Sous l'effet de la douleur, le corps du dragon se tord en quatre endroits sur lui-même.
Eglise Saint-Michel d'Entraygues, Charente.
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Un bas-relief de la façade représente l'archange Michel portant un écu et terrassant le dragon avec sa lance lequel tient une tête d'homme entre ses pattes.
Eglise Saint-Pierre, Chail, Deux-Sèvres.
On reconnaît saint Michel tenant un bouclier dans sa main gauche et transperçant le dragon de sa lance.
L'autre ange tient une croix dans sa main droite et sa main gauche couverte d'un linge tient un flacon précieux. Certains pensent qu'il s'agit de saint Raphaël, l'archange guérisseur (son nom signifie "Dieu a guéri") qui accompagne le jeune Tobie dans son périple.
Eglise de Villognon, Charente.
Ici saint Michel, figuré en homme d'armes, tenant un bouclier dans sa main gauche, lutte contre le dragon avec son épée.
Eglise de Montceaux-l'Etoile, Saône-et-Loire.
A gauche de la frise : un saint Michel avec un très grand bouclier oblong, un Christ Pantocrator debout accompagné de saint Pierre avec sa clef.
Abbaye San Salvador de Leyre, Navarre.
L'affrontement du démon et de l'archange saint Michel tenant les fléaux de la balance de pesée des âmes.
Collégiale Santa Juliana de Santillana del Mar, Cantabrie, Espagne.
☞Varia
Saint-Georges combattant le dragon. Il combat à pied protégé par un grand bouclier oblong.
Eglise Saint-Nicolas de Civray, Vienne.
Tympan à composition scénique complexe. Un cavalier sur sa monture, armé d'une lance pourrait être saint Georges ( ? ). En face un évêque coiffé de sa mitre et tenant sa crosse et un second personnage vêtu d'un vêtement long. En haut, entre l'évêque et le cavalier, apparaît le buste d'un personnage ailé, et tenant une sorte de lance. A droite sont figurés un grand oiseau et l'Agnus Dei tenant une croix de procession.
Eglise Saint-Georges, Le Heaume, Val d'Oise.
Le combat de David et de Goliath représenté à l'image des hommes d'armes du XIIe siècle.
Basilique Sainte Marie-Madeleine, Vézelay, Yonne.
Deux cavaliers portant casque et écu, penchés sur l'encolure de leur cheval, s'élancent pour combattre des monstres ou des animaux fabuleux.
Eglise de Champniers, Charente.
Plan rapproché sur un des cavaliers. Le dynamisme de la mises en scène mérite d'être relevée.
Eglise de Champniers, Charente.
Plan rapproché sur les soldats que surplombe Une tête monstrueuse vomissant des serpents. surplombe des personnages armés.
Les êtres monstrueux ne peuvent que jouer le même rôle terrorisant auprès des fidèles.
Eglise de Nuaillé-sur-Boutonne, Charente-Maritime.
Chapiteau du cloître dit de la Fidélité représentée par le chien entre le chevalier et sa dame levant tous deux la main.
Collégiale Santa Juliana de Santillana del Mar, Cantabrie, Espagne.
Chapiteau du cloître : Ange et homme d'armes à pied luttant avec un dragon.
Collégiale Santa Juliana de Santillana del Mar, Cantabrie, Espagne.
Chapiteau du cloître : La lutte du Bien et du Mal représentée par un ange et un chevalier combattant un animal fabuleux.
Collégiale Santa Juliana de Santillana del Mar, Cantabrie, Espagne.
Combat d'un homme contre un monstre sur la corbeille et animaux sur un corbeau soutenant le tympan.
Eglise d'Olite, Navarre, Espagne.
Tympan représentant " la bataille de Clavijo", sur le mur Ouest du bras Sud du transept.
Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle.
Sous des figures d'anges dans de petits arcs est représenté l'Apôtre Jacques " matamore " à cheval portant épée et étendard.
Le saint apôtre pêcheur se double d’un preux chevalier venant au secours des armées chrétiennes. Il apparaît dans le ciel, monté sur un cheval blanc, armé d’une épée et déployant un grand étendard. Une chronique espagnole du XIe siècle (Historia Silense) place cette première apparition au IXe siècle, lors de la bataille de Clavijo près de Logrono, engagée pour mettre fin à l’envoi annuel de 100 jeunes filles aux harems de Cordoue. Saint Jacques promet au roi Ramire de lui assurer la victoire.
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